Harlem Désir: l'affaire Tapie est une «affaire d'État d'une extrême gravité»

Publié le 01 juin 2013 par Letombe

Vendredi 31 mai, Harlem Désir, Premier secrétaire du Parti socialiste, s'est exprimé dans le quotidien Libération au sujet de l'affaire Tapie-Lagarde, qui secoue la France depuis plus d'une semaine.

Harlem Désir a salué la décision des socialistes d'avoir saisi la Cour de justice de la République. Il a souligné que ce type d'affaires, reflète une pratique bien douteuse du pouvoir, rejetée par les Français lorsqu'ils ont voté pour François Hollande en mai 2012:

Les Français ont rejeté le sarkozysme justement à cause de telles pratiques. Ils ont refusé que l'appareil d'État soit mis au service d'intérêts particuliers. (...) Le changement de majorité apporte aussi un changement dans les pratiques. Le temps des amitiés vénales est terminé.

Estimant que cette affaire est d'une «extrême gravité», le Premier secrétaire a rappelé les raisons justifiant l'enquête de la justice, et les nombreuses questions que soulèvent l'arbitrage privé dont a bénéficié Bernard Tapie:

  • Le recours à un arbitrage privé, alors qu'étaient en jeu des fonds publics
  • Pourquoi avoir eu recours à cet arbitrage privé, alors que les services de Bercy y étaient hostiles?
  • Qui a choisi la composition de ce tribunal?

Face à cela, Harlem Désir approuve le choix de l'État de se porter partie civile, puisqu'il s'agit là de défendre ses intérêts patrimoniaux:

Quand des fonds publics sont en jeu, il ne devrait pas être possible de recourir à un arbitrage privé. Ce doit être à la justice publique de trancher.

De plus, la question du rôle joué par Nicolas Sarkozy est un élément central dans cette affaire compte tenu du soutien politique que Bernard Tapie lui a apporté lors de son élection en 2007. Pour Harlem Désir, le premier responsable de cet arbitrage privé, mettant en cause deux anciens ministres de l'Économie et des Finances de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo, est Nicolas Sarkozy lui-même.

La décision de passer par un arbitrage privé n'a pas pu être prise sans, a minima, que Nicolas Sarkozu ait été mis à l'époque au courant ou bien ait pu donner son aval. Il aurait tout de même été très facile de l'empêcher.

Rappelons les faits. En 2008, un arbitrage privé entre le CDR, ancien Crédit Lyonnais, et le groupe Bernard Tapie avait permis à ce dernier de toucher 403 millions d'euros.

>> Relire le communiqué de presse de Marie-Pierre de la Gontrie : «Affaire Tapie: une décision indispensable à la préservation des intérêts de l'État»