Star Trek selon JJ Abrams

Publié le 25 juin 2013 par Biancat @biancatsroom

Ce week-end, je suis allée voir le dernier Star Trek : Into Darkness. Avant de démarrer cet avis, je précise qu’en plus d’être une grande fan de science-fiction, je suis également une Trekkie de 2ème, voire de 3ème génération. 2ème génération parce que mes souvenirs de la série originale des années 60 remontent à l’enfance : autant dire qu’hormis le brushing de Kirk, les oreilles et la frange de Spock, je n’en ai que peu de souvenirs précis. En revanche, initiée par Chéri il y a une douzaine d’années, j’ai regardé en continu pendant une bonne décennie les séries dérivées : The Next Generation (qui reste à ce jour ma préférée, avec le capitaine français Jean-Luc Picard qui deviendra plus tard le Professeur X des X-Men), Deep Space Nine, Voyager et Enterprise (avec le Scott Bakula de Code Quantum aux commandes). Sans être une grande spécialiste, je peux donc dire que je connais un peu l’univers trekkien ainsi que les grandes lignes de la série.

Après la vision d’Into Darkness et de celui de 2009 que j’avais revu juste avant, et surtout à la lecture de certains commentaires de Trekkies énervés, je me suis fait la réflexion qu’il fallait plus prendre ce film comme un hommage à l’univers Star Trek qu’un véritable film Star Trek pour puristes. JJ Abrams n’est pas un fan de la série et il dit lui-même ne pas bien connaître sa mythologie. A partir de ce constat, toute comparaison argumentée, comme ont pu le faire certains hard-Trekkies, me semble vaine et inutile, au risque de s’énerver sur chaque détail. Il ne faut pas oublier que les 5 séries Star Trek courent sur une quarantaine d’années et qu’à ce titre, Star Trek est l’un des univers de science-fiction les plus foisonnants et les plus riches. Aussi, qu’un néophyte s’empare de l’oeuvre pour en faire un film totalement fidèle relevait simplement de la gageure.

Je trouve d’ailleurs que le problème a été contourné de façon plutôt habile dès le premier film, avec la cassure de la timeline de la série originale, ce qui rebootait d’un seul coup toute la suite. Un petit paradoxe temporel et hop, exit les planètes Vulcain et Romulus : sachez que dans les Star Trek de JJ Abrams, vous êtes de toute façon dans un univers modifié et que toute comparaison (résistance ?) est inutile. A partir de là, tout est rendu possible, et je dois dire que comme en 2009, j’ai apprécié ce nouveau voyage à bord de l’Enterprise.

Evidemment, certains éléments réinterprétés par Abrams peuvent être un peu dérangeants ou paraître incohérents :

  • Cette première scène qui, dès les premières minutes, trahit plusieurs basiques de Star Trek : dans les missions exploratoires, l’Enterprise reste toujours en orbite sauf en cas de force majeure, et seule l’équipe d’exploration se rend à la surface, le plus souvent dans une navette. Quid donc de cet Enterprise immergé, à part pour faire une  - certes magnifique – scène de sortie de mer ?

D’autre part, un capitaine qui dérobe un objet sacré sous le nez des autochtones, cela ne pourrait pas arriver dans Star Trek. Bien sûr, il arrive dans les séries que la Directive Première – règle de base qui dit que Starfleet n’est pas supposée interférer dans le développement des autres espèces de l’univers - ne soit pas respectée, mais c’est la plupart du temps au nom d’idéaux moraux, ou de survie. On ne peut pas passer outre le fait que les capitaines de Starfleet sont ce qu’on fait de mieux en matière d’honnêteté, de morale, de droiture, et j’en passe. J’ai donc du mal à imaginer un Jean-Luc Picard ou un Benjamin Sisko… en simple chapardeur

  • La trop grande militarisation de Starfleet, enfin à mon goût, avec des officiers déguisés comme des soldats de l’Armée Rouge. Dans mes souvenirs, Starfleet est une organisation pacifiste dont la mission est avant tout d’explorer les quadrants de l’univers et d’instaurer la paix avec les autres espèces, avec notamment la création de la Fédération des planètes unies. Même si les grades de Starfleet sont des grades militaires (capitaine, amiral…), et que, comme on le voit dans le générique de la série Enterprise, Starfleet s’inscrit dans la continuité de l’histoire de l’Armée américaine, la philosophie de Starfleet est tout sauf militariste.
  • La cohabitation dans un même espace-temps d’un Spock du présent et d’un Spock du futur : même si je conçois bien son utilité dans le scénario, j’ai été un peu gênée par ce vieux Spock qui ne regagne jamais son futur. En matière de voyages temporels, j’ai gardé comme référence les théories de Doc Brown de Retour vers le futur (nom de Zeus !) sur la co-existence de deux moi de deux époques différentes. Certes, la science-fiction peut se permettre toutes les souplesses, mais je suis malgré tout restée un peu circonspecte sur ce point.
  • Une intrigue un peu trop rapidement traitée pour laisser la part belle à l’action : le film s’attarde très peu sur le passé, notamment sur les Guerres Eugéniques qui ont conduit à la création des surhommes. Approfondir cet aspect aurait pu il me semble donner un peu plus de relief aux enjeux dramatiques et plus de profondeur au film. Hélas, ces problématiques sont expédiées en quelques scènes dialoguées, et les motivations de Khan et de l’Amiral Marcus avec.
  • L’épisode klingon : même si je n’ai pu que m’émouvoir d’entendre parler Klingon – qui est ma langue imaginaire favorite – j’ai trouvé l’épisode sur Kronos un peu décevant. Khan est certes un surhomme, mais défaire à lui seul un commando de Klingons, qui ne sont ni plus ni moins que les guerriers les plus redoutables dans l’univers de Star Trek, c’est leur faire bien peu d’honneur. Et il est d’ailleurs bien surprenant qu’aucunes représailles n’aient été engagées, suite à cet affront. Enfin, pour pinailler encore un peu je me suis étonnée de leur aspect, qui ne ressemble ni à celui de la série originale, ni à celui de TNG / DS9 : regard albinos, boucles d’oreilles et tête rasée (t’es un Klingon et t’as pas de cheveux ? Non mais allô quoi ! ^^)

Mais malgré ces menus détails, qui n’ont en rien gâché mon visionnage, je n’ai pas boudé mon plaisir :

  • Un univers visuellement somptueux : à partir du moment où un non-initié prenait les commandes du renouveau de la franchise, il était illusoire de s’attendre à un Star Trek pur jus mais est-ce si grave ? Pour ma part, j’avoue que j’ai pris beaucoup de plaisir à voir dépoussiéré un univers qui commençait à dater un peu. On crache souvent sur les effets spéciaux et la 3D mais il faut bien admettre que dans ce film, ils sont impeccables et donnent une sacrée allure à l’univers du 23ème siècle. Dans les séries, les villes du futur sont souvent très aseptisées alors que le Londres futuriste d’Into Darkness a un côté beaucoup plus réaliste (même si personnellement je n’ai jamais vu de voiture sur Terre dans Star Trek !).

Certains plans dans l’espace sont tout simplement magnifiques et les scènes de combats spatiaux de très bonne facture.

  • Un casting de fortes personnalités : je n’ai pas vu Star Trek II : la colère de Khan – dont Into Darkness semble s’être très largement inspiré – avec Ricardo Montalban dans le rôle de Khan, mais encore une fois je pense que toute comparaison n’a pas vraiment de sens tant les deux acteurs sont différents (il faut avouer que le look de Ricardo est légèrement dépassé de nos jours…). Quoiqu’il en soit, Benedict Cumberbach incarne un vrai beau méchant, crédible, manipulateur et très charismatique. En face, il ne faut pas moins qu’un duo Kirk / Spock pour lui tenir la dragée haute.

  

Je le pensais déjà dans le 1er film, Chris Pine est un capitaine Kirk plein de fougue et impétueux, avec un petit côté cheval fou que j’aime bien, même s’il lui manque un peu de la classe et du charisme de la lignée des capitaines de Starfleet, mais on pourra facilement mettre ça sur le compte de la jeunesse et de l’inexpérience de Kirk.

Quant à Spock, je suis certainement un peu partiale tant j’aime cet acteur mais dans un Star Trek new gen’ Zachary Quinto était tout indiqué pour succéder à Leonard Nimoy, et son jeu traduit très bien la lutte intérieure entre sa part vulcaine et sa part humaine. Peut-être encore mieux que le Spock original qui était il me semble moins nuancé.

Pour le reste du casting, petite mention à Peter Weller qui campe un amiral parfaitement détestable et à Simon Pegg et son petit compagnon extra-terrestre qui, même s’ils auraient peut-être eu plus leur place dans Star Wars, apportent une petite touche d’humour très sympathique.

Je voulais également faire un aparté sur le rôle d’Alice Eve en Dr. Marcus. Pour certains, c’était un prétexte fallacieux pour introduire dans le film une blonde à forte poitrine. Moi j’y ai plutôt vu – peut-être à tort – un clin d’œil aux personnages distants mais sexy qui sont presque devenus une tradition trekkienne. Je pense bien sûr, pour les connaisseurs, à Seven Of Nine / Jeri Ryan, l’ex-borg de Voyager ou à T’Pol / Jolene Blalock, la vulcaine d’Enterprise. Et pour ceux qui se sont offusqués d’apercevoir le Dr. Marcus en sous-vêtements, c’est oublier la fameuse scène très ‘hot’ dans le sas de décontamination de T’Pol avec le commander Tucker dans Enterprise ^^.

    

En conclusion, si ont met de côté les quelques infidélités à l’univers trekkien initial et quelques incohérences, j’ai trouvé qu’Into Darkness remplissait largement son contrat de film de science-fiction à grand spectacle ultra-divertissant et on aurait tort de s’en priver sous prétexte d’être trop puriste. En tout cas, je pense que le film est suffisamment attractif et accessible au grand public pour donner envie de découvrir l’univers Star Trek original à ceux qui ne le connaissent pas encore.

C’est vrai qu’au vu de la bande-annonce et du titre, je m’attendais peut-être à un film plus sombre et plus puissant émotionnellement, à la manière d’un Dark Knight Rises qui m’avait laissée scotchée à mon fauteuil avec la larme à l’oeil. On n’atteint certes pas ces sommets avec Into Darkness, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir le cœur qui bat en entendant la fameuse introduction ‘L’espace, frontière de l’infini…’, en entendant parler klingon, et en voyant l’Enterprise passer en distorsion dans un magnifique amas de poussière d’étoiles.

Et j’espère, s’il y a un 3ème film, que l’Enterprise quittera enfin la Terre, pour remplir sa véritable mission : explorer les territoires inconnus.


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