The Elephant Man renvoie dans l'imaginaire collectif au film de David Lynch de 1980. Dans l'imaginaire de Denis Van P. aussi, le film de Lynch tient une place importante, liée aux réminiscences marquantes de l'enfance. Il le voit à douze ans à la télé et est directement touché par ce personnage hors du commun. Il se jette alors sur la biographie de Joseph Carey Merrick écrite par Michael Howell et Peter Ford et se passionne pour le sujet. Plus de vingt ans plus tard, Denis Van P., fraîchement diplômé, se souvient de ses premières amours: la bande dessinée. Il retrouve le crayon qu'il avait délaissé durant ses années d'études et se reprend à rêver à une carrière de phylactères. Parallèlement à une carrière plus sérieuse, s'entend. Une carrière dans le monde de la finance, en fait.
Pendant deux ans, il consacre ses soirées et ses weekends à l'élaboration de sa première bande-dessinée. Le sujet s'impose assez vite. Denis Van P. veut commencer par un one shot, une histoire bouclée en un album. Ce sera celle de Joseph Carey Merrick, aka Elephant Man. A sa propre sauce : "Même si le film m'avait beaucoup marqué, je n'avais pas envie de faire du David Lynch, de montrer le monstre de foire, mais bien l'être humain souffrant d'une maladie (...) Ce qui m'intriguait surtout c'était la partie sur son enfance, et la dégringolade de l'homme."
C'est aussi un dessin de la veine Spirou que l'on retrouvera dans son prochain projet, là aussi au service d'une histoire noire de thriller dans le milieu de la finance, également doublée d'une étude familiale. Mais nuance : "s'il y a toujours des distorsions dans le dessin, les gros nez disparaissent au profit d'un affinement des traits, tout en restant dans l'esprit Ecole de Marcinelles, vers qui ma sympathie artistique va depuis toujours parce que je ne vois pas l'intérêt de recopier la réalité telle quelle."
Pas besoin de réalisme pour fabriquer de l'émotion. Et Denis Van P. s'en sort plus que bien dans ce partage de souffrance. Malgré le trait "humoristique", il parvient à créer une forte empathie avec ce rebus de la société. On regrettera simplement l'entrée dans le récit par récit interposé d'un Treves vieilli et pétri de souvenirs qui se confie à un interlocuteur mécontent de son physique. Trop facile. Trop gratuit.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site de Sandawé.
Dessin : Denis Van P. - Scénario: Denis Van P. & Serge Perrotin
Editions Sandawé
Sortie : 22/05/2013
72 pages
Prix : 16,95 €
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