Un festival de couleurs: Emil Nolde au musée Frieder Burda à Baden-Baden

Publié le 26 juin 2013 par Elisabeth1

La grande exposition d’été programmée au Musée Frieder Burda du
15 juin au 13 octobre 2013 est intitulée
« Emil Nolde. La splendeur des couleurs ».
C’est la première fois depuis de nombreuses années qu’un événement de cette ampleur est dédié à Nolde en Allemagne du Sud. On y voit cinquante-huit toiles et vingt-deux aquarelles provenant de toute la période créatrice de l’artiste. L’exposition est organisée en coopération avec la Fondation Nolde-Seebüll et placée sous le commissariat de Manfred Reuther, ex-directeur de la Fondation.

Emil Nolde Grosser Mohn (rot,rot, rot) 1942 Oilfarben auf Leinwand 73.5 X 89.5 et Manfred Reuther

Emil Nolde (1867-1956) compte parmi les peintres majeurs de l’expressionnisme allemand. Les thèmes essentiels de son univers artistique sont présentés dans le cadre d’une rétrospective de grande ampleur qui montre outre des paysages, des représentations de personnages et des portraits ainsi que des motifs religieux et des impressions rapportées de son voyage dans les mers du Sud. Des toiles aux couleurs énergiques nous révèlent toute la diversité du monde imaginaire d’Emil Nolde avec, en arrière-plan de cette diversité, une constante : la force émotionnelle de la couleur.

Manfred Reuther : « Dès ses débuts, l’évolution artistique de Nolde s’est confondue avec la recherche de la couleur, son véritable moyen d’expression, maîtrisé avec une virtuosité croissante. » De son côté, Nolde affirme :
« Les couleurs, c’était mon bonheur. On aurait dit qu’elles aimaient mes mains. »

Emil Nolde
Tropensonne 1914
Ölfarben auf Leinwand
71 x 104,5 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden

Ses toiles et aquarelles joyeuses parlent de son attachement à la nature et de sa quête d’une humanité originelle. Rouges éclatants, bleus intenses, noirs profonds, mauves puissants : telle est la palette vigoureuse avec laquelle Emil Nolde compose ses paysages romantiques et ses marines mouvementées.
« J’aime la musique des couleurs. »
Manfred Reuther explique : « Dans l’évolution artistique de Nolde, la découverte de la couleur n’est pas un événement venu de l’extérieur : elle n’a été ni transmise par des conseils d’enseignants ni inspirée par des courants contemporains. C’est, chez l’artiste, une attirance forte qui s’est révélée de bonne heure, un don inné, une prédisposition naturelle qui ne demandait qu’à s’épanouir. Dès son enfance, le jeune Nolde a conscience de son intime besoin de création et de ses dons artistiques. Au pasteur du village, il confie son désir de devenir artiste peintre. Dans son autobiographie, il se souvient de ses premières tentatives de coloriste :
“À l’école, j’avais colorié toutes les illustrations de mon livre d’histoire biblique ; déjà, je vivais continûment dans le ravissement que me procuraient les couleurs.”

Emil Nolde
Tänzerin und Harlekin 1920
Öl auf Leinwand (Rupfen)
85,5 x 100 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden

Dépourvu de matériaux adaptés à son talent, il invente des expédients, exécutant ses premiers essais de peinture avec des jus de baies de sureau et de betteraves rouges. Ses parents semblent s’être aperçus d’une attirance particulière chez leur fils : pour Noël, on lui offrit la boîte de peinture tant désirée.
Pendant les années où il enseigne le dessin au Musée de l’industrie et de l’artisanat de Saint-Gall, Nolde se plonge dans l’étude de la couleur. Il raconte :
« Avec audace, j’ai essayé d’harmoniser sur un fond blanc les couleurs les plus éloignées : les très chaudes avec les très froides, le vermillon avec l’indigo – mais c’était trop difficile. J’ai déchiré la feuille. »

Emil Nolde
Selbstbildnis 1917
Öl auf Holz
83 x 65 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden


Autour de 1903, il commence à expérimenter l’effet de certains produits chimiques sur le bois, analysant leurs transformations de couleur. Mais ce qui l’intéresse surtout, c’est le rapport de la couleur avec la lumière. Quand il peint, Nolde choisit des couleurs présentes dans la nature. Mais il accentue les teintes du réel et les juxtapose sans atténuer les contrastes : il arrive ainsi à renforcer l’expressivité et la luminosité de la couleur au point qu’elle dépasse de beaucoup les effets obtenus par les teintes naturelles.

Emil Nolde
Rote und gelbe Sonnenblumen um 1920
Aquarell
36,2 x 48 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden

« Une couleur, par sa présence à côté d’une autre, détermine le rayonnement de cette dernière », explique-t-il, « de la même façon qu’en musique, une note figurant dans un accord reçoit sa couleur sonore de la note voisine. »
Mais il ne se conforme à aucun schéma préexistant, à aucun système, à aucun programme ; au contraire, le tableau et son élaboration colorée se déterminent généralement au fur et à mesure que l’artiste travaille. Il affirme : « Le peintre n’a pas besoin de savoir grand-chose ; le mieux est qu’il puisse peindre d’instinct, peindre comme il respire, comme il marche. » Et il poursuit : « C’est pourquoi j’évite volontiers toute réflexion préalable ; il me suffit d’avoir une vague idée de lumière ou de couleur, et mon travail se fait de lui-même, sous ma main. »
Outre ces toiles aux couleurs dynamiques, de nombreuses aquarelles témoignent de l’inventivité artistique de Nolde. Manfred Reuther explique : « Ses aquarelles sont d’une extraordinaire diversité. Les propriétés spécifiques des couleurs à l’eau concordaient avec son désir de spontanéité et d’immédiateté. Il utilisait un pinceau gorgé de couleur, peignait avec des mouvements rapides et fluides, en essayant d’éliminer l’intervention de la raison et de suivre principalement son instinct. Les irrégularités du papier, les taches, les bavures participaient à la genèse de l’image. Ce qu’il recherchait, c’était la spontanéité dans le geste créateur et une relation directe avec le médium. »

Emil Nolde
Streitgespräch "Ungemalte Bilder"1938-1945
Aquarell auf Papier
23,4 x 18 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden

Parmi les travaux sur papier exposés à Baden-Baden figurent quelques aquarelles appartenant à la série des Ungemalte Bilder (« tableaux non peints ») réalisés par l’artiste dans son atelier de Seebüll alors qu’il était sous le coup de l’interdiction de peindre décrétée par les nazis. malgré l'enracinement dans le sol natal, Nolde a effectué de grands et fréquents voyages à l’étranger. Il a fait plusieurs séjours de longue durée au Danemark, en Suisse, en Italie. En 1921, il visite l’Andalousie, Madrid. En 1913-1914, il avait déjà traversé Moscou, la Sibérie, le Corée, le Japon, la Chine, pour se rendre dans les mers du Sud où, sur l’invitation de l’Office colonial du Reich, il avait pris part à une expédition médicale et démographique en Nouvelle-Guinée allemande. Toutes ces contrées lui ont fourni des sujets qui peuplent son univers artistique. Mais dans sa conscience de créateur, il est resté sa vie entière enraciné dans sa région d’origine, le Schleswig. Pour lui, les
« racines » de son activité artistique « plongent dans le sol de mon terroir natal. Même si, par expérience vécue et par désir d’élargissement de mes possibilités artistiques, je touche aux contrées primitives les plus éloignées, dans la réalité ou dans les représentations du rêve – ma patrie reste mon terroir d’origine. »
Un écrin de fleurs autour du Musée Frieder Burda, Emil Nolde aimait les fleurs.

Emil Nolde
Trollhois Garten 1907
Ölfarben auf Leinwand
73,5 x 88 cm
Nolde Stiftung Seebüll
© Nolde Stiftung Seebüll, 2013
Abdruck honorarfrei im Rahmen der Ausstellung
im Museum Frieder Burda in Baden-Baden

Partout où il séjournait, il installait un jardin. Pied-d’alouette bleu, centaurée rouge, iris violet, hélénie jaune : la magie colorée des fleurs inspirait le peintre et lui servit de modèle pour de nombreux tableaux représentant des fleurs et des jardins. Pour accompagner la grande exposition de son œuvre, le Service des jardins de la ville de Baden-Baden a installé quatre grands massifs de fleurs dans le parc de la Lichtentaler Allee.
« Chaque massif est composé de couleurs correspondant à une toile présente dans l’exposition. Chacun d’eux a reçu un cadre en bois rappelant le cadre d’un tableau, dont les proportions sont celles de la toile qu’il évoque, multipliées par six. », nous explique Markus Brunsing, directeur du Service des jardins, qui a élaboré ce concept.
« Mais, poursuit-il, ces massifs ne sont pas une transposition exacte des toiles ; c’est plutôt leur atmosphère colorée qui est reproduite. C’est une autre façon de peindre : avec des fleurs sur fond de parc. »
Soixante espèces et genres de plantes annuelles figureront dans ces massifs, toutes des fleurs d’été. Correspondant aux couleurs saturées de Nolde, on verra du rouge lumineux, de l’orange, du jaune, du bleu : gueules-de-loup, ageratums, bégonias, cosmos, campanules, coquelicots, fleurs de vanille, salvias, pied-d’alouette.
Pour la première fois, la thématique d’une exposition sera transposée en pleine nature, grâce à des plantes.

Le catalogue de l’exposition, contenant des reproductions de toutes les œuvres, est publié par les éditions Snoeck (Cologne) ; 180 pages. Prix au musée : 29 euros.
Info : Emil Nolde. La splendeur des couleurs 15 juin – 13 octobre 2013

Musée Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8b, 76530 Baden-Baden,
www.museum-frieder-burda.de Tél: 0049 7221/39898-0,
Fax: 0049 7221/39898-30
Heures d‘ouverture:
Ma au di 10-18 heures,
fermé lundi (sauf les jours fériés)

texte et photos presse courtoisie du musée Frieder Burda
sauf la photo 1 de l'auteur