Qui sont les sans-abris et les sdf ? (suite)

Publié le 03 juillet 2013 par Asse @ass69014555

Mise à jour de l'article du 1er juin 2013

Zinfos974.com 02 07 2013

Selon une étude de l'Insee rendue publique aujourd'hui, la France compte 50% de SDF en plus depuis 2001. Environ 141.500 personnes, dont 30.000 enfants, étaient sans domicile début 2012. La parution de cette étude intervient au lendemain du cri d'alarme lancé par les associations d'aide aux sans-abri. Elles s'inquiètent de l'intensification des remises à la rue à la veille des vacances.
L'enquête se base sur les personnes ayant fréquenté les services d'hébergement ou de restauration dans les agglomérations de plus de 20.000 habitants, entre le 23 janvier et le 3 mars 2012.
103.000 personnes étaient recensées : 81.000 étaient sans domicile, c'est-à-dire qu'elles avaient passé la nuit précédent l'enquête dans un lieu non prévu pour l'habitation (on parle alors de sans-abri), ou qu'elles avaient dormi dans un service d'hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoirs dans un hébergement collectif, lieu ouvert en cas de grand froid).
Sur les 81.000 adultes sans domicile recensés dans les agglomérations de plus de 20.000 habitants, 53% étaient d'origine étrangère, alors qu'ils n'étaient que 38% en 2001. Ce chiffre est en augmentation en raison de la hausse du nombre des demandeurs d'asile sans places en Cada (centre d'accueil de demandeurs d'asile en France).
Près de la moitié des 66.300 adultes francophones sans domicile étaient en centre d'hébergement collectif (11 % dans un centre qu'ils doivent quitter le matin, 35 % dans un centre où l'on peut rester la journée), un tiers dans un logement payé par une association, 12 % dans un hôtel et 9 % sans-abri (la moitié de ces sans-abris n'ont pas voulu dormir en centre d'hébergement face aux problèmes d'hygiène et de sécurité, ou par manque de place).
L'étude montre que les femmes accompagnées d'enfants sont majoritairement hébergées en hôtel ou en logement associatif. Les hôtels accueillent principalement les femmes étrangères, tandis que les hommes seuls étrangers connaissent les conditions les plus précaires (à la rue ou dans les centres à quitter le matin).

Samuel Laurent, Le Monde 02 07 2013

Le chiffre est frappant : selon une enquête publiée par l'Insee mardi 2 juillet, le nombre de sans-domicile a augmenté de 50 % entre 2001 et 2012. L'institut a recensé les personnes ayant fréquenté, au cours de la semaine précédant l'enquête, les services d'hébergement ou de distribution de repas des villes de plus 20 000 habitants pour parvenir à cet indicateur, qu'il a comparé avec une enquête menée voici onze ans.

Le chiffre de 50 % ne tient pas compte des changements de méthode entre les deux enquêtes. A périmètre exact, la hausse est de 44 %. Et en valeur absolue, l'Insee dénombrait en 2012 un total de 141 500 personnes, soit 81 000 adultes et 30 000 enfants qui ont eu recours à l'hébergement d'urgence ou à des distributions de repas, 8 000 sans-domicile des communes rurales et des petites agglomérations et 22 500 personnes en centres d'accueil pour demandeurs d'asile. Ce qui ne représente sans doute pas la totalité des sans-domicile français, mais permet d'en donner un ordre de grandeur. 

HAUSSE FORTE DU NOMBRE DE SANS-DOMICILE ÉTRANGERS


Plus d'un tiers (38,6 %) de cette population sans domicile adulte est étrangère (25,4 % sont francophones et 13,2 % non francophones), et encore l'Insee ne compte-t-elle pas, dans son enquête, les 22 500 personnes des centres d'accueil pour demandeurs d'asiles. Un peu moins nombreux, les adultes sans domicile français représentent 34,3 % du total. L'Insee n'a pas spécifié la nationalité des enfants.

Des sans-domicile étrangers nombreux

Les sans-domiciles étrangers représentent un tiers des utilisateurs de centres d'hébergement, quand les Français sont un peu moins nombreux (28,6%)

Selon l'Insee, deux populations ont connu une hausse forte entre 2001 et 2012 : les étrangers, dont le nombre a doublé (avec une hausse de 88 % pour les francophones et de 127 % pour les non francophones), et les enfants (en hausse de 40 %). Le nombre de SDF français utilisateurs de services d'hébergement, lui, a augmenté de 11 % depuis 2001.

Hausse forte des étrangers non francophones et des enfants

En dix ans, le nombre d'étrangers non-francophones utilisant des centres d'hébergement a augmenté de 127%, le nombre d'enfants de 40%.

46 % DES SANS DOMICILE RECENSÉS SONT EN HÉBERGEMENT COLLECTIF

Les personnes sans domicile ne dorment pas toutes dans la rue. Les "sans domicile fixe" représentent 78 % des utilisateurs de centres d'hébergement d'urgence et de repas, mais 12 % des personnes qui s'y rendent sont locataires ou propriétaires,  ou ont accès à diverses solutions provisoires.

La population sans domicile fixe, elle, se répartit entre différents types d'hébergements : pour un tiers dans des logements précaires, pour un autre tiers dans des services d'hébergement permettant de rester la journée... Seuls 9 % des utilisateurs de centres d'urgence sans domicile sont réellement des sans-abri et dorment dans la rue.

Près de la moitié des sans-domicile est logée en hébergement collectif

Sur les 78% d'utilisateurs de centres d'hébergement ou de distribution de repas, 33% ont un logement précaire, et 46% un hébergement collectif. Seuls 9% dorment dans rue.

MOINS DE FEMMES, PLUS DE PERSONNES ISOLÉES, DES ENFANTS NOMBREUX

Si l'on cherche à qualifier les sans-domicile, on constate des différences avec la population logée dans des conditions normales : moins de femmes (38 % contre 52 %), plus d'étrangers, notamment chez les sans-abri (45 %), nettement moins de couples (20 % chez les sans-domicile contre 64 % des personnes logées normalement), à peine moins de personnes avec enfant(s) (26 % contre 31 %), et une nette surreprésentation des personnes sans famille chez les sans-abri (88 %).

Les personnes isolées nettement sur-représentées

Les étrangers, les hommes et les personnes seules sont sur-représentées dans la population sans-domicile. Choisissez dans la liste déroulante pour afficher les données d'une population particulière.

Autre enseignement : les sans-domicile sont globalement plus jeunes. Alors que 19 % des adultes logés normalement ont moins de 29 ans, ils sont 26 % chez les sans-domicile et 27 % chez les sans-abris

Des sans-domicile plus jeunes

Les moins de 49 ans sont sur-représentés dans la population sans-domicile, et particulièrement chez les personnes sans-abri. Cliquez sur les catégories d'âge pour afficher la comparaison.

UN QUART DES SANS-DOMICILE TRAVAILLENT

L'Insee indique en outre que 25 % des personnes interrogées ont déclaré avoir un travail, régulier ou non, et près de la moitié assurent être au chômage. Les inactifs représentent un gros quart du total. Des statistiques qui varient fortement selon le type d'hébergement : si 45 % des sans-domicile hébergés dans un logement ont un travail, ce n'est le cas que de 5 % de ceux qui fréquentent les hébergements d'urgence.

Lors de la précédente enquête, en 2001, 26,2 % des personnes hébergées en centres d'urgence disaient avoir un travail, pour 39,3 % de chômeurs et 34 % d'inactifs. Un sans-domicile sur deux est au chômage

Le quart des utilisateurs de centres d'hébergement ou de distribution de repas possède un travail.

En moyenne, les sans-domicile indiquent avoir été dans cette situation pendant 8,5 mois en 2012. Mais on compte 39 % des personnes interrogées qui disent n'avoir jamais eu de logement à eux.