Classiques ardennaises : le bilan

Publié le 30 avril 2008 par Cyclisman
Nous ne sommes que début mai, et je crois qu’on peut affirmer que la saison 2008 d’Alejandro Valverde est dors et déjà mieux réussie que sa saison 2007, où il n’avait jamais levé les bras – au sens propre du terme, puisqu’il avait quand même remporté quelques contre-la-montre.


La victoire de Valverde à Liège n’est d’ailleurs peut-être que le commencement d’une série de grandes victoires cette saison ; le murcian jouera en effet son va-tout au Tour de France, aux JO, à la Vuelta et au Mondial. Quatre raisons de penser que cette saison verra le retour d’El Imbatido, qu’on avait un peu perdu l’an dernier…et pourquoi pas sera la saison la plus réussie de la carrière d’Alejandro jusqu’à ce jour, en détrônant la saison 2006, saison très réussie également.
Mais nous n’en sommes pas encore là, et avant de nous tourner vers la suite de la saison, portons un regard sur les classiques ardennaises, réussies dans l’ensemble par Valverde :
Sa 3e place à l’Amstel prouvait qu’il était bien dans le coup, même s’il manquait du petit plus qu’avait alors Cunego. Sa décevante 21e place à la Flèche est à oublier et à mettre sur le compte du froid et de la pluie, qu’il n’aime visiblement pas du tout – information à retenir. Quand à Liège, je développe ma grande satisfaction dans les lignes suivantes.
Avant de parler précisément du cas de Valverde, juste un mot sur les classiques ardennaises en général : elles ont vraiment été riches en suspens et en action, aucun coureur ou équipe ne contrôlait vraiment la course et le grand gagnant, sans parler des trois beaux vainqueurs que l’on a eu, a donc été le spectateur – que le cyclisme continue comme cela ! Voilà, c’est dit, maintenant, retour à Alejandro :
Au regard de sa préparation minimaliste (la Klasika Primavera et Paris/Camembert ne feront jamais le poids face au Tour du Pays/Basque, la course idéale pour se préparer aux ardennaises), voulue bien entendu dans le but de ne pas gêner sa préparation au Tour de France, Valverde s’est en très bien sortit lors de ce triplé ardennais, face à des coureurs comme Cunego et F.Schleck qui n’ont pas fait mieux qu’Alejandro (1 victoire pour l’italien et deux podiums pour l’ainé des frères Schleck). Je dirais même que l’espagnol fut le grand gagnant des trois classiques puisque sans s’être vraiment préparé, il a réussit à remporter la Doyenne, souvent considérée comme la plus belle classique des trois. Valverde n’était pas le meilleur, il a simplement combiné avec adresse son talent, son expérience et quand même sa forme assez bonne pour réaliser une course parfaite : Liège/Bastogne/Liège. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai nommé le titre de l’article après Liège : « Du grand Valverde » : alors que l’on commençait à s’impatienter devant la faiblesse tactique d’Alejandro (certains plus que d’autres, d’ailleurs…) - c’était d’ailleurs légitime, après une Klasika Primavera raté assez bêtement – Valverde réalise une course parfaite, habilement manœuvrée. Le duo des deux frères Schleck paraissait pourtant difficile à contrôler ; l’échappée solitaire d’Andy Schleck dans le final parut un instant dangereuse, mais Valverde aidé de Rebellin ne paniquèrent pas et réussirent à s’entendre pour rattraper sans donner trop de force le cadet des frères Schleck. Rebellin encore alla chercher F.Schleck lorsque celui jeta sa dernière cartouche, après que son frère est été rattrapé.
Valverde, sachant qu’il n’était pas le plus fort, s’est en fait servit de Rebellin, ce dernier étant piégé entre une victoire d’un des Schleck et une arrivée au sprint remporté par Valverde. Une fois le trio Rebellin – F.Schleck – Valverde réunit, Alejandro n’avait plus qu’à contrôler que personne ne sorte, F.Schleck en particulier : la victoire était joué d’avance. Valverde étant le meilleur sprinteur, il ne voulu pas refaire la même erreur qu'à la Klasika Primavera où il s'était lancé trop tard et il lança cette fois le sprint de très loin pour dominer sur la ligne nettement ses deux concurrents.
Très bonne course tactique donc, qui promet pour la suite. Valverde a retrouvé le goût de la victoire, et le fait de disputer Paris/Camembert juste avant les ardennaises n’était probablement pas anodin : une victoire était presque assurée, petite victoire dans son palmarès certes mais qui a certainement servit de déclic pour l’espagnol. Après deux ans sans victoire dans une course en ligne, Valverde manquait peut-être de confiance, et rien de mieux qu’une course de Coupe de France pour renier avec la joie de lever les bras (regardez d’ailleurs la photo de sa victoire : on voit bien qu’il laisse éclater sa joie, comme si enfin, la malédiction l’avait quittée et qu’il pourrait redevenir El Imbatido…une délivrance en quelque sorte).
Oui, j’en suis persuadé, Valverde avait besoin d’une victoire pour pouvoir à nouveau lever les bras régulièrement, et voyez ce qu’il se passa une semaine et demi après sa victoire à Paris/Camembert : course parfaite comme on n’en avait pas vu depuis (très) longtemps de la part de l’espagnol et victoire à Liège/Bastogne/Liège. Valverde est repartit sur de bons rails, c’est bon, et j’ai vraiment hâte de voir ce que cela va donner au Tour de France, dans 2 mois !


source de la photo : Abarca Sport