Car les chercheurs suggèrent 2 explications possibles à leurs conclusions. Les personnes qui ont survécu à la guerre sont peut-être les moins vulnérables ou bien, les personnes qui passent par de graves traumatismes présentent une certaine forme de « croissance post-traumatique » qui leur apporte, à travers une plus grande satisfaction d’être en vie et de la vie, une plus grande résilience psychologique propice à une plus longue durée de vie.
Le concept de « croissance post-traumatique » est un concept positif, qui peut même rassurer, cependant, il ne s’agit pas d’oublier le stress post-traumatique.
Cette étude rétrospective de cohorte a examiné si survivre à l’Holocauste avait un effet sur l’espérance de vie, en dépit du traumatisme psychosocial extrême, de la malnutrition, des conditions sanitaires et du manque de soins éprouvés dans les camps de concentration. Les chercheurs ont étudié les dossiers disponibles de 55.220 immigrants en Israël venant de Pologne, nés entre 1919 et 1935, âgés de 4 à 20 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale puis comparé les durées de vie de ceux qui ont immigré avant le début de la guerre (13.766 témoins) et après la Shoah (41 454 survivants). Leur analyse
· les survivants ont vécu environ 6,5 mois de plus en moyenne que les témoins,
· seuls les survivants hommes vivent significativement plus longtemps que témoins hommes,
· il n’y a pas de différence significative pour les femmes, entre survivantes et témoins.
· Certains groupes d’âge concentrent les plus grandes différences d’espérance de vie :
- les enfants âgés de 10 à 15 ans vivent 10 mois de plus en moyenne,
- les adolescents âgés de 16 à 20 ans vivent environ 18 mois de plus en moyenne.
Contre toute attente, écrivent les auteurs, les survivants du génocide sont susceptibles de vivre plus longtemps. Ils suggèrent ces 2 explications, mais il n’est pas possible de dire si l’une de ces explications est exacte. Une moindre vulnérabilité physique et psychique semble expliquer au moins une partie de la différence. Reste tout de même à expliquer pourquoi la différence de survie est constatée seulement chez les hommes. Enfin, l’étude ne prend pas en compte la notion de qualité de vie.
Source:PLOS One doi:10.1371/journal.pone.0069179 online July 24 2013Against All Odds: Genocidal Trauma Is Associated with Longer Life-Expectancy of the Survivors (Visuel© gl0ck – Fotolia.com)