Aujourd’hui, on a fait un petit tour à Arles, où se...

Publié le 08 août 2013 par Mmepastel

Aujourd’hui, on a fait un petit tour à Arles, où se déroule comme chaque été le fameux festival de photographie.
Autant vous le dire tout de suite, entre la pluie et les enfants en bas-âge, je n’ai pu voir que deux expos, assez anecdotiques, à côté de grands noms, dont le fameux Tillmans que j’aime beaucoup, et que j’ai ici raté.
Entre deux averses, une expo très oubliable de Vivianne Sassen et une virée au parc (toboggans, et autres délices), j’ai pu voir le travail de fiction documentaire de Cristina De Middel et là, paf, coup de cœur.
Oui oui, fiction documentaire. Cette appellation oxymorique correspond à un projet très touchant de la photographe espagnole.
Elle s’est appuyée sur un fait réel : en 1964, alors que la Zambie proclamait son indépendance, galvanisé par cette victoire, un chercheur voulait envoyer ses compatriotes dans l’espace. Faute de soutien financier, le projet n’a jamais vu le jour. Cet échec a manifestement pas mal marqué les esprits en Afrique et au-delà, puisque presque 50 ans après, Cristina De Middel s’est souvenue de cet espoir fou et doux, et a reconstitué cette aventure scientifico-humaine, avec ses moyens (que l’on devine plutôt petits) et un regard simple et tendre sur ceux qu’elle a nommés les Afronautes.
Sur les photographies, carrées et colorées, se mélangent alors des ingrédients inhabituels : imagerie des séries Z sur l’espace, poussière et tissus africains, visages noirs et stoïques dans des casques. On sent qu’il y a du jeu, que l’on s’amuse à recréer ce rêve. Il y a beaucoup de douceur qui enveloppe ces photos, comme nimbées d’une nostalgie de quelque chose qui n’a pas eu lieu. L’Afrique, continent oublié bien souvent par nous-autres, gens de l’hémisphère nord, figé par un regard semi-navré, semi-indifférent, trop souvent rigidifié par un exotisme insurmontable, montre ainsi qu’elle aussi rêve d’un ailleurs. Un ailleurs grand et beau, poétique. Ce rêve, modestement mais malicieusement mis en scène, nous rapproche de ces Afronautes. On est finalement nombreux sur cette Terre à avoir la tête dans les étoiles.

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