Reki KAWAHARA : les ligths novels et leur écriture…

Publié le 08 juillet 2013 par Paoru

Même si votre cher chocobo est en train de gambader dans les allées de Japan Expo ces jours-ci (c’est à suivre sur les Twitter et Facebook de Journal du Japon d’ailleurs), il ne vous oublie pas pour autant et vous propose de revenir sur une rencontre japanime entre Reki Kawahara, auteur de Sword Art Online et Accel World, et le site Anime News Network. Après vous avoir retranscrit Makoto Shinkai en mai, notre sympathique Goguette s’est donc attelée à la traduction de cette entrevue signé par la journaliste Lynzee. Merci à elles !

La conversation a porté sur les jeux vidéo, ses projets en cours et à venir. Comme le dit ANN : « L’auteur, de sa voix douce, s’est avéré une mine d’information, même à propos des détails les plus subtils de son travail. Il a également tenu à souligner qu’il souhaitait que ses travaux écrits soient distribués aux États Unis.« 

Regardons ça de plus près ! Bonne lecture

ANN : Merci d’avoir pris le temps de me rencontrer, aujourd’hui. J’aimerais vous poser quelques questions au sujet de vos derniers light novels en cours, Sword Art Online et Accel World, mais également au sujet des adaptations dont ils font l’objet. Quel degré d’implication avez-vous eu dans le processus d’adaptation de chaque série, notamment en termes de choix des personnes qui ont collaboré au projet ?

Reki KAWAHARA : J’ai participé à l’écriture du script ; il y a une réunion d’écriture chaque semaine. Je faisais donc en sorte d’être présent et de m’assurer que les scenarii et les histoires étaient justes et correspondaient à ce que j’avais créé. J’ai également assisté chaque fois aux séances d’enregistrement afin d’être certain que la terminologie inhérente à chaque série (i.e. son vocabulaire spécialisé) était correctement prononcée.

Vous êtes actuellement en train de travailler à l’écriture de deux light novels en même temps. Pensez-vous que ce soit un défi d’écrire deux séries à succès simultanément ?

Premièrement, je tiens à préciser que je travaille sur les deux séries à la fois. Mais je travaille aussi indifféremment sur l’une ou l’autre série. J’ai quelquefois du mal à repasser de l’état d’esprit qui m’anime lorsque j’écris Sword Art Online à celui propre à Accel World et vice versa. Au moment où les animes ont commencé, j’ai fait l’objet, en même temps, de requêtes qui allaient de la demande d’interview à des sollicitations pour écrire des nouvelles. Ça m’a encore compliqué les choses. Je devais passer d’un mode à l’autre tellement rapidement que ce n’était pas chose aisée.

Pour Sword Art Online, certains des épisodes du milieu de l’anime étaient basés sur des nouvelles. Y-avait-il un personnage de ces histoires courtes que vous appréciiez tout particulièrement au point de vouloir le faire figurer dans l’adaptation animée ?

Hé bien, pour commencer, lorsqu’il s’est agi d’en faire une série d’animation, l’entreprise de production a souhaité que j’écrive d’autres nouvelles et que je les développe davantage parce que nous avions besoin de plus de matière pour faire des épisodes de 25 minutes. Ensuite, quand je suis venu ici, à Seattle, j’ai assisté à la première diffusion de la version doublée en anglais de l’anime. Je me suis rendu compte que les deux personnages masculins, Agil et Klein, ont beaucoup de succès, ici ; alors j’ai voulu écrire quelques histoires courtes à leur sujet.

J’ai trouvé que les personnages féminins principaux de Sword Art Online comme d’Accel World, Asuna et Kuroyukihime, étaient des personnages très forts et très compétents. Quel genre d’inspiration a régi l’écriture de ces personnages ? Sont-elles basées sur quelqu’un que vous connaissez ?

Il n’y a pas d’individus réels derrière ces personnages. En principe, je ne crée pas de personnage, de cadre, ou quoi que ce soit avant de commencer le travail d’écriture. Au fur et à mesure que j’écris, elles sont devenues ce qu’elles sont désormais. Alors, d’une certaine manière… je ne sais pas vraiment… mais mon subconscient ou bien quelque émotion occultée font que j’ai créé des personnages qui s’avèrent solides et très capables.

Ah… Je vois. J’avais pensé qu’elles reposaient peut-être même sur une référence historique. Je me disais que Kuroyukihime me rappelait — j’essaie de me souvenir du terme adéquat — cette représentation traditionnelle de la très belle femme japonaise… mais elle me faisait également un peu penser à… je ne sais pas… à Genji Monogatari ; à la mère de Genji, (Kiritsubo no kōi) ? C’est aussi une figure forte de la littérature.

Maintenant que j’y pense, peut-être qu’il y a de ça. Mais je ne crois pas que dans ce cas précis, j’aie créé ces personnages avec à l’esprit des femmes de l’Histoire. Ah… Sans doute parce que lorsque j’étais au lycée, j’ai choisi d’étudier l’ « Histoire Mondiale » à la place de l’ « Histoire du Japon ». [n.d.a. : Dans le système scolaire japonais, les lycéens choisissent généralement soit l'une ou l'autre de ces deux matières]

Est-ce que vous songez à continuer d’écrire à propos de réalité virtuelle pour vos futurs travaux ? À quel autre genre d’idée ou de projet voulez-vous vous attaquer ?

Lorsque j’aurai fini les deux séries, Accel World et Sword Art Online… oui, lorsqu’elles seront terminées, il se pourrait que j’aie envie essayer un genre différent de la science fiction.

Y-a-t-il des light novels écrits par vos pairs que vous lisez en ce moment et qui seraient susceptibles de vous inspirer ?

Après avoir signé avec Dengeki Bunko imprint de chez ASCII Media Works, je n’ai pas pu lire les travaux d’autres auteurs parce qu’après avoir lu un roman, j’aurais pu me représenter son auteur. Sinon, ce n’est pas classé comme light novel, mais j’admire vraiment Stephen King. Je pourrais éventuellement être tenté par l’écriture d’une histoire d’horreur.

Vos deux séries jouent sur la veine du jeu en ligne, avec des personnages qui cherchent à s’évader du monde réel pour différentes raisons. Haruyuki est persécuté mais il peut incarner qui il veut, en ligne. Il essaie donc d’échapper à la réalité de cette manière. Pensez-vous que c’est un sentiment commun chez les jeunes, de nos jours ? Trouvez-vous que c’est une question de société actuelle ?

En y repensant, j’ai peut-être eu ce genre de réflexion parce que le jeu en ligne est la cible de l’opprobre de la société. Comme ces jeunes gens qui en font un moyen de fuir leur quotidien, qui finissent par ne plus aller à l’école, rester à la maison et ne plus finalement aller nulle part.

Ce sont des problèmes majeurs, et quelquefois, les jeux en ligne sont montrés du doigt par la société comme étant la cause de ces dérives. Donc, je me suis dit « ce n’est pas vrai. » J’ai peut-être voulu montrer cet univers sous un jour plus positif dans mes travaux.

Récemment, lors d’une interview filmée pour Aniplex au Sakura-Con (de Seattle, Washington), vous avez déclaré jouer à Diablo III, y passer du temps et l’apprécier. Quelle est la classe que vous préférez jouer ?

Ah… chasseur de démons.

Pour finir, avez-vous un message pour vos fans américains ?

J’ai été très impressionné d’apprendre que les fans américains adorent Sword Art online et Accel World… Plus que ce à quoi je m’attendais et ça m’a vraiment touché. L’éditeur original, ASCII Media Works et moi, avons très envie de travailler avec un autre éditeur afin de publier une version anglaise.

Propos recueillis par Lynzee Lamb, le 12 avril 2013, pour ANN (version d’origine ici) et traduits par Goguette pour Paoru.fr.

Vous pouvez suivre Reki Kawahara sur Twitter, ici.