My Taylor is rich

Publié le 24 juin 2013 par Hongkongfoufou

 Par Oddjob

Dans un précédent article, notre estimé (et estimable) Patron évoquait, non sans émotion (on l’aurait été à moins), la belle Martine Beswick.

Outre ses charmes, elle peut "s’enorgueillir" d’être considérée comme un cas typique de célèbre inconnue. Elle a ainsi été vue à l’écran par des millions de spectateurs dans ses deux prestations bondiennes… et pourtant seule une poignée de fins connaisseurs peut évoquer son patronyme (et pour certains, même, ses mensurations).

Combien d’actrices et d’acteurs dont on récite par cœur la filmographie complète mais dont on est incapable d’épeler correctement le nom. Combien de visages familiers "sans nom", malgré une lecture attentive des génériques (trop souvent tronqués ces derniers temps, même sur les chaînes "publiques", ou ce qu’il en reste !).

Pour autant, nos célèbres inconnus ne peuvent pas être rangés tous dans le même sac, une distinction subtile en trois espèces doit être opérée.

Ainsi, un premier groupe cumule un piètre jeu d’acteur et une disparition prématurée. Un exemple ? Frederick Stafford… De Furia à Bahia pour OSS 117 à L’Etau (Topaz), on ne peut pas dire que cet acteur autrichien, de son vrai nom Friedrich Strobel von Stein, ait marqué les esprits. Sans charme, sans élan, sans classe, sans finesse et véritablement mou (un comble pour cet ancien hockeyeur et nageur de haut niveau), il n’arrivera jamais à croire en ses rôles, à les "habiter". Sa petite carrière d’une dizaine d’années fut stoppée fatalement par un accident d’avion survenu en 1979.

    

Une deuxième catégorie, quant à elle, va marquer les esprits (voire les cœurs…) par deux ou trois chef-d’œuvres, puis s’évaporer : on retiendra les traits, la présence, mais le nom se dissipera. Au hasard ? Joanna Shimkus ! La belle, l’irrésistible inconnue. Qu’elle soit Laetitia dans Les Aventuriers ou Bénédicte dans Ho !, elle est l’incarnation d’une fraîcheur, d’une liberté et d’une grâce toute 60s. De 1966 (Qui êtes-vous, Polly Maggoo ?) à 1968 (La Prisonnière), trois petites années de William Klein à Henri G. Clouzot en passant par Robert Enrico et Joseph Losey, trois années charmantes et mutines, qui ne passeront pas le cap de la décennie suivante. Elle quittera les plateaux pour épouser, en 1976, Sydney Poitier. (Pour les nostalgiques, et les maniaques, ou les deux, nous vous conseillons de vous replonger dans le numéro 34 de LUI d’octobre 1966 : vous y retrouverez la délicieuse Joanna Shimkus, et d’autres belles, au volant d’une Maserati Berlinette. Ou les 24 heures du charme et de la vitesse).

 

Et enfin, la dernière espèce, la plus authentique, celle qui s’est sabordée toute seule, qui a échoué à grimper l’ultime marche de la notoriété. Et pourtant, "il" avait tout pour lui : une gueule, une carrure, une prestance.

En 1960, "il" fut le plus convaincant interprète de Georges dans l’adaptation à l’écran de The Time Machine, du grand George Pal.

 

Trois ans plus tard, dans le rôle de Mitch Brenner, il affrontera les attaques inexpliquées d’oiseaux, tout en succombant aux charmes de Tippi Hedren, dans l’un des meilleurs films de Sir Alfred, The Birds.

 

Enfin, on "le" verra, le béret parfaitement vissé sur le crâne et les guêtres élégamment ajustées aux mollets, incarner le Captain Curry dans The Mercenaries / Dark Of The Sun, de Jack Cardiff, au fin fond de l’enfer vert du Katanga. C’était en 1968… décidemment, la grande année des Katangais !

 

Trois films et trois chefs d’œuvres qui appartiennent au "furyous movies pantheon" !

D’autres auraient pu suivre sans doute s’"il" n’avait pas pris de haut qu’on lui propose d’incarner 007 dans Dr. No ! Hélas pour lui, comme tant d’autres, il n’imaginait pas la destinée cinématographique du meilleur agent de sa Majesté…

Pour seul lot de consolation, il entamera sa complicité avec Cardiff dans The Liquidator, aimable pastiche bondien (jusqu’à la BO signée Lalo Schifrin et interprétée par… Shirley Bassey !), en compagnie d’une future Bond Girl, Jill Ireland.

Las, sa filmographie s’étiolera à partir des 70s, se pliant davantage aux rigueurs du petit écran qu’à la majesté du Cinémascope.

Retenons tout de même sa présence au générique d’un Antonioni, Zabriskie Point, versant hippie du pop Blow Up.

Et enfin, last but least, Tarantino lui confiera la composition de Churchill dans Inglorious Basterds !

Mais, au fait, "lui", c’est Rod Taylor, vous vous en souveniez n’est-ce-pas ?