La fin du travail obligatoire ?

Publié le 27 juin 2013 par Laurelen
Le développement technologique accéléré que nous vivons aujourd’hui rendra inévitablement caduque l’emploi de masse humaine. Cet emploi sera remplacé par l’action des machines habiles et intelligentes. Nul secteur et nulle qualification ne peut se prétendre à l’abri de cet avenir inéluctable. Les fulgurances exponentielles de l’intelligence artificielle s’adapteront efficacement à toutes les activités et à tous les besoins humains. Les secteurs industriels seront les premiers touchés mais ils ne seront pas longtemps les seuls. Les services à la personne, l’agriculture, les soins médicaux, les services publics, les transports, l’enseignement, le maintient de l’ordre et presque toutes les facettes des activités humaines seront concernées par les avancées rapides de la robotique. Les performances des machines intelligentes dépasseront de loin en efficacité, en rentabilité, en coût et en fiabilité celles des humains. Cet avenir est imminent, la croissance est en cours de façon exponentielle. C’est avec lucidité qu’il convient de se poser la question de la place de l’homme dans ce monde hyper-technologique naissant et qui implique la fin du travail de masse. (http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/06/20/12-technologies-changeront-monde-mettront-beaucoup-gens-chomage-243522)
Un véritable choix stratégique et étique va s’imposer à tous dans les temps qui viennent. A qui laisserons-nous ce choix ? Faut il espérer que le choix fait par les élites dominantes en place et pré supposément éclairées soit judicieux et équitable ou bien souhaitons-nous participer directement aux décisions qui seront prises pour nous même et pour le collectif ? Sommes-nous prêts à faire un choix, sommes nous formé à cela ? Lorsque l’homme sera libéré du travail obligatoire, à quoi s’emploiera t’il ? Les lamentations quant à la dégradation du marché de l’emploi et la méconnaissance du processus en cours sont stériles. Ces questions et ces prises de conscience ne sont pas destinées aux générations futures mais se poseront à nous inéluctablement dans les années qui viennent. Les arguments et les conséquences des différents points de vue doivent être mis en débat privé et public afin d’éveiller les consciences individuelles aux nécessités d’adaptation aux modèles à venir.
L’abandon de souveraineté et la délégation de pouvoir n’est évidemment pas une option pour qui souhaite être libre de son choix. La liberté ne peut s’acquérir que par la connaissance intime et personnelle de sa raison particulière. L’individu reprend ici toute sa place et ne saurait y être concurrencé par la machine ou par quelqu’autres interventions extérieures. La nécessité libératrice de ce que j’appelle « la raison particulière », la cause et l’intérêt pour lui-même, pour ses proches et pour la société de l’existence d’un individu particulier dans ce monde doit refonder la conscience de soi. L’interchangeabilité des jobs ne sera plus dans un monde ou les machines intelligentes assumeront toutes les tâches standardisables. La connaissance de soi, de sa raison particulière révèle à l’individu son chemin créatif particulier. Sa volonté aiguisée par cette connaissance intuitive est alors toute puissance pour fonder son action et tracer sa voie personnelle. L’homme se connaissant lui-même ne doit pas pour autant craindre la technologie et les machines intelligentes mais au contraire s’emparer des moyens contemporains pour forger son destin personnel et décupler ses possibilités créatives. La machine redevient alors un outil efficace et non un instrument d’aliénation.
Plus que jamais dans ce monde technologique, seuls l’utopie individuelle, le rêve propre à chacun, l’imaginaire particulier réveillé par l’attention s’il est encouragé, cultivé et développé seront créateur d’avenir et de richesse. Cela à de tous temps déjà été le cas mais la radicalité factuelle de cette vérité s’imposera dorénavant à tous, de gré ou de force. La libération des souffrances liées au travail à été longuement désirée et la force de ce désir porte maintenant ses fruits. Ils ont un goût amer pour celui qui a renoncé à l’épanouissement de son individualité et s’est asservi au système. La connaissance et le développement de la raison particulière à chacun n’adviendront pas par hasard chez le plus grand nombre sans une volonté d’éduquer, de rendre autonome et libre de ses choix chaque individu. Ce plan éducatif radical est le seul à permettre à tous l’adaptabilité au monde qui vient. Personne n’est de trop s’il connait sa raison d’être et la joie accompagne toujours la réalisation de soi. L’alternative sera la pénurie des emplois, la misère généralisée, l’exploitation du plus faible par le plus fort, la guerre civile et pour finir le chaos pour tous.

Erik GRUCHET,
Saint Pierre le 26/06/2013