Lone Ranger de Gore Verbinski avec Johnny Depp, Armie Hammer, Helena Bonham Carter, Tom Wilkinson, William Fichtner, Ruth Wilson

Par Kojimaemi

Dans une fête foraine, un petit garçon déguisé en cow boy masqué tombe nez à nez avec un étrange et très vieil Amérindien qui nourrit un oiseau empaillé. Ce dernier, très justement nommé Tonto, va alors lui raconter une histoire étonnante: celle de la naissance de la légende de Lone Ranger.

Lone Ranger n'échappe pas à la mécanique qui a fait le succès de Pirates des Caraïbes. Impossible de ne pas voir la touche Verbinski dans ce Disney pas très surprenant mais plutôt réussi. Le réalisateur n'a pas lésiné sur le côté spectaculaire et le film en met plein la vue tout en offrant des séquences plus drôles ou émouvantes. Apparemment, c'est un bide monumental outre-Atlantique. Dommage car c'est un bon western crasseux et presque violent, bien éloigné du monde guimauve et bisounours habituel de Disney. Après, je peux comprendre la lassitude que l'on peut éprouver en découvrant Johnny Depp pour la énième fois dans un personnage complètement barré qui n'est pas sans rappeler Jack Sparrow. Sans oublier qu'il est accompagné d'un acolyte beau gosse mais très naïf, qui n'est pas sans rappeler Will Turner. Tonto et John Reid sont aussi bien assortis que Laurel et Hardy; ils ne s'entendent pas et ne cessent de se chamailler... Tiens, comme Jack Sparrow et Will Turner! Le problème est là, je pense. Les personnages de Pirates des Caraïbes ont été transposés au Texas cent ans plus tard et malgré toute la bienveillance dont le spectateur fait preuve, il ne peut pas se débarrasser d'une dérangeante sensation de déjà vu. En y réfléchissant bien, la trame du récit est aussi très proche du tome Des rails sur la prairie de Lucky Luke. Il n'y a aucun élément de surprise.

Fort heureusement, un film ne repose pas que sur son scénarion - ce serait bien triste sinon. Les superbes décors plongent le spectateur dans le Texas poussiéreux du XIXème siècle où la modernité du chemin de fer en construction bute contre l'archaïsme de la loi du plus fort. Les paysages arides qui s'étendent à perte de vue abritent bien plus souvent des actes de barbarie que des gestes de bonté et la présence de ce paysage, presque un personnage à part entière, contribue beaucoup à la réussite du film. Ensuite, il faut aussi mentionner le casting. J'ai déjà évoqué Johnny Depp, toujours aussi convainquant en bienheureux fêlé - mais bon s'il pouvait changer de registre, ce serait sympa - et Armie Hammer, sympathique justicier débutant et très chanceux. Autour de ces bras-cassés, duo comique plutôt efficace, gravitent d'odieux personnages comme le dégoûtant cannibale Butch Cavendish, incarné par l'excellent William Fichtner. J'ai adoré le personnage totalement inutile de Red Harrington rien que pour la dégaine d'Helena Bonham Carter, actrice que je vénère. L'idée de sa fausse jambe tatouée qui se transforme fusil est géniale. A noter aussi, la présence de Barry Pepper (Il faut sauver le soldat Ryan) et James Badge Dale (The Pacific).

Comme je le disais plus haut, Gore Verbinski a brillamment joué sur le côté spectaculaire du film en nous offrant des chevauchées fantastiques sur (oui oui, sur) un train au son de Guillaume Tell de Rossini remanié par Hans Zimmer. La fin du film est carrément épique, dingue et survoltée. Donc malgré une histoire assez moyenne, Lone Ranger est un très bon divertissement porté par une belle esthétique, des scènes décoiffantes et un humour décalé.