Chaque année, la Fondation de France sort son nouveau rapport sur la solitude et chaque année, le constat s’alarme. En 2013, le phénomène touche 12% des Français de plus de 18 ans, et de plus en plus de jeunes.
Ils sont 5 millions. 5 millions à se sentir seuls en France, soit un million de personnes supplémentaires depuis 2010. Pour eux, pas ou peu de relations sociales, qu’il s’agisse du milieu familial, professionnel, amical, affinitaire ou même de voisinage. Au-delà de ces chiffres effarants, un peu moins d’un Français sur trois ne disposerait que d’un seul de ces réseau et 39% n’ont pas de lien soutenu avec leur famille. Pour la Fondation de France, qui édite l’enquête, « nous espérions que, dans certains cas, l’isolement serait compensé par un espace public bien doté en services de proximité (commerces, cafés, équipements culturels, jardins…), qui ouvrent la possibilité de rencontres. Mais, pour ce que disent ces chiffres, les personnes isolées échappent également à ces modes de socialisation. La question des solitudes est donc bien ailleurs, au plus près de la personne, de ses attentes et de ses besoins. C’est en effet dans ce type de proximité qu’il parait possible de reconstruire une vie sociale. ».
Autre enseignement de l’enquête : la solitude s’aggrave chez les plus jeunes et les plus âgés. Chez les moins de 40 ans, la solitude a ainsi doublé en 3 ans et pour la première fois, le phénomène touche les 18-29 ans (6% d’entre eux), jusqu’alors préservés. Parmi les principales causes avancées par la fondation, les difficultés d’entrée et de maintien dans l’emploi. En effet, le chômage est un autre terreau pour la solitude puisqu’entre 30 et 60 ans, le fait d’être ou non en emploi constitue la variable la plus explicative. Résultat : 15% des personnes en recherche d’emploi sont seules. Il n’est donc pas étonnant que les grandes villes n’échappent plus à la solitude puisque 13% des habitants des grandes métropoles se disent seuls contre 8% en 2010. Le phénomène est accentué « là où se concentrent les logements sociaux : 14% des habitants du parc HLM sont en situation d’isolement relationnel contre 10% en 2010 » indique le rapport.
De l’autre coté , l’augmentation de la part des personnes âgées en situation de handicap, une baisse relative des pratiques associatives et un relâchement sensible des relations familiales entraînent 24% des plus de 75 ans dans un sentiment d’isolement. Un phénomène encore accru par la pauvreté : 17% de personnes sont isolées parmi les foyers ayant moins de 1.000 euros de revenus nets mensuels. Mais un facteur nouveau vient éveiller les consciences : les fameuses « classes moyennes », qui peinent tant à se définir vraiment (mais dont font partie les foyers disposant de 1 000 à 3 499 euros de revenus nets mensuels), sont aussi frappées de plein fouet, et ce depuis 2010, par la solitude.
Une technologie contre-productive ?
Souvent évoqués comme mode de communication importants, les réseaux sociaux ne sont pourtant toujours pas la panacée. 42 % des personnes isolées les fréquentant éprouvent un sentiment d’isolement rémanent et parmi celles-ci, près de 9 sur 10 disent en souffrir. La fréquentation des réseaux sociaux, sites de rencontres et forums s’est considérablement développée, et 48 % des personnes interrogées déclarent les fréquenter (contre 36 % en 2010). Et si cette augmentation de la fréquentation est également perceptible chez les personnes isolées, puisque 20 % d’entre elles s’y rendent désormais régulièrement ; cette fréquentation diminue avec l’âge et chute de manière significative après 50 ans. Les personnes isolées utilisant les réseaux virtuels apparaissent dans l’ensemble moins ancrées sur leur lieu de vie. Ce repli semble souvent aller de pair avec une volonté de mise à distance de son environnement immédiat, qui peut prendre la forme d’une défiance à l’égard du quartier et de ses composantes culturelles, ou se traduire par un sentiment d’extériorité vis-à-vis des personnes présentes autour de chez soi.
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