Qui trouve Dallas impitoyable?

Publié le 23 juin 2013 par Francoisjost

Revoir 30 ans après les personnages de "Dallas", c’est un peu comme croiser des amis que l’on avait perdu de vue. On mesure le travail du temps, on scrute l’autre pour se souvenir de son visage ancien, on reconnaît un sourire, une moue familière.

Aussi, lorsque JR nous est apparu samedi dans son fauteuil roulant, muet devant la déclaration d’affection que lui faisait Bobby, on a craint un moment d’avoir perdu ce que nous aimions par-dessus tout dans cet ignoble personnage, sa voix française, celle de Dominique Paturel. Heureusement, nous l’avons retrouvée bien vite quand l’aîné des frères Ewing a repris son vrai visage, celui de l’éternel comploteur.

Des profils psychologiques génétiques

Éternel comploteur, éternel retour. Car c’est bien ce retour éternel du même qui caractérise "Dallas". À l’heure où les séries mettent en scène des personnages complexes, dont le caractère évolue de saison en saison, où un bon père de famille comme Walter de "Breaking Bad" devient un tueur sans état d’âme, ce qui frappe dans "Dallas", c’est cette immobilité des caractères. Le gentil Bobby est toujours gentil ; le méchant, toujours méchant.

Pire : les profils psychologiques se sont transmis d’une génération à l’autre : le fils de Bobby, Christopher, est un industriel idéaliste, alors que celui de JR est sans scrupule. Comme si les caractères étaient génétiques et se transmettaient entiers de père en fils. Quand JR se lève de sa chaise roulante et décide de duper son frère, on respire de retrouver le vrai méchant.

Dallas est l’archétype de ce qu’on a appelé le soap opera. Un récit d’abord fondé sur le dialogue, la plupart du temps dans des décors intérieurs : le ranch, les bureaux de la compagnie Ewing. Manifestement, le genre a évolué au contact des séries d’aujourd’hui qui, elles, sont toutes devenues feuilletonnantes, tournant le dos à la clôture narrative qui était la leur jadis. Dans la version actuelle, les scènes se déroulent plus souvent en extérieur, les comportements sont un peu plus libres (les couples font encore l’amour à moitié habillés, mais on les voit au lit), il y a un peu plus d’action.

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