Pamiers : exécution en place publique

Publié le 01 août 2013 par Pantalaskas @chapeau_noir

Sans autre forme de procès, une œuvre de l'artiste Jacques Tissinier, une fontaine conçue en marbre rose ariégeois, vient d'être rasée en début de semaine en place publique dans la ville de Pamiers

Artiste public numéro un Le sculpteur qui fut en d'autres temps désigné comme "artiste public numéro un" par Jacques Séguéla, a reçu une lettre recommandée l''informant du "démontage" de son œuvre ... le jour même de l'exécution. On a compris qu'il n'était pas question de démontage ni de remontage pour une sculpture abandonnée aux assauts de la pelleteuse. On a compris aussi qu'il n'était pas question de laisser à l'artiste le temps d'intervenir, discuter. Le maire de Pamiers assume cette décision : «L’ensemble était dangereusement fragilisé. Il connaissait de sérieux problèmes d’étanchéité. Les plaques de marbre, saillantes, se descellaient et présentaient un danger évident et imminent pour le public et les enfants qui y faisaient du roller. Quand on est maire, on est obligé de prendre des décisions. Parfois dans l’urgence. En l’espèce, c’est la question de sécurité pour mes concitoyens qui a prévalu.» Aucune autre solution de restauration, de mise à jour technique ne semble avoir été envisagée. À croire que l'art public est un vilain défaut, voire une gêne : «Demain soir, il ne restera plus rien et on coulera une chape de béton désactivé, ce qui permettra d’élargir la place. Une bonne nouvelle pour les commerçants qui viennent s’installer lors du marché hebdomadaire» ajoute l'élu. Pour l’instant, rien n’a encore été décidé pour l’avenir de cet emplacement.

Bi-centenaire de la révolution 

Tout semble dit avec ces quelques mots définitifs. Cette fontaine de la place de la République, dédiée au bicentenaire de la Révolution française laisse ainsi la place à une chape de béton,cède le terrain à la primauté de l'espace marchand sur l'espace mémoriel. L'art public à été une longue conquête depuis les années 1930 et l'arrivée de Jean Zay au ministère de l'Éducation nationale sous le Front  populaire. Pour assurer le retour de l'art dans l'espace public, le ministre relance alors la commande publique et encourage une rupture avec la tradition monumentale qui a marqué tout le XIXe siècle. Depuis cette époque, l'art public semble avoir toujours vécu sur une frontière mouvante, agitée, sur laquelle il fallait que les fantassins artistes, architectes livrent bataille pour faire accepter leur création. Récemment encore, c'est le sculpteur Philippe Scrive qui a vu son impressionnante fontaine démontée à Montreuil. (Voir l'article de ce blog "Les sculptures meurent aussi " ). Les exemples ne sont pas rares en France de ces destructions  faites sans aucune considération pour l'artiste.  L'art n'est pas un long fleuve tranquille... ni une fontaine.

Photo source : http://www.ariegenews.com/news-65228.html