Jean Ziegler communiste et croyant

Par Alaindependant

Publié le 22 juin 2013 par Jlk

  Qui est Jean Ziegler au fond ? Je me le suis demandé des année durant, avant de le rencontrer et de fraterniser autour de livres et de lettres que nous avons échangés, d'indignations et de passions partagées.    Et voici que, ce midi d'un des premiers jours de l'année,nous nous retrouvons dans une brasserie genevoise qu'il affectionne, derrière la gare de Cornavin,à l'enseigne des Cheminots, dernier bistrot syndical de la ville tenu par un Galicien dont le frère, pêcheur, fournit la cuisine en poisson frais...

 Dans une première biographie sympathique, Jürg Wegelin, ancien élève du prof de sociologie mais pas complaisant pour autant, retraçait récemment les grandes lignes de la trajectoire du fils de sage famille bernoise entré en rébellion contre son père, "adopté" à Paris par Jean-Paul Sartre et devenant l'un des phares du tiers-mondisme et le critique radical de son pays "au-dessus de tout soupçon". L'engagement de l'intellectuel, le travail du député, le fracas des livres, les procès, la famille: tout y était, ou presque.   Car la question subsiste : qui est Jean Ziegler "au fond", et quel est le noyau de sa personne ? Or nous voilà parler précisément, aux Cheminots, de ce qui représente le noyau de la vie selon lui. À savoir: Dieu.  

Parce queJean Ziegler croit en Dieu. Cela pourrait étonner, chez un sociologue gauchiste qu'on imagine matérialiste à tout crin, mais c'est comme ça: Jean Ziegler est croyant. Et comme je lui demande ce qu'il répondrait à un enfant l'interrogeant sur la nature de Dieu, il me répond sans hésiter: l'amour.

Avant de préciser: " L'amour qui est en chacun de nous. Dans le Galilée de Brecht, l'assistant de l'astronome lui demande devant la nouvelle carte du ciel: mais où est Dieu ? Alors Galilée de lui répondre: "En nous, ou nulle part". Du même coup, cela scelle notre destin commun. Comme disait Bernanos: "Dieu n'as pas d'autre mains que les nôtres". Dieu existe au-delà de tout, mais sur terre il agit à travers nous: c'est une conviction qui m'habite depuis longtemps et qui ne cesse de se renforcer. L'humanisation est en cours, même si nous vivons encore dans la préhistoire de l'homme où l'exploitation, la concurrence effrénée, l'écrasement du pauvre dominent. L'amour s'oppose à cette logique, constituant le moteur même du capitalisme, pour lui substituer des valeurs de complémentarité et de solidarité".

Position chrétienne, à l'évidence. Mais comment expliquer que ce fils de juge bernois calviniste se soit converti au catholicisme après avoir claqué la porte de la maison ?

" C'est une décision qui date de mes jeunes années à Paris, explique-t-il alors.Quandj'ai commencé d'étudier sérieusement le marxisme. Or s'il respecte la religion pour son rôle social, Marx n'en perçoit pas la profondeur. À la même époque, j'ai trouvé des réponses plus satisfaisantes aux questions existentielles que je me posais auprès du Père jésuite MichelRiquet, ancien résistant, déporté à Mauthausen et Dachau. Si je suis resté communiste, je garde aussi une foi profonde, quoique traversée de doutes. Mais je détestele Vatican et le faste indécent dans lequel se complaît sa gérontocratie. Quand je pense auxrichesses inestimables accumulées à Romeet à tout ce quipourrait être fait pour soulagerla misère du monde, je me dis qu'il y a là plus que de l'hypocrisie: une vraie monstruosité! C'est dire que je me suis toujours senti plus proche de "l'église invisible". Comme le disait Victor Hugo: "Je déteste toutes les églises, j'aime les hommes, je crois en Dieu."

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