Le peintre Marin-Marie, du bleu dans les yeux

Par Artetvia

Né en 1901, mort en 1987, il est peintre, il a consacré sa vie à la mer, ses gens et ses bateaux. Il signe Marin-Marie.

Charcot dans la hune du Pourquoi pas ? (si, si !)

Avant tout, Marin-Marie est un homme de mer : de son service militaire effectué sous les ordres de Charcot sur le Pourquoi Pas ? aux nombreuses navigations en solitaire, en passant par les voyages en Polynésie Française ou au Groenland, Marin-Marie est attiré, envoûté même par la mer. Il va en vivre des moments magiques – sa traversée de l’Atlantique en solitaire en 1933, dramatiques – il est directement témoin de l’attaque de la marine française à Mers-el-Kébir ou plus cocasses : en juin 1939, à la tête d’une bande de pêcheurs de Chausey (île qu’il habita pendant de nombreuses années), il a occupé l’archipel des Minquiers pour y affirmer la souveraineté française aux dépends de la couronne britannique, acte plein de panache, réitéré d’ailleurs par Jean Raspail et ses potes en 1984 et 1998. Cela donne une petite idée du caractère du personnage : on est loin de l’artiste gnan-gnan rêvassant dans son atelier ou sur sa cale de port – on peut être artiste et homme d’action !

Docteur en droit, il va préférer la mer et la peinture. Et la mer va lui servir d’inépuisable source d’inspiration.

Bateau pilote du Havre

Nommé officiellement Peintre de la Marine en 1935 (c’est un titre officiel toujours accordé à une poignée d’artistes par le Ministère de la Défense – rassurez-vous vos impôts ne les paient pas, ils ont juste le droit de porter un uniforme et d’apposer une ancre après leur signature), il va utiliser tout au long de sa carrière une quantité impressionnante de techniques picturales : huile, gouache, aquarelle, dessin. Il a néanmoins une prédilection pour les techniques permettant des lumières pastel et humides. Les couleurs sont toujours nimbées de brumes, les mers rarement déchaînées, les paysages parfois grandioses (Gibraltar, Mers-el-Kébir…). Marin-Marie est un peintre de marine plutôt qu’un peintre de mer : il est davantage intéressé par la confrontation des embarcations à la nature qu’aux seuls éléments. La ligne élégante des navires à voile ou des paquebots, le reflet d’un thonier sur une mer d’huile, la mature et la membrure d’un trois-mâts craquant sous le vent, les voiles gonflées par la brise… voilà, ce qui retient son attention. Sa passion pour la marine l’a même amené à être ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un « designer » en redessinant les cheminées du Normandie, leur donnant une forme en goutte d’eau, et surtout en ajoutant une cheminée factice pour l’équilibre visuel du célèbre paquebot.

Je vous invite à admirer tranquillement les œuvres de ce peintre, encore trop méconnu en-dehors du cercle restreint des passionnés de la mer.

Mais maintenant, place aux images. Le choix a été rude, tant l’oeuvre est riche et de qualité !

Le Richelieu devant Gibraltar

Bisquines

Port de Cascaes

Madeleine II

Le Boulonnais

Pour les fans de bibliographie, l’ouvrage le plus intéressant est la rétrospective consacré à Marin-Marie par Yves de Saint-Front, son propre fils, parue en 2003. Romane Petroff, écrivain dinannais, a également consacré plusieurs ouvrages au maître, notamment une édition d’une centaine de reproductions d’œuvres de Marin-Marie, en édition de luxe. Pour les collectionneurs (fortunés), ses œuvres apparaissent de temps en temps dans les ventes, mais à des prix plutôt élevés.