La petite fille en rouge: quand les contes pour enfants font peur aux miens..

Par Filou49 @blog_bazart
04 juillet 2013

Petit Mea culpa : lorsque je reçois des livres jeunesse genéreusement  envoyés par les Maisons d'édition après une présentation préalable par communiqué de presse que j'ai regardé avec plus ou moins d'attention, j'ouvre ma boite aux lettres souvent devant mes enfants, et du coup, je leur lis dans la foulée le livre en question, sans trop regarder dans le détail le livre en question, me disant qu'a priori un rapide coup d'oeil suffit à me faire une idée si le livre est bien adapté à leur(s) âge(s).

Et connaissant très mal l'univers de l'illustrateur italien Roberto Innocenti, j'ai cru inocemment (c'est le cas de le dire que sa petite fille en rouge, adaptation très très libre du Petit chaperon rouge serait parfaite pour mes enfants de 4 et 7 ans, qui aimaient bien, mais sans plus le conte initial de Perrault.

Sauf qu'après avoir lu cet ouvrage samedi soir dernier, juste avant l'heure du coucher, et voyant les têtes mi effrayées mi fascinées par ce très bel objet, ne serait ce que par le format et par la couverture, je me suis dit que j'aurais peut-être du attendre encore quelques années avant de leur faire découvrir cette relecture si personnelle du conte.

Car l'histoire du Petit chaperon rouge sert ici à le détourner de façon iconoclaste,  dans un univers urbain ultra réaliste et ultra flippant, foisonnant de mille et un détails au sein d'une même page.

Ici, l'histoire se passe dans une banlieue sinistre,  la foret est remplie de bétons et de briques, le bois n' est autre qu' un  gigantesque centre commercial où toutes les tentations sont présentes.

Notre petit chaperon rouge moderne s'appelle Sophia, et elle  va rendre visite à sa grand-mère de l’autre côté de la forêt. En chemin, elle s’arrête devant une vitrine, éblouie. Mais quand elle ressort, elle est perdue et ne sait plus où aller. La petite fille est alors aidée par un chasseur chevauchant une moto noire. Se croyant sauvée d’un gang, Sophia lui confie ses intentions d’aller chez sa grand-mère. Sur la voie rapide, le chasseur laisse Sophia au milieu de la route, prétextant un rendez-vous urgent. Il arrivera le premier chez la mère-grand…

 La plume  d'Aaron Frisch, faussement naive et classique, retrace le trajet célèbre de la jeune fille au capuchon rouge,  ne s'éloignant que très peu de l'histoire traditionnelle, laissant seulement s'épanouir le conte à travers une langue plus moderne et surtout une structure plus contemporaine. 

Le conte s’épanouit  ici dans un univers ultra référencé et assez magnifique. Cette version brute de décofrage impose au lecteur une réalité sans rêve qui a pu dérouter mes loulous, mais qui éblouiera les plus grands.

Cette  dimension angoissante qui évoque les enlèvements, les pédophiles, assassins et tout ce qui peut nuire à l’enfance.

La fin, tragique en diable, acheva de décontenancer mes enfants, mais heureusement, les auteurs, sans doute, pris par un élan de remord devant cette noirceur sans fin, ont choisi une fin alternative permettant de sortir-un peu- du sentiment malaise dans lequel le lecteur est plongé.

Bref, voilà un livre  jeunesse remarquable, mais à ne pas franchement  mettre dans toutes les mains, et à lire, à mon avis, à partir de 10 ans seulement.