LES DOUZE de Justin Cronin

Par Phooka @Phooka_Book


Editions Robert Laffont727 pages23 euros

Résumé :

De nos jours. Alors que le fléau déclenché par l'homme se déchaîne, trois étrangers naviguent au milieu du chaos. Lila, enceinte, est à ce point bouleversée par la propagation de la violence et de l'épidémie qu'elle continue de préparer l'arrivée de son enfant comme si de rien n'était, dans un monde dévasté. Kittridge, surnommé « Ultime combat à Denver » pour sa bravoure, est obligé de fuir pour échapper aux mutants viruls, armé mais seul et conscient qu'un plein d'essence ne le mènera pas bien loin. April, une adolescente à la volonté farouche, lutte, dans un paysage de ruines et de désolation, pour protéger son petit frère. Tous trois apprendront bientôt qu'ils n'ont pas été totalement abandonnés et que l'espoir demeure, même au cœur de la plus sombre des nuits.

Cent ans plus tard. Amy et les siens - les héros du premier volet de la trilogie, qui se battaient dans Le Passage pour le salut de l'humanité - ignorent que les règles du jeu ont changé. L'ennemi a évolué. Les douze vampires modernes à l?origine de la prolifération des viruls ont donné naissance à un nouveau pouvoir occulte, incarné par le maléfique Horace Guilder, avec une vision de l'avenir infiniment plus effrayante encore. Si les Douze viennent à tomber, l'un de ceux qui se sont ligués pour les vaincre devra le payer de sa vie.

L'avis de Dup :


Quel plaisir de lecture encore une fois, sincèrement, ne vous arrêtez pas sur l'aspect intimidant de la taille de ces livres. Avec Le Passage Justin Cronin nous révélait d'abord la situation apocalyptique du continent nord-américain, puis enfin les causes. Dans Les Douze, il nous entraîne à nouveau, cinq ans après V, puis cent ans après V. V comme Virus, V comme Vampire, V comme Viruls puisque c'est ainsi qu'on a appelé ces humains transformés en vampire à cause d'un virus...

On va suivre ainsi les différents types d'organisations qui s'installent dans le pays concernant les habitants indemnes. Caricatures de démocratie avec sa parodie de la bureaucratie, sa lutte de pouvoir et d'influences, satyre du pouvoir militaire et de sa hiérarchie. Mais aussi, ce qui m'a le plus marqué, la résurgence de sortes de camps de concentration, comme lors de la seconde guerre mondiale. L'histoire avec un grand H qui se répète avec une facilité déconcertante. Oui, c'est de la science-fiction et pourtant, les explications de cette dérive sont tellement bien amenées...Suivre également les Douze, ces monstres originels, "génétiquement modifiés" par l'armée américaine et qui sont maintenant dans la nature. C'étaient douze condamnés à mort pour meurtre(s). Et si parmi ces douze se trouvait ne serait-ce qu'un innocent ? Ils se sont chacun constitué une armée, on parle même d'essaim, car ils fonctionnent tous de la même manière. Des millions de viruls vivent et obéissent à la voix de son douzième qui résonne dans leur crâne.Mais aussi, quelques cas à part, des contaminés qui apparemment sont résistants. Ils ne se sont pas transformés immédiatement en viruls...Et toujours, comme une sorte de fil rouge, Amy. Cet étrange personnage de plus de cent ans qui paraît toujours une jeune adolescente  d'à peine quatorze ans. Elle semble poursuivre une mission quasi divine, mais quelle est la place de Dieu dans ce chaos ?Il y a cent ans, l'humanité a failli s'autodétruire. Il serait facile de penser que Dieu ne nous aime pas beaucoup. Ou qu'il n'y a pas de Dieu, que rien n'a de sens et que nous pourrions tout aussi bien laisser tomber, jeter l'éponge. Merci, planète Terre, ravis de t'avoir connue. Mais ça, Peter cela ne vous ressemble pas. Traquer les Douze n'est pas une réponse, c'est une question : [...] Qu'est-ce-que Dieu attendrait de moi, s'il y avait un Dieu ? Croire, au fond, c'est vouloir poser des questions, contre toute raison. Avoir la foi, pas seulement en Dieu, mais en nous tous.J'ai beaucoup aimé cette lecture. Le sentiment le plus fort que je ressors de ma nouvelle immersion dans ce monde post-apocalyptique est la puissance de l'écriture de l'auteur. Sans être un page turner à la mode thriller, l'impact de l'écriture de Justin Cronin donne l'impression de suivre un bulldozer. On suit un rouleau-compresseur qui avance à un bon rythme, écrase tout, et nous, derrière on ne peut que suivre et constater les dégâts. On ne peut que fonder des espoirs énormes sur les personnages que l'on côtoie, que l'on admire, que l'on plaint. On ne peut pas, non, à aucun moment, s'en détacher, ignorer leur sort. L'auteur nous ligote par ses intrigues bien menées qu'il nous faut absolument comprendre.C'est assez spécial comme impression. Car à aucun moment je n'ai développé de véritable empathie pour un personnage précis. D'autant que pour beaucoup, on les suit pour les abandonner. Cent ans après, on retrouve leurs descendants, on apprend de façon indirecte donc la suite ou la fin de leur aventure. On est détaché, mais on veut savoir. Avec un talent exceptionnel, Justin Cronin nous entraîne et les 700 pages défilent toutes seules. Et même s'il nous refait un mille-feuilles pour son tome 3 prévu en 2014, je serai au rendez-vous. Même pas peur !