Ploy, une oeuvre intense

Par Luc24

La critique  

Esthéthique et hypnotique : une oeuvre intense

Un hôtel en Thaïlande. Un homme et une femme, en couple. Ils sont venus pour des funérailles. L'homme va se poser dans un bar, il y fait la rencontre d'une adolescente mystérieuse et sensuelle. Ils conversent. Elle s'appelle Ploy et attend l'arrivée de sa mère au petit matin. Généreux, il l'invite à venir se reposer dans sa chambre où se trouve sa femme. Cette dernière n'appréciera guère la présence de la jeune inconnue dans la même chambre, soupçonnant son mari (après avoir trouvé un billet avec un numéro dans la poche de sa veste) d'être tenté d'aller voir ailleurs. Entre rêves et réalités, le couple va être amené à affronter de façon plus ou moins consciente ses peurs et ses fantasmes...

Ploy n'est pas un film facile. C'est même un film particulièrement étrange. Dans le décor classieux et glacial de cet hôtel des sens, le couple créé par le réalisateur Pen-ek Ratanaruang communique peu, usé par huit années d'union. L'oeuvre est lente, énigmatique, surtout très onirique. Installé confortablement dans son fauteuil, le spectateur pourra de temps à autre piquer du nez. Car Ploy est un film qui ennivre, un petit bijou hypnotique qui nous saisit par son calme inquiétant pour nous amener à ne plus distinguer ce qui tient du rêve ou de la réalité. En effet, les trois personnages installés dans la chambre d'hôtel vont tour à tour s'assoupirent et nous faire partager leurs rêves et cauchemars. Dans cette chambre pleine de non dits et de tension sexuelle, ils réfléchissent en silence, s'abandonnent à leurs pensées intérieures et déambulent comme des fantômes. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le couple est en ville pour des funérailles. Le thème de la mort se retrouve dans les passages rêvés (assassinat, viol et torture) et symboliquement nous pouvons dire que nous assistons à la mort d'un couple.

L'amour aurait une date de péremption, comme les boites de conserve, nous dit le réalisateur à travers un subtil dialogue entre Ploy et Wit. La présence de Ploy (la jeunesse, le style, la beauté) va ainsi être l'ultime électro choc qui va amener le couple à parler de son usure et peut être essayer de se retrouver. L'intrigue sentimentale , intéressante, servirait presque de prétexte tant Ploy se démarque par une beauté formelle qui n'en finit plus de nous hypnotiser. Nous sommes plongés en terrain inconnu, guidé par une étrange musique électronique et un brin érotique, on navigue entre rêves et réalités, passant d'un personnage à l'autre. Et autant dire que certaines rêveries valent le détour, à l'image de celles du personnage de Ploy, d'une brulante sensualité. Voici donc un film mystérieux et rare, d'une grande beauté visuelle et qui échappe à tous les pièges scénaristiques du genre. Une oeuvre précieuse, comme l'amour.



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