Kepler: la 2e vie du télescope

Par Memophis

(Agence Science-Presse) Les nouvelles de la mort du télescope spatial Kepler ont été prématurées. L’instrument à qui on doit une profusion de planètes extrasolaires depuis 2009 —et peut-être d’autres à venir— n’a pas dit son dernier mot, en dépit d’une panne qui l’empêchera d’être aussi fringant.



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Il y a un mois, les blogues d’astronomie de la planète ont semblé vivre un deuil: la NASA annonçait en conférence de presse que Kepler, son télescope qui a révolutionné la chasse aux mondes tournant autour d’autres étoiles que notre Soleil, avait perdu en quelque sorte son sens de l’orientation. Le deuxième des trois instruments —desgenres de gyroscopes très perfectionnés— lui permettant de rester précisément aligné sur une étoile, était mort. Et un télescope qui n’est pas capable de rester fixe, ça fait des photos floues.

Conséquence: après avoir confirmé l’existence de 132 planètes extrasolaires, et avoir pointé plus de 3200 planètes candidates, Kepler fermait boutique.

Pas si vite, rétorque cette semaine le New Scientist. Kepler pourrait se tourner vers une autre alternative pour détecter des planètes, appelée la microlentille gravitationnelle. C’est une vieille technique en astronomie, qui fonctionne lorsque deux objets sont parfaitement alignés par rapport à nous: celui qui est à l’avant-plan «perturbe» légèrement la luminosité de celui qui est loin «derrière». Les astronomes Keith Home, en Angleterre et Andrew Gould, en Ohio, évaluent que Kepler pourrait détecter indirectement quelques dizaines de planètes par année avec cette technique. Loin des centaines, mais assez pour confirmer certaines des planètes «candidates».

Jusque-là, Kepler utilisait la technique dite du transit: observer une étoile en espérant y détecter une infime diminution de sa lumière, ce qui trahit qu’un «objet» est passé devant. Si tel est le cas, il s’agit d’une planète candidate. Si la diminution est observée plus tard, voire une troisième fois, c’est la confirmation espérée. Du coup, il est plus facile de détecter une planète par la méthode du transit que par celle de la microlentille.

Incidemment, Kepler, au contraire d’Hubble, se trouve sur une orbite trop éloignée pour espérer lui envoyer une mission de réparation: il se trouve à des millions de kilomètres de la Terre, tournant autour du Soleil sur la même orbite que nous. Son financement initial prévoyait une mission de trois ans et demi, de sorte que l’avarie de ses gyroscopes n’est pas une complète surprise.