Belle du Seigneur, Glenio Bonder

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Adapté du roman d’Albert Cohen, Belle du seigneur avait de quoi séduire de par son histoire et son casting. Pourtant, à défaut d’une fresque magistrale, ce film, qui a failli ne pas voir le jour près la mort du réalisateur, a été une magistrale déception pour moi…

Belle du Seigneur, Glenio Bonder

Date de sortie : 19 juin 2013 (1h 44min)

Réalisé par : Glenio Bonder

Avec : Jonathan Rhys Meyers, Natalia Vodianova, Marianne Faithfull

Genre : Drame , Romance

Nationalité : Français , belge , luxembourgeois

Synopsis: 

En 1935-1936, à Genève, le séduisant Solal, qui officie à la SDN (Société des Nations), tente d’obtenir les avances de la belle Ariane, aristocrate protestante et épouse de son subalterne Adrien. Celle-ci ne tarde pas à succomber au charme du jeune homme, mais cette relation passionnelle entraînera les deux amants vers une destinée tragique.

Mon avis:

L’histoire d’une passion destructrice

1936, les actes antisémites se multiplient en Europe après l’accession au pouvoir d’Hitler en 1933 en Allemagne. Solal est un haut dignitaire juif de nationalité française et membre de la Société des nations (l’ancêtre de l’ONU) à Genève. Il se bat en vain devant les autres membres pour alerter l’opinion publique.  Lorsqu’il rencontre Ariane pour la première fois, ce séducteur invétéré ne pense plus qu’à la faire sienne et nourrit à son encontre une passion complètement déraisonnable. Ariane est mariée mais heureusement pour Solal, Adrien est un niais de première qui ne possède pas le charisme et la verve de Solal. Très ( trop) vite, elle succombe au séduisant Solal. Commence alors une relation tortueuse et passionnelle dans laquelle les deux personnages vont finir par se perdre, les démons de Solal ne lui laissant aucun répit.

En effet, Ariane découvre rapidement que son amant est un homme torturé qui, en cette période sombre, cherche désespérément  une identité et sa place dans ce monde en pleine mutation. Derrière cette façade irréprochable de diplomate séducteur se cache un homme aux prises avec ses origines juives et prisonnier des apparences. Autant d’écueils qui vont troubler sa relation avec Ariane, la belle aristocrate protestante un peu rêveuse.

Comment réduire efficacement un pavé de 1000 pages en 1h 44?

Eh bien de toute évidence, on ne peut pas!

Les histoires d’amour torturées, j’adore mais pas les histoires torturées au hachoir. Couper, sélectionner, trancher dans la fresque monumentale d’Albert Cohen était une tâche ardue et malheureusement le résultat est assez décevant. Le film se concentre essentiellement sur le couple Solal- Ariane. Rien de mal à cela me direz-vous. Mais voilà même cette histoire d’amour n’est pas une réussite. Lorsque l’on condense à ce point un récit, c’est forcément la complexité des personnages qui en pâtit et le couple Solal-Ariane en fait les frais.

J’ai eu à de nombreuses reprises beaucoup de mal à suivre ce pauvre Solal qui, on le voit bien, a  un sérieux problème sans que l’on ne parvienne à déterminer avec exactitude lequel. Que cherche-t-il au juste? Trouver sa place dans la société? Affirmer haut et fort ses origines? Un amour qui ne souffrirait jamais de la banalité et de la routine? Ne pas être aimé que pour sa beauté alors qu’il demande à Ariane d’être "parfaite"? … A moins que cela soit tout cela en même temps et en moins de deux heures, c’est chaud quand même…. Après on dit que les femmes sont compliquées!   Une voix-off intervient au début et à la fin du film, elle aurait été utile pour éclairer ma lanterne pendant le film.

Ariane également n’échappe pas à ce flou pas vraiment artistique. En pleine tourmente avec Solal, elle ne trouve rien de mieux que d’inventer une liaison fictive antérieure à sa relation avec Solal. Dans quel but? Aucune idée. Sa confidente lui pose la question. Elle ne répond pas et c’est bien dommage pour nous.

Une accumulation de clichés

Le contexte historique passant complètement à la trappe (en dehors de quelques scènes à la Société des Nations et quelques autres en Allemagne), le film se réduit à une succession de clichés assez lourds qui arrivent à nous faire trouver le temps long malgré  les 1h 44. J’ai eu, pendant une partie du film, l’impression de regarder une publicité pour un office de tourisme italien ou une pub pour des parfums dont est coutumière Natalia Vodianova.

Il doit me manquer le gêne du romantisme mais quand un couple se jette dans les vagues ou dans l’eau à plusieurs reprises en costume et tenue de soirée, je ne pense pas " Z’est beau!" mais plutôt " C’est le troisième costard que cet andouille bousille en une heure" .  De même lorsqu’ Ariane décide de quitter très très brièvement Solal, elle traverse la baie en bateau. Arrivée de l’autre côté, elle regarde par une longue vue ce qu’il est en train de faire et comme elle le trouve hyper sexy alors qu’il fait les vitres ( non, non je ne rigole pas..) revient à la maison comme si de rien n’était. (Ceci dit: soyons franches. Si un type comme Jonathan faisait mes carreaux, je rentrais illico à la maison aussi. Je suis très médisante sur le coup mais le problème c’est que je n’ai pas compris la scène.)

En conclusion, le film était, certes, court en comparaison du roman mais est arrivé malgré tout à m’ennuyer. Un point positif quand même? Oui bien sûr! … On voit le derrière de Jonathan mais c’est tout de même cher payé pour se rincer l’œil dix secondes!