#PRISM : Comment passer d’un #spagrave® au #chuichoquée® en moins de 48h ? (avec du @fleurpellerin dedans)

Publié le 01 juillet 2013 par Olivier Laurelli

Nos politiques européens sont de très talentueux comédiens. L’indignation d’Angela Merkel, en soi, c’était déjà risible. En France, exception culturelle oblige, nous ne sommes pas les plus mauvais quand il s’agit de sortir les violons pour endormir les masses. Souffler le chaud et le froid, c’est un art. En la matière, Fleur Pellerin est loin d’être la plus mauvaise. Notre ministre, en plus d’avoir une parfaite compréhension technique de l’affaire PRISM et des différentes sources d’informations constituant le gros de la doctrine SIGINT des USA depuis les attentats du 11 septembre, connait parfaitement les dossiers relatifs à la surveillance des réseaux, attendu qu’elle s’est très probablement penchée sur la cession d’Eagle par AMESYS à AMESys (le spin-off d’Amesys domicilié aux Émirats Arabes Unis pour vendre des outils de surveillance de masse sans avoir à se soucier d’éventuelles violations des droits de l’Homme… business is business).

Souvenez vous c’était il y a 48 heures, lors de son passage sur BFM. Fleur Pellerin nous expliquait quelque chose de très surprenant… Elle mentait, à minima, par omission :

« Ce qu’on sait aujourd’hui c’est qu’un certain nombre de sites, pas tous, ont donné sur requête judiciaire ou sur requête de l’administration américaine un certain nombre d’informations (…)»
(…)
« il n’est pas question d’une surveillance généralisée des réseaux (…) »

Aujourd’hui, le Monde titre « Espionnage de la NSA : la classe politique française estomaquée ». Estomaquée… rien que ça. Et la petite perle, c’est quand même la réaction toute neuve de Fleur Pellerin, qui avant les révélations du Guardian au sujet de l’espionnage des instances européennes, minimisait la portée de PRISM… mais non en fait, pas de PRISM (qui tout seul n’est pas grand chose et dont il fait peu de sens de  dissocier du contexte global), mais bien du programme de surveillance de masse opéré par la NSA et au moins 7 pays européens partenaires de la NSA, tous bien complices, tous parfaitement au courant.

Voici la réaction toute neuve de Fleur Pellerin :

En revanche, Mme Pellerin s’est dite choquée par le « dispositif de surveillance généralisée » des populations révélé par les premières fuites d’Edward Snowden, le programme Prism. Interrogée sur l’opportunité de représailles, comme la suspension des discussions commerciales, la ministre a appelé à « ne pas mélanger les sujets à ce stade. »

Si je rejoins Fleur Pellerin sur la position à adopter face aux USA, en évitant de tout mélanger, je suis bien plus sceptique sur le message subliminal renvoyé par ce genre de revirement. Non pas de la part de Fleur Pellerin qui se dit choqué par la mise sous surveillance des citoyens, mais par les réactions de nombreux politiques, tout bords confondus, que l’on entend s’indigner pour la surveillance des institutions européennes.

Lisons entre les lignes :

  • Que la NSA viole les communications privées de tous les citoyens européens, ça, on s’en fout, c’est pas grave, on peut le minimiser, histoire de couvrir les pratiques de nos amis à gros zizi... et il faut le dire, aussi un peu peut-être nos propres pratiques.
  • Que la NSA viole les communications publiques d’une institution publique, au service du public, et financé par de l’argent public, ça c’est choquant !

Puis après tout, si l’UE n’a rien à se reprocher, c’est qu’elle n’a rien à cacher non ? Ah non ? Ça marche pas ça avec les institutions ? C’est que pour les citoyens ?

Heu … WTF ? Aurais-je loupé un épisode ?