[Récit + photos] A la découverte des paysages du Piémont italien et des vallées de l’Ossola

Publié le 08 juillet 2013 par Alanlimo @ChristoChriv

Rovesca, vallée d’Ossola

Au nord de l’Italie, dans la vallée d’Antrona, moins de dix personnes arriveraient à vivre du tourisme.

Avec ce chiffre, on pourrait croire : qu’il n’y a rien à faire dans le coin, rien à voir et rien à boire. Aucune infrastructure pour accueillir les randonneurs et les trekkeurs qui souhaiteraient profiter de superbes paysages de montagnes alpines et de routes, et de chemins de traverses où se croisent absolument tous les niveaux de difficulté – de la randonnée légère autours des lacs jusqu’à l’alpinisme de haut niveau à l’aide de crampons, de pioches et de piolets.

On pourrait croire que les touristes n’y sont pas les bienvenus. Que ça ne vaut pas le coup de passer par ce bout du nord de l’Italie, enclavé quelque part entre la Suisse et Milan ; on pourrait croire que, s’il y a si peu de touristes dans les vallées de l’Ossola alors qu’elles ne sont qu’à 2h30 de Paris (1h30 d’avion jusqu’à Milan, 1h de voiture ensuite jusqu’à Domodossola), c’est bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Anguille sous roche. Un ver dans la pomme. Une potatoe dans le cornet de frites.

C’est pas complètement faux.
Mais presque.

Car, si vous cherchez une destination pas chère, hors des sentiers battus, épargnée par le tourisme de masse, abordable à tous points de vues, belle et calme, au vert, où marcher dans les montagnes et au bord de lacs ; où la sympathie, où les sourires des villageois surgissent d’un air amusé, d’un air étonné ; où « bien manger » prend tout son sens … Le Jackpot est ici.

Les toits du village de Viganella, vallée d’Antrona

Vue sur le village de Bordo – vallée d’Antrona

Des itinéraires transfrontaliers.
Des routes historiques.
Des itinéraires géologiques (roches vertes d’Antrona).
Des treks de montagne pour tous les niveaux.
Un bout du trek Simplon-Fletschhorn.
L’ascension du pic Andolla.
Des marmottes, des lapins sauvages, des cerfs et des chevreuils en très grande quantité.
De la tranquillité ; le silence, et le plaisir de ne croiser aucun touriste.
De très nombreux monastères et églises catholiques remontant parfois jusqu’au XVe siècle.
De nombreux endroits où poser sa tente.
De l’eau potable et des puits à disposition de tout un chacun.
Des truites et de nombreux coins de pêche à la mouche.

Le lac d’Antrona

Mais, ne vous attendez pas à voir – pour l’instant – un grand nombre d’infrastructures, du confort à tous les étages, une facilité d’accès aux principaux villages et des toilettes rénovées dans tous les restaurants du coin. Il est courant de « passer de l’étoile à l’étable », comme disent les gens du coin pour parler d’un passage entre un hôtel de luxe et une auberge un peu naze. Car la vallée d’Antrona commence à peine à développer son tourisme – grâce à l’aide de fonds européens, via le projet VETTA – et c’est pour en parler, sans langue de bois, que j’ai été invité là-bas pendant trois jours.

L’église abandonnée du village de Bordo

A l’intérieur d’une église du Mont Sacré Calvario

Une idée de voyage pas cher en Europe au milieu des montagnes pour treks et randonnées

La Vallée d’Antrona fait partie des Vallées de l’Ossola, dans la région du Lac Majeur (un lac italo-suisse situé à cheval entre le Piémont, la Lombardie et le canton du Tessin). Dans ces vallées, on y trouve, pêle-mêle : les Alpes lépontines, des lacs, des bouts de Suisse, des vignes et des rizières, le massif du Monte Rosa (4637 mètres – deuxième montage d’Europe) ; le Parc National du Val Grande, la plus grande réserve naturelle d’Italie.

Dans le village de Tapia, vallée d’Ossola

Les montagnes, le calme et le vent dessinent des paysages serpentés, coupés à la serpe et aux faux airs de Comté de hobbit. 67 352 habitants – souvent âgés, parfois jeunes et tombés amoureux de la vallée, rarement jeunes et issus de la région – où les seules veritables opportunités d’emploi et de carrière sont à Enel, la société nationale italienne d’électricité.

Et 2500 km de chemins pédestres.
Et des paysages escarpés, souvent sauvages – où les renards et le gibier sont encore si nombreux qu’il faut des chasseurs pour réguler leur population.

De vieilles traditions, du patois à gogo – encore parlé -. Des villages typiques, un travail du bois remarquable, et de beaux lacs naturels et artificiels. Des villages où de vieilles maisons datant de 1400 côtoient des bâtisses abandonnées plus récentes, donnant aux logis un air désuet mais charmant, où les fresques murales chrétiennes décorent les vieilles pierres avec l’harmonie de l’évidence.

Villadossola, Montescheno, Seppiana, Viganella, San Pietro ; toutes entourées par les montagnes, qui restent visibles quelque soit l’endroit où l’on pose ses pieds.

« Si tu nais rond, tu ne peux pas mourir carré »
(dicton local)

Dans le village de Viganella

• Pour y aller
Vol Paris – Milan (à partir de 36 €) puis Milan – Domodossola (en taxi, en bus, en car, en train)

• Hébergements
- Casa Vanni (hôtel trois étoiles: 73 € la chambre + dîner gastronomique inclus pour une personne) dans le village de Viganella.
- Possibilité également de louer de très beaux gîte parfaitement équipés près de Viganella :
4-6 personnes en basse saison : 70 €
8-10 personnes : 90 €
(contacter Erika Colombo : +39 347 2757567 – elle parle parfaitement Français)

- Refuges de montagne : à partir de 20 € la nuit (douches payantes à 1€, venir avec son sac de couchage)
- Refuges sur le chemin de la Suisse : à partir de 40 € la nuit

• Restauration
- Nombreux points d’eau potable en libre accès dans les villages
- Prix d’un dîner gastronomique : autour de 20 € (de l’entrée au dessert, comptez sept plats !)
- Prix d’un plateau apéritif : 42 € pour charcuterie + fromages + miel + confitures + quiche + pain + bouteille de mousseux. Suffisant pour (très bien) nourrir cinq personnes pour le midi.

• Vie pratique
- Pas d’endroits où louer des équipements de pêche / d’alpinisme. Venir avec son matériel ou faire des achats à Milan.
- Itinéraire : à partir du village d’Antrona Piana (considéré comme la capitale du coin), il est possible de partir à l’ouest vers les lacs d’Antrona, de Camposecco, de Cingino, et vers le barrage de Campiccioli. A l’est, on monte jusqu’à Cheggio, à 1497m d’altitude – une station de ski, équipée pour la piste mais plutôt idéale pour le fond et le ski nordique, entourée par les montagnes de 3000 à 4000 mètres.
- Pour louer le service d’un guide diplômé : entre 10 et 20 € de l’heure pour des personnes individuelles. 80 € la demi-journée et 140 € la journée pour les groupes (contacter Erika)