Les vieux loups

Publié le 29 avril 2008 par Jlhuss

Quinquennat oblige, à peine l’élection terminée on pense à la suivante. C’est une manière de passer le temps me direz-vous et d’occuper les chroniqueurs, au demeurant bien aidés par les postulants éventuels. Sarkozy est passé par pertes et profits, son bilan d’un an a été fait au bout de 11 mois, rien n’arrête le progrès, vous savez maintenant qu’une année comporte 11 mois et pas 12 ! Tout change ! Il est vrai qu’un mois de plus, un mois de moins, ne modifient guère l’affaire : “accélération du temps”.

Donc, l’arrêt de mort ayant été prononcé, l’impétrant pour ainsi dire déjà exécuté, il s’agit de désigner le suivant. Les journalistes placent leurs pions sur la ligne de départ, par assauts de petites questions insidieuses et de réflexion sur les pensées au moment  du rasage, la madone étant exemptée. On pourrait d’ailleurs évoquer le maquillage.

Alain Juppé, redoré par sa victoire de Bordeaux a ouvert le bal, il s’en défend d’ailleurs dans son blog :

[On ne cesse de me demander: “Alors, maintenant, qu’est-ce que vous allez faire? Qu’allez-vous choisir: le gouvernement? l’UMP? l’Europe? le vaste monde?” Je réponds invariablement: “Bordeaux!”Les questionneurs reviennent à la charge. Alors, de guerre lasse, je m’en tire par une boutade: “Voyez Berlusconi, 71 ans, ou McCain 72 ans… J’ai tout le temps…” Et cela devient : “Juppé s’intéresse à 2012.”

Un peu d’imagination, que diable! Il y a aussi 2017. Je n’aurai que 72 ans. Si Dieu le veut…]

Il n’a pas fallu autant d’énergie dans l’interrogatoire pour faire avouer Laurent Fabius : il réunissait à Paris plusieurs centaines de personnes avec un seul mot d’ordre : travailler au rassemblement du PS après sa défaite électorale. A son arrivée, l’ancien Premier ministre a affirmé qu’il était “indispensable” de réunir des socialistes de tous courants pour, selon le slogan de la journée, “reconstruire la gauche“, une gauche “décomplexée, fidèle à ses valeurs, rassemblée” qui sache aussi “s’adapter“. “Qu’on ne compte pas sur moi pour disputer le championnat de France des people et le championnat du monde des paillettes“, et d’ajouter :

[ “Si c’est une présidence bling-bling comme c’est la mode aujourd’hui, je n’ai rien à y faire. Si on revient vers davantage de sérieux et de compétences, alors là, on peut y réfléchir“]

Quant à la madone du Poitou, il y a bien longtemps que les choses sont claires :

[”C’est vrai que, pour préparer une alternance dans quatre ans, parce que ça passe vite, il faut s’y prendre tôt (…) Pour cette échéance-là, ce n’est un secret pour personne que je me prépare, bien évidemment“]

Ainsi nous sommes assurés d’éviter l’ennui des « temps morts »

Il faut reconnaître que contrairement à ce que l’on pourrait penser, les présidents jeunes et élus dès la première tentative, n’ont pas tendance à faire long feu chez nous. Rappelez-vous Giscard … un petit tour et puis s’en va … « Au revoir » ! Tu parles ! Les vieux loups cousus de cicatrices, ont la vie bien plus longue : Mitterrand, Chirac … Et n’oublions pas le « loup gris » du FMI bien à l’abri outre-atlantique. On a de quoi s’occuper !