Enchantée Venise

Publié le 18 juin 2013 par Janosizoltan

Piazza San Marco – Panorama – Toile

C’était une magnifique surprise. Je ne l’ai su que la veille du départ. Ma chère et tendre avait pourtant bien résisté jusque là. Puis, finalement, elle me dévoila les billets d’avion. Venise! Oui oui! On part à Venise! J’étais tout sourire. Cette ville, je ne la connais pas bien. Pas assez. J’y suis allé avec mes parents en 1986, avec un souvenir de canaux, gondoles et cette extraordinaire place Saint Marc (je ne sais trop pourquoi on dit “saint mar” “, alors qu’il y a bien un “c” à la fin, mais soit). Les deux sonneurs de cloches fonctionnent toujours.

En 2002, je m’y arrêtais à nouveau, en train cette fois. Découvrir la presqu’île au son du tchouk tchouk, en se demandant comment la locomotive allait traverser cette barrière de vagues, oui cela m’a impressionné. Bienvenuto a Venezia! Sa magie, son décors, ses musées et son eau.

(Je vous fais grâce du voyage Ryanair avec mexican applause à l’atterrissage…)

La diva organisatrice

Elle avait tout prévu. Les places déjà réservées dans le bus-navette au départ de Venezia-Treviso, et la jolie chambre d’hôtel dans le sud de l’île du Lido (aucune danseuse ici). Nous étions fin prêts pour profiter au maximum de ces 3 jours sur place.

Venise, ce sont des Transports partout.

Les Vaporetto, sorte de bus-bateaux, nous transportent entre chaque île, même la nuit. Pour rentrer à l’hôtel, on prenait le 5.1 près de San Marco vers son terminus, le Lido. Facile.

Puis, sur cette même île qui accueille les stars du cinéma lors de la Mostra au mois d’août, les bus sont légions. Un toute les dix minutes. A midi ou a minuit. Et même une fréquence plus élevée le dimanche. Le rêve! Quant au vélo, il permet de superbes balades depuis la réserve naturelle dans le sud où nous logions, jusqu’aux plages de sable fin qui embrassent la mer Adriatique, sur toute la côte Est et Nord de l’île du Lido.

Mer Adriatique

Quand on débarque à 23h30 à Venise, et qu’on ne connaît pas le fonctionnement des Vaporetto, ni leur emplacement, cela provoque quelques remous chez le touriste habitué à une signalisation claire. Ici, aucun panneau à la gare des bus. Juste quelques personnes qu’on a suivi, au pas de course, pour dénicher le bon bateau. Une entrée en matière un peu chaotique!

Venise, c’est de l’Eau partout.

On déconseille la nage dans les canaux. Les gondoles sont ultra présentes partout. Celles pour touristes évidemment (8€ par personne pour une visite d’une heure). Mais aussi, plus insolites, les gondoles de transport marchandises. Il faut bien ravitailler la population locale et les restaurateurs d’une façon ou d’une autre.

Gondoles pour touriste

Gondoles marchandise et bateaux privés

Une eau pour le transport, le gros transport. Les bâtiments de croisière ne sont pas du tout discrets et, à leur arrivée, ils réduisent les Vaporetto à l’état de micro-insectes. Une pétition dénonçant les nuisances provoquées par ces énormes navires est d’ailleurs en cours. David vs Goliath probablement.

No Grandi Navi

La photo suivante en dit long sur l’entrée d’un géant des mers dans la péninsule. Depuis la rue, cela ressemble furieusement à Godzilla… Imaginez cela une à deux fois par jour. Tous les jours…

Navire débarquant à Venise…

La ville de Venise se visite donc à pied. Définitivement.

Venise, c’est l’Art partout.

Entre les dizaines de petits ponts qui enjambent l’eau omniprésente dans la ville, se voient s’élever sur deux, trois, parfois quatre étages, des bâtiments d’un autre âge. La finesse architecturale des églises, les influences mauresque, ottomane ou plus récentes avec des jardins à la française droits et propres dévoilant une statue bordée de petites fontaines par ci, un parterre de fleurs par là. Tout pour le plaisir du promeneur du dimanche, en général, des pensionnés qui redécouvrent les joies d’une nature ordonnée (ça sonne faux hein?) avec Fifi le caniche dans les bras. Evidemment.

Tous les bâtiments qui côtoient la place San Marco rivalisent de beauté. La Basilique San Marco, le Palais des Doges, la Torre dell’Orologio, la Tour du Campanile avec sa vue exceptionnelle sur toute la ville. Immense et très séduisant. [UPDATE: Le Campanile vient d'être fermé par les autorités italiennes, suite à des chutes de pierre. J'imagine la frustration des visiteurs sur place actuellement...]

Piazza San Marco

A vrai dire, cette ville est un musée à ciel ouvert. Je n’ose pas calculer le nombre de kilomètres parcourus à pied. D’une ruelle à une autre, d’un bord de quai vers un autre canal, d’une place gigantesque vers un clos perdu et silencieux, tout est là pour distraire, calmer et abandonner le visiteur dans ce décors labyrinthique.  (Oui, visiteur. On n’est plus touristes dans cet esprit-là).

Un esprit qui perd la boule d’ailleurs. Le sublime nous fait réfléchir au sens. Or, cette désorientation provoquée, voulue, – on perçoit l’autoflagellation par moment – nous oblige à trouver un sens. Être forcé à définir un message. Décoder ce parchemin dans lequel on se promène. Vivre l’instant et croire qu’on peut comprendre. On perçoit l’intimité de Venise. On ne fixe plus nos yeux sur un parterre de pierre. On les ferme et on cherche à comprendre la dalle sur laquelle nous marchons. Rien n’en sortira. Du moins, pas tout de suite. La magie de Venise rend cet esprit possible. Cette fuite des sens à laquelle il nous est demandé de répondre. Et tous les deux ans, le visiteur est invité à se ressourcer. A Venise. Lors de sa Biennale. Des centaines d’artistes exposent leurs projets, leurs questionnements, et parfois, leurs réponses aussi.

Should Artists Question Their Commissioners?

Ai Weiwei – http://fr.wikipedia.org/wiki/Ai_Weiwei

Yoko Ono, Ai Weiwei, parmi tant d’autres. Cette Biennale 2013 est magique. Ces pavillons représentants plusieurs dizaines de pays sont dispersés dans toute la ville. La Belgique, la Chine, l’Azerbaïdjan, … ils y sont tous. Même la Palestine. Portant l’humour vers le cynisme provocateur.

Palestine Pavilion Otherwise Occupied.

ou les Anonymous Stateless Immigrants…

Anonymous Stateless Immigrants Pavilion

Curieusement, on rencontre l’œuvre, pas l’artiste. Un comble, non? … pas tout à fait. Venise dégage une telle effervescence lors de cet événement mythique que tout le monde tend à se mettre dans la peau de l’artiste. Tout le monde devient Artiste.

There Are Artists that don’t realise They Are Artists.

Et si vous n’y arrivez pas, prenez un masque. Vous deviendrez l’acteur de cette comédie. Le temps d’un carnaval par exemple.

Masque

Venise, c’est la Mode partout.

Versace & Prada

Gucci, Prada, Versace,… toutes ces enseignes rivalisent de simplicité. Un nom en haut de la porte suffit pour attirer l’attention. Les grandes marques du stylisme italien et international s’offrent aux passants, dans une opération lèche-vitrine rondement menée. Le raffinement est tel que ces société-là n’ont pas besoin de logos. Un nom, une police de caractère bien ancrée, et des prix hallucinants. Le catwalk se fera à Milan.

Les contrastes peuvent être saisissants parfois. Adossé à la façade de Gucci, un vendeur de contre-façons propose des faux sacs Gucci. Là où y a pas de gêne…

Gucci vs Gutchi

Venise, c’est la Jet Set partout.

Rien que sur l’île du Lido, trois célèbres hôtels représentent une bonne partie du cinéma italien. A son âge d’or. L’Excelsior (rien à voir avec le café à Jette…), le Grande Albergo Ausonia & Hungaria et l’Hôtel des Bains (Décors pour le Meurtre à Venise de Thomas Mann). Rien que de s’imaginer le nombre de stars qui ont pu passer par ici depuis 80 ans…

L’Excelsior

Grande Albergo Ausonia & Hungaria

Hôtel des Bains

On a tout de même voulu tester le célèbre café Florian sur la Place San Marco… le petit espresso à 6 €, gloups. Mais rajoutez à cela 6 € en plus pour la “musique” en terrasse. Pour 24 €, on a, l’espace d’un instant, senti le vrai pigeon en nous. A côté, le couple d’espagnol débouchait leur deuxième prosecco. Il y a des choses qui ne trompent pas

le café Florian, le plus cher de la place Saint-Marc…

Venise, c’est la Surprise, partout (même sur une pizza).

Tout y est raffiné, c’est un fait. Une ville propre, agréable même sous la pluie (on a eu droit à de l’orage pendant une heure), une ville où les gens se disent bonjour et se parlent dans le bus. Dingue, oui je sais

Tout y est élégant. Même les terrasses.

Terrasse San Marco depuis le Campanile

Et je pourrais encore vous parler des pizza et de tous les poissons qu’on a avalés pendant trois jours… un régal.

Succulente pizza…

Oui, Venise est magique, imprévue et très charmante. Je vous presse d’y aller, tant que la mer n’aura pas eu raison de ce paradis artistique.Articles similaires:

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