Le mercato est beaucoup plus important que l’entraineur

Publié le 28 mai 2013 par Passionacmilan

Alors à laquelle j’écris, on ne connait toujours pas le nom de l’entraineur de l’AC Milan. Un jour c’est Allegri, le lendemain c’est Seedorf, puis de nouveau Allegri… Contrairement à ce qu’écrit la presse, la situation n’a pas changé : Allegri veut un nouveau contrat, une confiance totale et quelques joueurs, que Berlusconi ne semble pas disposé à lui accorder. Chacun essaye de tirer son épingle du jeu, Allegri en refusant de démissionner afin de percevoir des indemnités, Berlusconi temporise en sachant que la Roma est pressée : si Allegri signe, adieu les indemnités.

Mais en ce jour historique pour l’AC Milan (10ème anniversaire de la 6° Champions League remportée en finale face à la Juventus après avoir éliminé l’Inter en demi-finale), jetons un petit coup d’oeil sur l’histoire des entraineurs de ces 27 dernières années. Depuis que Berlusconi a acheté l’AC Milan, 10 personnes ont occupé le poste d’entraineur (on est très loin du record de Zamparini ou encore Moratti) : Liedholm, Sacchi, Capello, Tabarez, Zaccheroni, Cesare Maldini, Terim, Ancelotti, Leonardo et Allegri.

De ces 10 entraineurs, 9 ont été choisis directement par la société car Liedholm était entraineur au moment de l’achat. Comme il n’incarnait pas le style du nouveau Milan et que Berlusconi voulait immédiatement marqué son empreinte, il a gentiment été remercié, avec tout le respect du à un monument de l’histoire de l’AC Milan. Si on poursuit l’histoire, on passe à 8 entraineurs car Cesare Maldini n’est resté que quelques mois, appelé à remplacer Zaccheroni. On retiendra tout de même son court passage grâce au 0-6 historique refilé à l’Inter.

De 8, on passe même à 6 entraineurs qu’on peut réellement compter, si on enlève Tabarez et Terim qui ne sont restés que quelques mois. Et enfin, on descend même à 5 car en réalité, Leonardo n’est pas un entraineur. Il a juste servi de transition entre ce qui devait être deux cycles. Nous sommes donc à 5 entraineurs (Sacchi, Capello, Zaccheroni, Ancelotti et Allegri) qui, malgré leurs énormes différences en terme de personnalité et de style, ont quelque chose en commun : le fait d’être resté plusieurs années sur le banc de Milan et d’avoir réussi à gagné un titre dès leur première saison (Scudetto pour 4, Champions League pour Carletto). Ce sont des entraineurs sur lesquels Milan comptait pour ouvrir un cycle.

On peut tirer une conclusion de cette histoire : quand l’AC Milan décide de lancer un cycle, ou du moins de viser le Scudetto, le club construit une équipe compétitive et choisit un entraineur adéquat. Si au contraire le club s’accorde une « pause » ou plutôt une transition, ils choisissent une personne à sacrifier (pour une raison ou une autre). Moi je suis d’avis qu’un entraineur est important pour guider l’équipe mais son influence reste très relative par rapport aux joueurs. Heureusement je ne suis pas le seul (sinon il y aurait de quoi se poser des questions), avec deux exemples illustres : Capello « Dans une équipe, l’entraineur est important mais ne peut pas faire des miracles. Il n’influence pas le résultat pour plus de 25% » ou encore Fabio Cannavaro « Sur les entraineurs, j’ai mon idée, je pense qu’ils comptent pour 15% ou 20%. Ils doivent surtout être bons à gérer le vestiaire et les moments difficiles. Après, ce sont les joueurs qui entrent sur le terrain » Les entraineurs qui font vraiment la différence se comptent sur les doigts de la main. Bien évidemment, il est certainement possible de trouver des professionnels qui pensent le contraire, chaque avis étant respectable et le débat reste ouvert.

Indépendamment de l’importance de l’entraineur dans une équipe, le choix de celui-ci est important pour comprendre les ambitions du club. Va-t-on être compétitif au plus haut niveau ou vivre une autre saison de transition? Une partie de réponse arrivera du choix de l’entraineur. Il y a une différence entre un entraineur choisi par Galliani avec l’aval du président ou le choix de Berlusconi en personne. Dans ce second cas, le président doit forcément prendre ses responsabilités. Mieux vaut alors qu’il choisisse lui-même l’entraineur, que ce soit Seedorf ou quelqu’un d’autre mais le feeling entre Berlusconi et Seedorf n’est pas nouveau.

Le président voit en Clarence la classe, l’intelligence et le charisme nécessaire pour redorer le blason de Milan dans le monde. Seedorf est un personnage mondialement connu, une icône… Nul doute sur les qualités du Professore, lui qui connait parfaitement Milan après y avoir vécu 10 ans, lui qui est un compétiteur insatiable dans l’âme et a une intelligence tactique qui fait de lui « un entraineur sur le terrain ». Est-ce que cela peut suffire? Malheureusement Seedorf n’a aucune expérience en tant qu’entraineur. Il faut savoir gérer toutes les personnalités et caractères qui forment le groupe, gérer les rapport avec la presse, gérer la pression de la fonction, surtout dans un si grand club… bref l’expérience est très importante pour un entraineur et Seedorf aura besoin de temps pour s’en forger, ce qui va à l’encontre du désir d’être compétitif tout de suite…

Le plus important sera de voir quel mercato réalisera Milan car c’est avant-tout de la qualité de l’effectif que dépendra le potentiel du groupe. Si l’objectif est de Scudetto 2014, la société devra obligatoirement renforcer l’équipe, en vendant les joueurs qui ne sont pas utiles au projet et / ou qui ont fortement déçu afin d’investir, idéalement sur un défenseur central, deux excellents milieux de terrain et un attaquant externe droit. C’est la seule solution pour espérer voir une équipe compétitive, au moins en Italie. Dans le cas contraire, peu importe qui sera l’entraineur de Milan la saison prochaine, les résultats et le jeu ne seront pas meilleurs que ceux de cette année.