Au commencement...

Publié le 03 septembre 2013 par Perce-Neige

Au commencement  était l’escalier, émergeant somptueusement d’un amoncellement de gravats et de plâtres, puis le plancher bafoué, en désordre poussiéreux,  qu’échafaudait, sans véritable projet, un remue ménage d’outillage, et de mortier, et de livres en piles désordonnées, et de fripes et de dessous, et roulements dispersés de tapis persans, et chignoles, vis et clous, et garde-robe dissipée qu’escomptait, dans l’ombre, une montagne de coussins brodés. Au commencement était l’impatience espiègle des assauts redoublés du vent qui jamais, là-haut, sur la lande, si près de l’océan, ne désespérait d’en découdre. Au commencement était l’accéléré du ciel, qu’emportait ribambelles de nuages, et d’aubes à peine écloses, et de ténèbres souvent redoublées. Au commencement était, dans un coin, l’édredon, les péripéties d’une mitraille d’oreillers, gesticulations maladroites de ces doigts invoqués par l’aveu d’un caprice. Au commencement était ce jeu, et divers chatouillements, et mystères que jamais, promis, tu ne dévoileras, et gémissement de la toiture et presque soulèvement des tuiles, et débris du soir qu’oubliait la lucarne, juste à la verticale du bonheur. Au commencement était l’extrême densité du temps, l’humide rumination du désir, l’impossible retour en arrière, le plaisir de, juste, prononcer ton nom. Au commencement était le verbe. Et le verbe était en Jade. Et en Charles-Antoine. Et en Violaine. Et Jade était le verbe. Et le verbe était Jade.