À la merveille

Par Achaqueligne

Réalisateur : Terrence Malick

Acteurs principaux : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem

Durée : 1h 53mn

Ce film raconte l’histoire d’un couple qui s’aime, qui rompt, qui se rabiboche…

Voilà le synopsis de départ. Voilà, c’est tout. Circulez, y a rien à voir. Ou plutôt, tout à voir, rien à écouter. Et pourquoi s’embêter à écrire des dialogues quand on s’appelle Terrence Malick et qu’on peut financer un non-film ? Pendant deux heures durant on voit défiler des cartes postales, toutes plus belles les unes que les autres, certes, mais on ne nous avait pas prévenus qu’on allait voir une pub Chanel ou Kenzo d’une durée de deux heures. Vous me direz avec la présence d’Olga Kurylenko, ça tombait sous le sens. Mais on apprécie ces pubs justement pour leur côté éphémère. C’est ce qui semble avoir échappé au maître.

Ben Affleck (Neil) et Olga Kurylenko (Marina)



Une dizaine de plans où il regarde dans le vague, où elle sautille en le regardant avec espièglerie. Une dizaine de plans avec un coucher de soleil magnifique, certes, mais qui ne comble pas mon appétit de cinéphile. Une dizaine de plans où la caméra joue avec la lumière naturelle qui traverse la transparence d’une fenêtre, d’une étoffe, du feuillage luxuriant d’un arbre géant ou un trou dans une clôture en bois. On les voit s’aimer, rire ensemble puis il commence à regarder l’horizon, à retirer sa main de la sienne. On nous fait subtilement comprendre qu’il se lasse d’elle. Subtilement ? Alors il va voir ailleurs. Rajouter à cela des scènes où l’on se dispute (on se garde bien de nous expliquer pourquoi). On casse tout, on met la maison à sac puis on s’embrasse en se demandant pardon (clip de Rihanna ?).

Rachel McAdams (Jane)

Elle parle français, avec un peu de mal. On se demande bien pourquoi puisque ce n’est pas sa langue maternelle. Mais elle vit en France. Ah ! On comprend mieux. Lui est américain. Il ne parle pas français et elle nous explique au début du film que de toute façon, il n’est pas très bavard. Voilà qui est commode pour le dialoguiste qui ne s’est pas foulé le cerveau. Elle a une amie qui s’adresse à elle en italien pour lui expliquer le sens de la liberté en lui faisant jeter son sac dans la rue car « elle n’en a pas besoin ». Ridicule. N’oublions pas l’espagnol de Javier Bardem dont  je n’ai pas bien saisi le rôle dans le film, je l’avoue. Le film est polyglotte, sans aucun doute.

Les acteurs sont très beaux, trop beaux. Et leur beauté combinée à celle des paysages fait que l’on n’y croit plus.  Avec une Olga Kurylenko montée sur ressort et un Ben Affleck muet, au bout d’une heure on ne se sent plus concernés car tout ça manque un peu d’humanité, un semblant de défaut qui fait que l’on peut se reconnaître dans un personnage ou s’impliquer dans une histoire. La recherche de perfection poussée à l’extrême a crée un mur infranchissable entre le spectateur et le film qui ressemble à ces magazines de mode qui regorgent d’images représentant « la perfection » ou l’image qu’on s’en fait. Des images sur papier glacé qui ne nous concernent pas vraiment.

Affleck-Kurylenko

Alors, si vous voulez voir un bon film qui parle des rapports de couples sans condescendance ni pédantisme, rabattez-vous sur « Les noces rebelles » de Sam Mendes.  Vous en aurez pour votre argent.