Brasilia, un demi-siècle de la capitale du Brésil, au siège du Parti Communiste Français (Paris 19)

Publié le 19 juin 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

A travers l’histoire de la construction de la ville de Brasilia, le Parti Communiste Français rend hommage à son architecte, Oscar Niemeyer.

Il s’agit d’une belle exposition pour s’initier à son style d’architecture typique comme à la construction d’une ville entière. L’exposition se déploie ainsi sur toute la surface du bâtiment, s’incorporant harmonieusement au béton brut des murs, aux formes massives des cloisons et des aménagements intérieurs, et à l’impressionnante coupole. Imaginé avec une façade ondulée qui peut faire penser à un drapeau flottant dans le vent et une coupole blanche, typique de ses constructions, le siège du PCF attise la curiosité des visiteurs. L’exposition donne un cadre pertinent et instructif à la découverte du lieu.

Construction et création de la nouvelle capitale

Transférer la capitale du Brésil à l’intérieur du pays était un rêve. En 1892, accompagné de 22 ouvriers Luiz Cruls part en mission vers le Planalto Central pour étudier le terrain et mieux connaitre la population locale. La « Mission Cruls » mène les premières explorations et rédige un rapport technique avec une carte montrant un rectangle et l’inscription « Futur District Fédéral », il s’agit du document connu sous le nom de « Quadrilatère Cruls », première délimitation de la future ville. Les travaux pour la construction de Brasilia commencent en 1956. L’état du Palnalto Central fourmille alors de « candango », ouvriers venus des quatre coins du monde pour la construire la ville. Aujourd’hui, on appelle affectueusement celui qui nait à Brasilia ainsi.

C’est à travers les portraits des photographes qui ont documenté la construction de la ville et fait partie de l’entourage du Président Juscelino Kubitschechek, Jean Manzon, Marcel Gautherot, et Mario Fontenelle que se dessine l’histoire de cette genèse urbanistique.

Jean Manzon est un photographe français, reporter à Paris Soir. Il fuit la seconde guerre mondiale et s’installe à Rio de Janeiro. Directeur de la photographie au département de la Presse et de la Propagande, il a formé avec le journaliste David Nasser, un duo célèbre et polémique de l’histoire de la presse au Brésil. En 1952, il fonde une société cinématographique et il accepte de prendre des photos de Brasilia quand le président  Juscelino Kubitschechek le lui demande (sont présentées les photos du président lors de la construction de Bélem).

Marcel Gautherot est un des plus importants photographes de l’architecture brésilienne, d’origine française, il fait partie de l’équipe d’Oscar Niemeyer. En 1950, il signe un contrat avec la Novacap (la Compagnie d’urbanisation de la nouvelle capitale) pour documenter tout le processus de construction de Brasilia jusqu’à son inauguration. Son travail forme un véritable documentaire, qui est aussi une expérience singulière dans le monde de l’architecture : la construction d’une ville étape par étape. Ses photos sont pleines de vie et de lignes révélant l’idéal architectural et l’effort humain nécessaire à la construction. Il fixe ainsi la construction des bâtiments principaux : la coupole du Sénat Fédéral, ou le Palais du Congrès National.


Mario Fontenelle est originaire du Nord-Est du Brésil. Il est peu instruit mais il est doté d’une grande sensibilité. Il documente la construction de la ville en partant avec l’entourage du président. Mais quand les travaux s’achèvent il tombe dans l’oubli.

Le plan urbanistique de Lucio Costa est choisi parmi 66 projets. Il est accompagné par un texte qui l’explicite, appelé « le rapport du Plan Pilote ». Lucio Costa décrit ainsi sa conception « Un projet original, autochtone et brésilien, dont les sources d’inspiration sont la pureté de la lointaine ville brésilienne de Diamantina, les perspectives de Paris, les pelouses anglaises de mon enfance, les hauts-plateaux de la Chine et les avenues et ponts de New York ». Pour schématiser son plan, il repose sur deux axes qui se croisent en angle droit, comme une croix. L’axe routier qui traverse les zones résidentielles du Plan Pilote a été légèrement incurvé pour donner la forme d’un avion à la croix, ce qui a donné naissance aux ailes sud et nord. Tandis que l’axe monumental long de 16 kilomètres était destiné aux bâtiments officiels et aux monuments. Brasilia est ainsi une ville qu’on peut qualifier de divers adjectifs (qui ne semblent pas exagérés, quand on constate un peu plus loin la maquette de la ville) : monumentale, routière, fonctionnelle, radiale, parc, centrale.

L’art et l’architecture à Brasilia

Les œuvres d’Oscar Niemeyer marquent l’architecture moderne française, comme en témoigne le PCF à Paris, mais aussi l’architecture brésilienne. Influencé par des architectes comme Le Corbusier, Oscar Niemeyer définit une harmonie entre les différents éléments : l’espace, les formes et les volumes. La modernité se lit dans les matériaux (façades vitrées transparentes, lignes épurées, rondeur des formes) qu’il convoque et dans les paysages qu’il dessine. Il dira ainsi « « Ce n’est pas l’angle droit qui m’attire. Ni la ligne droite, dure, inflexible, créée par l’homme. Ce qui m’attire, c’est la courbe libre et sensuelle. La courbe que l’on rencontre dans les montagnes de mon pays, dans le cours sinueux de ses fleuves, dans les nuages au ciel, dans le corps de la femme aimée. Tout l’univers est fait de courbes. L’univers courbe d’Einstein ».

Les premiers bâtiments et monuments de la ville ont été érigés rapidement, c’est comme nous l’avons vu sur les photos précédentes le Palais du Catetinho entièrement en bois, première résidence provisoire du président lors de ses visites à la ville, l’aéroport, ou le barrage du lac Paranoá. Parmi eux, Oscar Neiemeyer signe l’hôtel Brasilia Palace, la Cathédrale, le Palácio da Alvorada, siège de la présidence, le Palácio do Planalto, siège de l’Exécutif, le Suprême Tribunal Fédéral, du Judiciaire, et les bâtiments du Législatif, les monuments les plus célèbres de la ville : le Congrès et le Sénat avec leurs coupoles, respectivement concave et convexe, et le Palais de l’Itamaraty, siège du Ministère des Affaires étrangères. L’architecture de la vie modèle l’image de la ville et les bâtiments imaginés par ces artistes font partie de son identité. C’est aussi ce qui a transformé Brasilia en la capitale de l’expérimentation des arts.
Nous le découvrons ainsi grâce aux photographies de Fabio Colombini qui parvient par des jeux de lumières tranchés, à mettre en valeur les lignes propres à l’architecture de Brasilia et ses nombreux détails. Ses images montrent à quel point les constructions se sont intégrées à l’environnement et elles encadrent justement la maquette gigantesque de la ville de Brasilia actuellement réalisée par Antonio José Pereira de Oliveira.

Et lui faisant écho, on contemple en hauteur, les photos aériennes de João Facó, connu pour mettre en évidence, à travers ses travaux panoramiques, les questions sociales et de préservation environnementale.

Enfin, sont présentés des œuvres d’art que la ville de Brasilia a pu inspirer aux artistes, celles issues de la collection Izolete e Domicio Pereira et les œuvres du peintre parisien Jacques Benoit, qui s’inscrivent dans le mouvement moderne.

Très imprégné de l’architecture de Brasilia. Il a rencontré Oscar Niemeyer en 2004 et ses œuvres ont été choisies pour le cinquantenaire de la ville. Enfin, la série « A Aucência » (l’absence) rend un bel hommage l’architecte, Oscar Niemeyer, qui s’est éteint en décembre 2012.

A voir :
Brasilia, un demi-siècle de la capitale du Brésil,
Hommage à Oscar Niemeyer
Au siège du Parti Communiste Français
2, place du Colonel Fabien
75019 Paris

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