Mafieux à temps plein, il lui faut lier ressources humaines et profitabilité. Côté gestion des hommes, Young Yakuza nous en apprend un paquet. Comment les petites graines de criminels apprennent à servir le thé à leur chef, le plus docilement du monde. Comment ils font attention à ne pas se tromper de frigo, parce qu’ « il y a celui du boss, et il y a le nôtre ». Comment ils veillent à leur coupe de cheveux, par souci d’image.
Représenter, c’est d’ailleurs ce que ces yakuzas font de mieux. La caméra de Jean-Pierre Limosin les suit déambuler dans un centre commercial de la banlieue de Tokyo. Rien n’arrive. Pas de règlement de compte dans la rue, à la napolitaine. Pas de pizzo sicilien, la rançon qu’exige Cosa Nostra des commerçants de quartier. Le boss s’alarme juste d’un autocollant, distribué par la police. Il y est inscrit que les organisations criminelles ne sont pas les bienvenues. A bon entendeur.
Avant, il a fallu avaler le discours sauce managériale que le boss nous a servi en entrée. Il n’a accepté le tournage qu’à une seule condition : que rien des activités illégales de son clan ne fuite. Quitte à le faire passer pour un guignol du crime. C’est réussi.