Une parisienne a bruxelles – caroline graviere

Par Carnetdelecture

Lydie est mariée depuis trois mois avec Alphonse Van Zee, un ingénieur belge. Elle a donc quitté sa ville natale de Paris et sa mère pour s’installer avec son époux dans notre plat pays. Après une lune de miel fabuleuse, le jeune couple se voit contraint d’emménager quelques temps dans la famille d’Alphonse le temps d’un chantier qui le retient sur Bruxelles. Mais l’ambiance est loin d’être idéale et Lydie en vient rapidement à regretter cette cohabitation forcée.

Caroline Gravière (Estelle Crèvecoeur de son vrai nom) nous livre ici un roman léger qui caractérise bien la vie de la bourgeoisie du 19e siècle dans la capitale belge.

L’auteure nous narre le quotidien d’une jeune mariée débarquée à Bruxelles. Contrainte de s’installer chez sa belle-mère et ses filles en raison d’un chantier qui occupe son mari sur place, la jeune parisienne en verra de toutes les couleurs ! Car Madame Van Zee a trois filles qu’elle cherche à marier à tout prix et il se trouve que Lydie, par sa beauté et son érudition, leur fait de l’ombre !

Éloignée de sa mère restée à Paris, Lydie lui écrit une longue lettre et lui raconte son quotidien. La belle-mère qui mène sa maison à la baguette, la décoration surannée mais, surtout, les manigances mises en place pour trouver un mari. On promène et on exhibe les filles, on critique les concurrentes potentielles, on colporte des rumeurs, on s’informe sur les jeunes étalons disponibles, on tient salon et on se montre sous son plus beau jour pour attirer les portefeuilles les plus opulents. Mais de savoir-faire ménager ou culinaire il n’en est point question ! La bourgeoise de 1875 se contente de faire un bon mariage pour ensuite mener ses domestiques à la baguette.

Par le biais de Lydie, l’auteure nous livre une vision moderne de la condition féminine, préconisant l’apprentissage d’un métier et l’accès à la culture pour favoriser l’autonomie de la femme. Pour qu’elle puisse choisir entre travail et mariage et non plus envisager les noces comme un moyen de subsistance. Lydie, par son éducation, son érudition et sa culture, porte haut les revendications féminines que défendait Estelle Crèvecoeur.

En lisant cette longue lettre, on ne peut s’empêcher de penser au conte de Cendrillon, obligée de supporter une marâtre acariâtre et ses filles laides et méchantes.

Une parisienne à Bruxelles est un roman un peu moqueur, qui nous présente le mode de vie du 19e siècle de façon caricaturale mais qui a l’avantage de promouvoir une vision de la femme différente de ce qui se fait à l’époque. Une belle découverte rendue possible grâce aux Editions Onlit Books, que je remercie.

Une parisienne à Bruxelles – Caroline Gravière – Onlit Books – 2013