Le 14 juillet de M. Cantat : irresponsabilité, bêtise et indécence

Publié le 14 juillet 2013 par Lbouvet

Ce matin, alors que commençait le défilé du 14 juillet, Xavier Cantat, conseiller municipal EELV à Villeneuve-Saint-Georges, a publié le tweet suivant : « Fier que la chaise à mon nom reste vide au défilé de bottes des Champs Elysées #14Juillet »

Ce tweet qui a soulevé une légitime indignation pose plusieurs problèmes.

D’abord celui du sens de la responsabilité de son auteur. L’expression d’une conviction politique par un élu de la République appartenant à la majorité – et qui plus est dont la compagne est ministre dans le gouvernement de cette majorité et la responsable nationale majeure d’une de ses composantes – n’est jamais, aussi dérisoire soit-il, un acte anodin même sur Twitter. D’autant que cet élu-ci a des circonstances aggravantes. En effet, si Xavier Cantat était invité et disposait d’un siège à son nom comme il le prétend – comme il s’en vante même ! – aux cérémonies du 14 juillet, ce n’est pas en raison de qualités propres ou d’une action remarquable mais parce qu’il est le compagnon à la ville d’une ministre importante du gouvernement, Cécile Duflot.

Celui ensuite du simplisme, pour ne pas dire plus, de la position qu’il prétend défendre en affirmant ainsi sa conviction antimilitariste. Cette conviction, c’est bien entendu son droit le plus strict. Et d’ailleurs le débat sur le fait de savoir si un défilé militaire est le meilleur moyen de célébrer le 14 juillet n’a rien d’illégitime. Mais encore faut-il avoir le courage de le mener dignement en utilisant des arguments un peu plus fondés que l’affichage d’un mépris hautain.

Mépris pour la fête nationale qui célèbre rappelons-le la Révolution française (la Fête de la Fédération et le souvenir du jour de la prise de la Bastille), et mépris non seulement pour l’institution militaire – dont on rappellera au passage aux commentateurs distraits que si défilé militaire il y a en France, il ne peut en rien être comparé avec ce qui se fait dans des pays non démocratiques ! – mais, pis encore, pour les hommes et les femmes qui la constituent.

Cette année, par exemple, le défilé honorait les troupes qui ont agi récemment pour préserver la sécurité et la liberté du pays (régiments ayant participé aux opérations extérieures, pompiers, policiers…) ainsi que des troupes étrangères invitées et un détachement de l’ONU, notamment après la guerre du Mali. Or ce sont une sécurité et une liberté qui permettent précisément, entre bien d’autres choses, à quelqu’un comme Monsieur Cantat de pouvoir s’exprimer tranquillement sur Twitter, de dire ce qu’il pense comme il le souhaite. Une sécurité et une liberté qui trop souvent coûtent la vie à ceux qui s’engagent pour les défendre : au Mali seulement, les lieutenant Damien Boiteux, sergent-chef Haroold Vermozeel, caporal Cédric Charenton, brigadier-chef Wilfried Pingaud et caporal Alexandre Van Dooren.

 Enfin, une telle attitude révèle, plus profondément encore, un comportement politique d’ensemble. Celui  d’un certain simplisme, présent au sein d’une partie de la gauche et dont la caractéristique essentielle, sur le sujet du jour comme sur d’autres, est de réduire sa réflexion idéologique à une sorte de catéchisme composé d’autant de postures (ici l’antimilitarisme réflexe du gauchisme libertaire) qu’il y a de lieux communs dans l’époque. Le tweet de Monsieur Cantat relève de cette catégorie.

Circonstance aggravante, encore, dans le cas présent, lorsque ce catéchisme est ânonné par un membre privilégié de l’élite politique dirigeante du pays ; en bref lorsque l’indécence donne la main à la bêtise. La célèbre phrase de George Orwell revient ici, hélas, une fois de plus à l’esprit : « Si le mouvement attirait en masse des hommes dotés de meilleurs cerveaux et d’un sens plus élaboré de la décence ordinaire, les personnages douteux (…) cesseraient d’y tenir le haut du pavé. » (Le Quai de Wigan, tr.fr., Paris, 10/18, p. 247).


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