EXCLUSIF : L'interview de "GOLDJM SOLO"

Publié le 09 juillet 2007 par Roller91

Jean-marc Goldenberg, alias "GoldJM", a répondu aux questions de Roller91.fr suite à sa victoire aux 24 Heures du Mans 2007 en Solo.

JM Gold, qui es-tu ?

« Je m’appelle Jean-Marc Goldenberg. J’ai 52 ans et je mesure 1m59 ! Je travaille pour la S.P.A. (société protectrice des animaux) en tant qu’agent des services généraux. Ca te va comme présentation ? »

Quand as-tu commencé le roller ?

« Mon histoire avec le roller est longue. Ca fait maintenant 47 ans que je suis sur les patins. J’ai eu ma première paire de patin à roulettes à 5 ans. J’étais dans une fête foraine. Un étranger très habile gagnait tout sur un stand de lancer de cerceaux. J’étais admiratif.

Il m’a demandé : « Ca te ferait plaisir d’avoir cette paire de patins à roulettes ? ». Il l’a gagné pour moi. Il me l’a offerte. Je dois, à cet étranger, ma passion pour le roller.

Pendant des années, mon père ne m’autorisait à les utiliser que dans la cours de notre immeuble. Une cours pavée de Paris a été mon premier lieu d’entrainement.

C’est seulement à l’âge de 8 ans que j’ai eu le droit d’aller faire le tour du B.H.V. à Paris, puis, la cours carré du Louvre et les Tuileries. »

Comment étaient ces patins à roulettes ?

Les plus âgés d’entre vous se rappelleront de ces patins à roulettes qui n’était composés que d’une platine à longueur variable que l’on fixait sous des chaussures. Il fallait les fixer avec des sangles. Les quads et les rollers en ligne n’existaient pas encore. Ou du moins, pas pour le grand public. »

Comment es-tu passé de ses patins à roulettes aux rollers en ligne ?

« Les patins à roulettes ont été pour moi un déclic mais également une longue histoire d’amour. Les quads arriveront plus tard dans ma vie. A 18 ans (en 1973), je faisais beaucoup de promenades avec mes quads. J’étais un fidèle du quad. Je donnais même des cours de roller artistique au Paris Hockey Club. Mais, j’étais devenu l’extraterrestre du patin.

Tout le monde me conseillait de passer aux rollers en ligne afin d’avoir plus de puissance. C’est seulement en 1998 que j’achète ma première paire de roller en ligne : les célèbres Salomon TR9. Aujourd’hui, je ne le regrette pas. »

Quand as-tu commencé la compétition ?

« Tout d’abord, j’étais licencié au Trait d’Union Étoile Saint-Germanoise auprès d’Alain Pigeyre. J’ai fait ma première compétition sur la piste de Longjumeau. A l’époque, j’étais encore en quad. Je me classe 3ème en catégorie Vétéran. Ce fut le déclic.

Puis, quelques temps après je participe à une nouvelle compétition à Avon (77). Je n’avais pas encore toutes les techniques de course. Je ne savais pas me placer. Je n’avais aucune stratégie de course. Mais, ce n’était pas très grave. Je me faisais plaisir.

En 2000, je participe pour la première fois au Grand Fond. Mon objectif était de terminer en moins de 2 heures. Tout le monde me prenait pour un fou. Personne n’y croyait. Je termine ma course au bout de 1 Heure 45 minutes ! A l’âge de 45 ans, je venais de faire mon premier exploit personnel.

Je n’ai sans cesse arrêté de l’améliorer puisque pour le marathon du Val d’Oise, je termine en 1H39. Le marathon de Méru en 1H37. »

L’amélioration de tes performances est-elle liée qu’à l’entrainement ?

« En 2005, un accident de la vie avec le décès de mon père remet tout en cause. Je vais arrêter le roller pendant de nombreux mois.

Mais, il fallait que je rebondisse de cette épreuve. Je voulais montrer à mon père ce dont j’étais capable. « Me surpasser » et « prouver » sont désormais devenus des armes supplémentaires.

Lorsque je reviens à la compétition en 2006, je participe à une petite course à Loury (45). Je termine 1er en Vétéran 2 sur 20 Km. Cette victoire va me regonfler le moral pour la suite. »

Comment es-tu arrivé au club de Breuillet alors que tu habites à St Germain en Laye ?

« En raison de mon travail, je suis amené à faire des déplacements plus ou mon long dans le temps. Un de mes chantiers était non loin de Breuillet. Au lieu de courir pour rejoindre un club près de chez moi, ma femme m’a conseillé de trouver un lieu plus proche de mon travail.

Je suis allé sur la piste de Breuillet. Au départ, je roulais seul. Un jour, j’ai vu un mec qui balayait la piste. J’ai discuté avec lui en pensant qu’il s’agissait d’un employé municipal.

Il s’est rapidement présenté : ‘Baudouin, entraineur du ROBB !’.

Pendant plusieurs semaines, j’ai roulé seul sur la piste. Je faisais du fond. Il s’est avéré que la méthode n’était pas la meilleure. Puis, pour des questions d’assurance alors que je patinais avec les jeunes du R.O.B.B, j’ai pris ma licence. »

Comment se déroulaient les entrainements avec les jeunes du ROBB ?

« Il faut être réaliste. Je me faisais larguer ! Mais, ce n’est pas très grave. Nous n’avons pas tout à fait les mêmes objectifs. »

Quelle fut ta première course aux couleurs du ROBB ?

« En 2007, j’ai participé à la Prépa Fond à la Ferté Bernard. Je termine d’ailleurs 1er de cette course dans ma catégorie vétéran 2.

Puis, je vais participer au grand fond à Damgan. Pendant 7 tours, je vais suivre le peloton de vétéran 1. Mais, un des patineurs devant moi a laissé creuser un trou. Je vais devoir finir les derniers tours seul.

Toutefois, je termine la course premier dans ma catégorie à plus de 2 minutes du 2ème. »

Comment as-tu préparé tes 24 heures du Mans 2007 en solo ?

« J’avais participé à la Trans-Jurassienne en 2006. Mais, j’avais loupé le départ. C’était pour moi une nouvelle épreuve d’endurance sur longue distance.

Cette année, je patine sur les étapes de la F.I.C. Je termine notamment 1er à Nimes et à Dijon, 2ème à Lilles derrière Serge pour qui j’ai beaucoup de respect.

Mon ami Alain de Longjumeau est souvent avec moi sur le podium. Je profite pour le saluer. Il voulait gagner à Dijon. C’était son parcours m’avait-il dit. Je lui ai pris la première place.

A charge de revanche…

(Jean-Marc sur la 2ème marche à la Goëlo. Son ami Alain est sur le 1ère marche !)

Toutefois, j’avais décidé de faire l’impasse sur Rennes. J’ai préféré participer à la traversée des Landes. Cette épreuve me paraissait plus adaptée à ma préparation physique.

Les 24 heures du Mans solo, ce sont 3 mois et demi d’entrainement en plus des compétitions. Tout le monde me disait que faire de la vitesse et préparer le Mans étaient incompatibles. »

Et les derniers temps ?

« La semaine qui a précédé les 24 Heures fut une semaine de repos. J’avais juste fait 84 Km de roller le dimanche sur la voie verte d’Evreux. 84Km, ça ne parait pas beaucoup mais sous la pluie, s’il vous plait ! ».

Avais-tu interrogé des anciens Solos ?

« Je connais de nombreux patineurs. J’avais rencontré Claudie du club de Brétigny (dite Mamy Choupette) qui avait participé l’an dernier aux 24 Heures du Mans en Solo. Elle m’a donné des combines et ces impressions.

Son expérience, plus la préparation physique de mon entraineur : Baudouin m’ont étaient très utiles. Je les salue et remercie tous les deux. ».

Comment as-tu géré les 24 Heures ?

« Le stress, l’énervement de la course m’ont conduit à une erreur dès le premier tour. Je suis parti trop vite. Je boucle mon premier tour en 8 minutes. Mon meilleur temps sur le circuit Bugatti que je connais très bien de part mes anciennes participations.

Lorsque mon fils m’a donné ce temps, j’ai rapidement pris conscience de l’erreur. J’ai rectifié le tir. Dès le 2ème tour j’étais à 9 minutes 30, j’ai encore ralenti pour me fixer entre 10 et 12 minutes du tour. Il faut savoir doser son effort pour aller jusqu’au bout.

Toutefois, j’ai patiné sans cardio. Juste ma montre. Tout au feeling. La confiance totale.

Les conditions étaient très dures. Le vent et la pluie ont mis des difficultés supplémentaires dans mon défi. La pluie qui est tombé pendant la nuit a rendu le sol très glissant. »

Sur quel rythme Patinage Repos étais-tu parti ? « Je voulais faire les 24H sans m’arrêter. En réalité, j’ai alterné 2h à 2h30 de patinage avec 6 à 10 minutes de repos. Mais, à 3 heures de course une crampe s’intensifiait aux adducteurs droits.

La montée du Dunlop devenait un calvaire. J’ai décidé de prendre un breuvage contre les crampes à base de bicarbonate de soude. L’erreur fut d’en prendre de trop. J’ai été malade. »

Les 24 Heures en solo sur la piste mais autour de toi, combien de personnes ?

« J’avais une logistique rien que pour moi. Je participais sans sponsor et sans grand moyen. Ma femme, mon fils, et 2 amis se sont occupés de moi pendant 24 heures. Je les remercie grandement. Je leur dédicace ma victoire. Tout comme à mon père qui doit être fier de moi où il est. »

Une semaine après ton exploit avec le recul, que peux-tu nous dire ?

« J’aurais pu faire mieux si j’avais mieux géré ma course. Je m’aperçois que j’avais fait en plus le mauvais choix de patin. J’ai fabriqué mes propres platines avec seulement 3 roues. J’avais 3 paires de roller.

Mais, je suis allé au bout de mes limites en terme de souffrance. Aujourd’hui encore, il m’est impossible de rechausser les rollers. Il me faut trop mal. »

2007, les 24 heures du Mans roller en Solo. As-tu un nouveau défi pour 2008 ?

« Un nouveau défi : oui. Je ne sais pas encore si ça sera en 2008. Je vais peut-être attendre la retraite en 2010.

J’ai lu dans le Guinness Book qu’un record avait été homologué par un américain. Je voudrais que ce record vienne en France. Cet américain a effectué 8543 Km en roller en 3 mois et demi. Mon défi s’appellera ‘100 pour 100’. Soit 100Km par jour pendant 100 jours. Ainsi, je pourrais battre ce record américain.

Si des sponsors veulent s’associer à ce défi. Qu’ils n’hésitent pas à me contacter. Je n’exclue pas le fait de réaliser ce défi dans un but humanitaire en plus. »

En tout cas, bravo pour cet exploit sportif d’arriver 1er solo aux 24 heures du Mans en étant en plus vétéran 2. Les p’tits jeunes ont des leçons à prendre.

Roller91.fr te remercie de t’être prêté au jeu de notre interview. Nous avons pris note de ton prochain défi et nous ne manquerons pas de le suivre de près !