Kiwi Party 2013

Publié le 11 juillet 2013 par Tetue @tetue

Petite mais costaude, la Kiwi Party est une journée de conférence web organisée par Alsacréations. De belles rencontres et de très bonnes conférences autour du CSS, de l'ergonomie et de l'accessibilité.

Des CSS pour Gutenberg

Gutenberg a habité longtemps ici, à Strasbourg. Regardons donc un peu si CSS permet déjà aux editeurs du Web d'être ses dignes successeurs… C'est ainsi que débute la Kiwi Party, avec le co-inventeur du CSS, avec Bert Bos, invité d'honneur de l'événement. Bien que très impressionnée, j'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec lui, et j'étais émue — surtout après un Gewurztraminer — de l'entendre rappeler la simplicité volontaire du CSS, avec un délicieux accent néerlandais.

CSS pour les livres

Avec CSS pour les livres (numériques), Bert Bos présente ce que ce langage peut déjà ou bientôt faire pour la mise en page des livres, imprimés ou numériques. Le langage CSS n'est originellement pas prévu pour la mise en forme des livres, qui se faisait avec XSL, désormais supplanté par les formats EPUB, si bien que de nombreux livres sont déjà formatés en CSS. Colonage, veuves et orphelines, numéros de page, etc. sont déjà possibles avec les propriétés CSS columns, page-break-*, widows/orphans et @page. Césures et notes de bas de page (avec hyphens et content: string(chap, first);) sont des fonctionnalités en développement. Le W3C travaille aussi aux notes de marges, tables de matières, grille, pagination, etc. « Oui, l'ambition est de faire aussi bien que LaTeX avec CSS » répond Bert Bos, mais ce n'est pas pour tout de suite. Voici un compte-rendu clair et complet.

Typo, web, CSS et publication… je kiffe ! Mais quid de l'accessibilité, demande Armony : De chouettes fonctionnalités CSS pour les livres électroniques… mais avec du contenu inséré via CSS (chapitrage, pagination) […] L'accessibilité encore oubliée des futures spécifications ! Je suis aussi réservée sur cet usage du CSS pour tout formater d'un document texte et m'interroge sur la séparation du fond et de la forme. Le contenu devrait être dans la page, dûment balisé. À suivre !

Projet ergonomique et intégration accessible

Ce que vous avez toujours voulu savoir sur CSS

Après quoi Vincent De Oliveira donne un très bon cours de CSS, très complet : il part des bases (cascade, poids des sélecteurs, box model, etc.) et pousse jusqu'aux aspects les plus sophistiqués, pour beaucoup méconnus. À voir et revoir : ce que vous avez toujours voulu savoir sur CSS et même plus !

L'accessibilité, ce n'est pas que pour les aveugles et les handicapés, nous rappelle Jennifer Noesser, avec plein de petits exemples explicites de code et des illustrations éloquentes : une page qui gigote de partout, c'est comme vivre dans une boîte de nuit ; une page sans liens d'évitement, c'est un peu comme un ascenseur sans boutons qui s'arrêterait à chaque étage ; une page sans indication de la langue est un peu comme un Français à l'étranger… Pour avoir déjà travaillé ce sujet, j'apprécie particulièrement son approche, simple et pédagogique, bravo ! À voir : L'accessibilité, mon ingrédient secret.

Y'a pas de pépins, y'a que des solutions !

Comment se déroule un projet ? Duo de choc, Chloé Temesvari et Philippe Roser démontent les idées reçues et déjouent les pièges de la gestion de projet, à commencer par la lettre au Père Noël que constituent les demandes du client, à laquelle il faut savoir dire non pour ne pas se retrouver avec un site impossible à vivre. Je suis d'accord avec eux : l'ergonomie n'est pas un petit plus sur un projet, mais une nécessité pour les utilisateurs, à chaque étape. L'ergonomie ne doit pas être de la responsabilité du seul ergonome, mais doit être partagée avec tous les intervenants : créa, inté, dev, etc. Y'a pas de pépins, y'a que des solutions ! (PDF)

Dans le même genre, j'ai eu le plaisir de partager mes recherches sur le vocabulaire de la conception : Du zoning au mockup, itinéraire d'une maquette web. Il fut aussi question d'intégration d'e-mails responsive, d'accélérer ses pages Web, de CSS kick-ass avec Sass, d'AngularJS et je regrette vraiment de n'avoir pas vu la conférence de Nicolas Hoffmann : Google Analytics vu de l'intégrateur/développeur.

No porn in Mozilla

C'est à Tristan Nitot, évangéliste de Mozilla, que revient le mot de la fin, avec la présentation de Firefox OS. Il défend le Web comme espace de liberté, rappelant l'esprit de partage, fondamental. En 2012, il s'est vendu davantage de smartphones que d'ordinateurs de bureau. Celles et ceux qui découvrent le Web aujourd'hui, le font sur mobile : 2 milliards de personnes vont découvrir internet via smartphone, sans avoir jamais touché ni même vu un PC. Les nouveaux internautes sont d'abord mobinautes. Or le marché de la mobilité est actuellement disputé par les monstres Apple et Google. Mozilla se positionne comme contre pouvoir, équilibrant les forces sur Internet, entre commercial et non-commercial. Firefox OS est un système d'exploitation open source qui repose exclusivement sur des technologies web (HTML5, JS, CSS) et tourne sur des téléphones à configuration réduite.

Code is poetry

Nous rappelant brutalement que nous vivons dans un milieu avant tout masculin et à tendance machiste, Nitot précise : « il n'y aura pas de porno hard core dans le Firefox Marketplace » [*]. La pornographie n'étant qu'aliénation et non liberté d'expression [**], j'apprécie qu'un opérateur libre n'en mette pas à l'étalage. Merci. Bon débarras. Mais d'autres s'offusquent de la privation de liberté que cela représenterait — toujours prompts à défendre leur liberté, hein, pas celle des autres [**] — tandis que je m'étonne qu'on fasse si grand cas de la branlette… laquelle n'est pourtant nullement interdite. Êtes-vous bien sérieux ?

Contrairement à l'Apple Store et au Google Apps Marketplace, le Firefox Marketplace n'est pas un intermédiaire obligé : ce n'est pas le seul endroit où trouver des applis compatibles, lesquelles peuvent être distribuées librement partout sur le Web. Il n'y a ni censure ni privation de liberté. Un autre exemple, moins polémique que le porn, aurait mieux expliqué cela.

Le kiwi, c'est fantastique !

Émue de mon tee-shirt Alsacréations !

Je suis enchantée du voyage, ravie d'être venue voir l'émérite équipe Alsacréations chez elle. J'ai reçu un tee-shirt siglé, qui m'a fait un effet flashback, me renvoyant aux premières fois où j'ai croisé ces pages sur le Web, vers 2003, puis ensuite, tout ce que j'ai appris avec ce site, ses forums généreusement édifiants, ses articles, tutos et exemples, les quizz et concours CSS… Depuis dix ans, Alsacréations pratique et promeut les standards du Web en France, le CSS et l'accessibilité. Merci !

Strasbourg est une ville magnifique, qui vit autour de sa cathédrale et où l'on fait un Web plus beau. Avec sa bonne ambiance, simple et décontractée, ses excellentes conférences et ses chouettes rencontres, la Kiwi Party n'a rien à envier aux autres. Goûtez au Web, pas aux pépins !

Voir en ligne : http://kiwiparty.fr

[*] No obscene pornographic materials, or graphic depictions of sexuality or violence. in Marketplace review criteria.

[**] En réaction contre l'ordre moral il est de bon ton de défendre la pornographie. C'est oublier un peu vite que cette industrie est au premier rang quand il s'agit de renforcer l'aliénation des sexualités féminines et masculines […] Peut-être existe-t-il une autre pornographie, capable de dépasser le point de vue hétéro-masculin et les clichés, de célébrer la fête des corps dans le respect de chacun, d'évoquer le désir et le plaisir. En tous cas, si elle propose sans imposer un regard sur les sexualités, ce n'est sans doute plus de la pornographie.
Lire la suite dans Offensive No 4 | 01-10-2004

Écouter aussi : No porno ?, par Alexis Ipatovtsev, sur France Culture, ce 11 juillet.

La Kiwi Party est un événement gratuit organisé par Alsacréations réunissant conférences et ateliers, autour des thèmes de la conception web et de ses bonnes pratiques : accessibilité, ergonomie, nouveautés technologiques, conformité aux standards.

Toutes les photos de la « kiwiparty2013 »
Ils en parlent aussi : Luc Poupard, Digital Brand Blog, Lije Creative