Ecrit par Rudy MilsteinAvec Rudy Milstein (Rudy), Johann Dionnet (Johann), Jean Gardeil (Jean), Agnès Miguras ou Alexandra Chouraqui (Alex)
Le propos : Rudy, c’est ce mec qui sourit à tout ; à la vie, aux emmerdes, aux siennes et à celles des autres. C’est ce mec qui dit tout, tout ce qui lui passe par la tête. Au grand désespoir de son frère, de son meilleur pote, et de toutes les femmes de sa vie.On suit les aventures de Rudy et de son frère qui apprennent à la mort de leur mère un terrible secret familial…
Mon avis : Un jeudi soir de juillet, la salle était pleine ; pleine en grande majorité d’un public jeune (18-35 ans). C’est un signe probant de la popularité grandissante de l’auteur et personnage principal de la pièce, Rudy Milstein. Avec Sébastien Castro, il est un des fleurons issus de l’Atelier de Pierre Palmade, un de ceux qui savent tout faire, écrire, jouer, mettre en scène…
Sa pièce est loin d’être rudymentaire, au contraire, elle est même rudyment bien, drôlement bien ficelée. Elle raconte en une douzaine de saynètes vives et nerveuses un moment de la vie de Rudy, moment qu’il partage avec son frère, Jean, son meilleur copain, Johann, et une jeune fille, Alex… Très vite, on comprend à quel personnage atypique nous avons affaire. Rudy, c’est l’homme qui rit. Mais contrairement au héros de Victor Hugo, son sourire à lui n’est pas artificiel. Il est aussi spontané et éclatant que chronique. Quel que soit l’avatar qui survient, il se marre. Il n’y a aucune prise face à un garçon en permanence hilare et qui dit « pardon » à tout bout de champ. Pas facile donc d’être son frère, son pote et, a fortiori, sa petite amie…
Les malheurs ? Ils émaillent certes sa vie, mais ils ne l’affectent pas. Tel un bouchon sur un cours d’eau, il surnage tout le temps. Et avec la banane. En revanche, son apathie, sa placidité, son inconscience provoquent de sacrés dégâts collatéraux. Rudy est en décalage total avec la réalité. Il fonctionne avec ses propres codes et les impose presque involontairement aux autres. En fait, il est aussi horripilant qu’attachant. Attachiant même, devrait-on dire…
Les quatre comédiens son épatants. Je ne sais pas comment Jean, Johann et Alex peuvent garder leur sérieux lorsque le public explose de rire, et qu’ils doivent temporiser pour enchaîner leur réplique.
Bien sûr toute la pièce repose sur cet énergumène qu’est Rudy. J’avais déjà remarqué son sourire et son flegme permanents dans L’Entreprise, au Tristan Bernard ainsi que dans quelques shows donnés par la troupe de l’Atelier de Pierre Palmade à la Grande Comédie et à la Gaîté Montparnasse. Il s’est créé un vrai personnage, une sorte d’hurluberlu que l’on préfère imaginer dans la famille des autres que dans la sienne, mais pour lequel on ne peut s’empêcher de nourrir une réelle affection.
Gilbert Jouin