Quand l'éducation passe par les toilettes

Publié le 23 octobre 2012 par Dopalruka @DoPalRuka
L'absence d'installations sanitaires ou leur insalubrité dans 37% des écoles indiennes découragent beaucoup de filles à poursuivre leur scolarité.

Dans les zones rurales, les écoliers indiens doivent parfois parcourir de longues distances 
à pied ou en bus pour rejoindre leur établissement (Photo : J.G / Rajasthan)


Des millions de petites Indiennes n’iront jamais à l’école, privées de moyens de transport pour s’y rendre, ou tenues de rester à la maison pour assumer les tâches domestiques et s’occuper des plus petits*. Si elles ont eu plus de chance au départ, elles devront peut-être abandonner leur salle de classe pour travailler et aider financièrement leur famille ou se marier dès le plus jeune âge… Plus surprenant, beaucoup d'entre elles font l’école buissonnière… parce qu’il n’y a pas de toilettes dans leur école. 
Selon une étude de l'ONG Children Rights and You (CRY), 37% des établissements du pays n’ont pas de W.C dignes de ce nom. Quand les toilettes ne sont pas carrément inexistantes, elles sont hors d'usage : pas de nettoyage régulier, pas d'eau, pas de vérou et pas de compartiment pour filles et garçons. Les enfants n’ont pas d’autre choix que de traverser l’humiliante épreuve de faire leur besoin dehors. Les filles en souffrent particulièrement, exposées à une double menace : les agressions et les infections. Le problème s'accroît pour elles au moment de la puberté.
Dans les foyers défavorisés des grandes villes, c’est d’abord l’absence ou l’insalubrité des toilettes qui décident les parents à garder leurs filles à la maison. Sur un forum féminin, Revathi, une mère en recherche d’une école à Bangalore, s’inquiète d’abord de l’état des latrines. Elle doit reconnaître que malheureusement, elle « accorde plus d’importance aux toilettes qu’aux enseignements ». 
Début octobre, la Cour suprême a exigé de toutes les écoles du pays qu'elles installent des toilettes et procurent de l’eau potable à leurs élèves d’ici le mois de mars. Pour que les jeunes indiennes puissent enfin retrouver leur dignité... et le chemin de l'école.
*Selon le CRY, dans les grandes villes indiennes, 2 sondés sur 5 pensent qu'un individu n'est plus considéré comme un enfant dès lors qu'il est "grand", peut s'occuper d'enfants, effectuer les tâches ménagères, cuisiner ainsi que travailler et gagner de l'argent.