Max | JV comme Justice & Vérité, comme Jacques Vergès

Publié le 29 août 2013 par Aragon

J'ai été bercé dans mon enfance et mon adolescence dans les bras d'un homme qui me fascinait. J'ai tout de suite pigé de quoi il s'agissait. De Justice et de Vérité. Cela m'a semblé dès les prémices du balbutiement de ma conscience citoyenne le fondement même d'une société démocratique, sa pierre angulaire !

Cet homme m'impressionnait, me faisait un peu peur parfois, sa voix de stentor, magnétique, me captivait, son physique, sa prestance - passionné de théâtre il avait été élevé à l'école des Pitoëff, ceci expliquant cela -, sa force de conviction, sa volonté de fer de montrer aux français par le biais de cet outil naissant qu'il pressentait comme un moyen de transmission et de savoir exceptionnel - la télévision - que la justice ça se faisait, ça se construisait, que ce n'était pas acquis, que c'était le sang et l'oxygène de notre démocratie française et républicaine. Cet homme était aussi un adversaire acharné de la peine de mort. Cet homme avait un vrai coeur, une vraie raison et une immense conscience.

Si j'avais été moins fainéant, né dans une autre famille (ça ne me gêne plus de dire ça) j'aurais fait des études de droit et je serais devenu avocat. J'en ai rêvé. Cet homme m'a fait des cataplasmes de toges noires, des intraveineuses des plaidoiries des Jacques Isorni, Vincent de Moro Giafferi, Maurice Garçon, Henry Torrès, Albert Naud, René Floriot, Emile Pollak, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Robert Badinter...

Cet homme c'était l'incomparable et magnifique Frédéric Pottecher.

Je pense à lui parce que Jacques Vergès nous a quitté récemment. Pendant des années, au fil des procès, des hommes - pas des causes - défendus, j'ai beaucoup été intrigué, énervé, captivé, fasciné, convaincu, par Jacques Vergès, par son talent immense (dans la lignée des grands noms cités plus haut) dans son métier d'art d'avocat.

Laissant les frasques de l'homme, sa peopolerie galopante souvent, ses amitiés parfois douteuses mais qui lui appartenaient de plein droit, laissant toutes ces scories - la gangue - j'en arrive à la conclusion que c'était un homme, un avocat vraiment d'exception, oui, et j'en veux pour preuve, entre mille,l'incomparable qualité maîtrisée de sa plaidoirie, technique, précise, sans effets de manche, pourtant perdue d'avance au cours du procès Barbie d'où il sortira sous les huées. Le "Monde" titrera le 10 et 11 mai 1987, que ce procès sera l'affrontement de Serge Klarsfeld "militant de la mémoire" contre Jacques Vergès "Un maître iconoclaste". Vergès avocat et maître iconoclaste, quel hommage, quelle "reconnaissance" ; le journaliste de ce quotidien ne se doutait pas de la portée intrinsèque si juste de ce qu'il écrivait.

Je veux lui rendre un vibrant et très sincère hommage aujourd'hui. Salut à jamais et à toujours à toi, iconoclaste Maître Vergès !

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Document-la-plaidoi...

http://thomas.petit.gr.free.fr/Mes_travaux_Master_Barbi2....