Les trois plaies de la France

Publié le 05 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints

Trois plaies françaises empoisonnent la vie des affaires et nuisent à l'entrepreneuriat.

Par Xavier Chambolle.
Malgré l’optimisme du gouvernement, depuis bien des années, l’économie française n’est pas particulièrement reluisante et les petites entreprises souffrent. On peut blâmer l’économie mondiale ou encore l’Europe, mais il suffit alors de sortir du pays pour constater que le problème est interne.

Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre quelles sont les trois principales plaies de la France. Il suffit soit d’expérimenter soi-même en entreprenant, soit de discuter avec des entrepreneurs et autres personnes qui font des affaires ou côtoient ces gens. Heureusement il y a des personnes qui en profitent.

La fiscalité

La fiscalité en France pose problème. D’abord elle est pour beaucoup de monde confiscatoire, car trop lourde. Elle n’est pas trop lourde pour les plus riches, mais pour ceux juste en-dessous. Suffisamment riches pour payer beaucoup d’impôts, mais pas assez pour réaliser une réelle optimisation fiscale.

Car non seulement la fiscalité est lourde, mais en plus elle est foisonnante et complexe. Amusez-vous à naviguer sur le site des impôts pour découvrir les multiples impôts et taxes.

Comme cela ne suffit pas, cette fiscalité est mouvante ! Elle change en permanence. Pas seulement les taux, mais les modalités et bien entendu les noms. On augmente par ci, on baisse éventuellement par là ; on supprime celle-ci, puis on en crée une nouvelle… Nos hauts-fonctionnaires et responsables politiques ont une imagination débordante. Malheureusement, jamais ils ne prennent la peine de remplir les formulaires qu’ils nous imposent.

À qui cela profite ? Aux entrepreneurs ? Non, c’est pure perte de temps et d’argent. À l’État ? Probablement pas, un système stable et simple lui coûterait moins cher et, courbe de Laffer oblige, s’il était moins gourmand il y gagnerait probablement plus.

Il n’y a bien qu’aux experts comptables et fiscalistes que cela bénéficie ! Sans oublier les fonctionnaires employés pour gérer l’usine à gaz.

La réglementation

Depuis le bureau d’un énarque ça doit être un bien joli tableau : la forêt réglementaire française foisonnante, les massifs de bureaucrates imposants et les flots d’abrogations avec l’écume des circulaires…

La réalité c’est que les 12 travaux d’Astérix ne sont pas une caricature. Nous avons tous eu une expérience déplorable avec l’administration française.

D’un point de vue économique, c’est un immense boulet. Coûteux pour l’État, donc le contribuable qui doit le financer, diminuant ainsi son pouvoir d’achat. Coûteux également pour l’entreprise qui doit veiller à tout respecter. Est-ce être anarchiste que de demander à alléger tous ces codes ?

D’un point de vue humain, c’est ingérable. Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on…

Enfin, non seulement les lois et règlements sont très contraignants, non seulement ils sont foisonnants et complexes, mais en plus ils changent en permanence !

Cette fois-ci, ce sont plus les métiers juridiques et ceux reliés aux ressources humaines qui en profitent. Mais également tout un tas d’entreprises exploitant telle ou telle loi comme argument de vente. Pour quelle réelle création de richesse au fait ? Pourtant elles contribuent au PIB…

La justice

C’est probablement la plaie la plus insidieuse, celle que personne ne conteste, mais qui, pourtant, n’est l’objet d’aucune promesse électorale.

En France la justice est lente, donc coûteuse. Si vous n’avez jamais lu les journaux ni été dans un tribunal, quand je vous dis que c’est lent, il ne s’agit pas de quelques mois… On parle en années ! Inutile que ce soit complexe pour que cela dure. Nous engorgeons nos tribunaux avec des affaires de crimes et délits sans victimes : drogues, défense du corporatisme et comportements routiers. Nos prisons sont pleines de ces faux criminels et nos policiers, quand ils ne remplissent pas de paperasses, ne s’occupent plus que de cela.

Comme la justice est procédurière, parfois contre tout bon sens, elle en devient stupide.

À qui cela profite-il ? Aux avocats, peut-être. Mais surtout aux crapules. Une crapule, que ce soit votre client ou votre fournisseur, sait combien cela va vous coûter et combien de temps vous allez perdre à saisir la justice, alors il fait du chantage. Vous avez le choix : vous pouvez perdre de l’argent et du temps en refusant de céder, ou bien perdre juste de l’argent en cédant à cet odieux chantage.

Ainsi la justice sert-elle les crapules, qui vivent dans l’impunité la plus totale, au détriment des victimes. Surtout ces victimes qui ne rentrent pas dans les statistiques nationales car jamais elles ne feront appel à la justice.

Résumons

Les trois plaies de la France sont les suivantes :

  • une fiscalité complexe, lourde et instable,
  • une réglementation complexe, contraignante et instable,
  • une justice inique exploitée par les crapules.

Sans toucher aux « services publiques », sans toucher au « filet social », sans faire ces grandes réformes qui divisent profondément les Français, le gouvernement pourrait régler simplement ces trois grandes plaies comme suit :

  • un impôt à taux unique et une TVA unique stables, sans niches fiscales,
  • une énorme coupe dans les codes, une grande simplification générale et figer les choses pour un paquet d’années,
  • mettre fin à la guerre contre les drogues, mettre fin à la criminalisation des automobilistes, cesser de protéger les corporatismes ; sanctionner les vraies crapules et les vrais criminels, rapidement (sans être expéditif).

Bien entendu, nous le savons pertinemment, la classe politique n’a pas besoin de porter le débat sur ces questions, il lui suffit d’acheter des électeurs avec l’argent des contribuables. Et si le contribuable n’avait plus d’argent ?

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