[Live report] Cabaret Vert 2013

Publié le 09 septembre 2013 par Greencatsbabies @greencatsbabies

En ardennaise pure souche, je retourne chaque année dans la ville de Rimbaud pour ce magnifique rendez-vous de fin d’été qu’est le Cabaret Vert. Avec 75 000 visiteurs en 4 jours, le record d’affluence est une nouvelle fois battu; de quoi confirmer sa place dans le top ten des festivals français. Pour cette neuvième édition (déjà!) on retiendra avoir bien mangé, pris de légers coups de soleil (et une averse), l’humour des spectacles de rues, les surprenantes vidéos du chapiteau aux images et surtout ces quelques 38 concerts d’une programmation riche et éclectique.

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

 # jeudi. Le mécanique démarre doucement.

Le premier concert rappelle l’engagement du festival “rock & territoire”. Carbon connu précédemment et localement sous le nom de Grendel (qui participa aux premières éditions du festival) ouvre le bal avec un son lourd et métaleux. On reprend mes marques doucement et note l’apparition de nouveaux stands. Le festival ne cesse de s’améliorer, pour le confort des festivaliers.

Eels © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Des mecs en survêt’ à trois bandes (merci le sponsor!) foulent la scène Zanzibar, il s’agit de Eels – combo américain de rock expérimental dont je n’ai jamais entendu parler (oui ça arrive). Les gars font saturer leurs guitares et la voix légèrement bluesy du chanteur pourtant sort du fracas. Certaines chansons plus douces et dédiées aux filles (dirty girl) seront aussi chantées, c’est alors la mélodie qui enchantera le public.

Alt-J © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Place au groupe du moment: Alt-J qui confirmera leur molesse en live. Si les morceaux comme Breezeblocks et Matilda suscitent l’entrain du public, le groupe de Leeds n’en profite pour créer un moment pop grandiose et céleste. Malgré cette perte de magie en concert, ils s’essaient à une reprise à capella de College a real hero, plutôt satisfaisante.

Deftones © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

La tête d’affiche du jour se nomme Deftones et c’est déjà leur deuxième passage sur les terres carolo-macériennes. Après la perte tragique de leur bassiste en mai dernier, le groupe continue sur sa lancée novatrice en terme de métal alternatif. Pourtant ce sera le moment pour moi d’aller au Chapiteau des Images, se régaler devant la sélection de vidéos. Ce soir on y (re)découvre le clip de Jay-Z et Kanye West, la série des Babioles et les réalisations du studio Imov entre autres.

A$AP Rocky © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Arrivé en retard, A$AP Rocky peut palper l’excitation du public. Le rappeur est plutôt bavard, ce qui n’est pas sans déplaire. Brandissant un joint et récitant son adage préféré (pussy, money, weed), il se distingue peu des rappeurs habituels. C’est grâce à son énergie et un flow soutenu par un MC en régie que le concert séduit.

Asaf © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

L’ovni Asaf Avidan semble en faire à sa tête en ce début de concert, en enchainant des morceaux plus expérimentaux (de longs passages instrumentaux, une chanson très orientale) que ceux pour lesquels on le connait. Le public, quoi que décontenancé, reste jusqu’à entendre the reckoning song  et leave it. Le déséquilibre du set ne jouera pas en faveur de l’Israélien; les festivaliers veulent s’amuser et danser. La promesse est tenue d’emblée de jeu avec Major Lazer. Diplo fait le show et déambule sur le public dans une bulle, fait péter les confettis, est entouré de danseuses très entreprenantes. On déplore pourtant l’arnaque sonore, où rien ne semble jouer en live. Les festivaliers succomberont même lorsque le DJ passe Nirvana et Stromae ("the best tune right now").

Major Lazer © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

# vendredi. le soleil a rendez-vous avec le rock.

Bass Drum Of Death © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

La journée commence au camping, sous un soleil de plomb. On plante sa tente quand au loin Den House commence déjà son set de folk. Le temps d’arriver la musique a pris une toute autre couleur avec Bass drum of death: du rock-garage dans toute sa splendeur et son manque d’originalité. Ca tape fort autant sur scène que dans les cieux. Les plus téméraires, passionnés et sourds enchainent avec Sick of it all et The bronx, pour des sets de plus en plus foudroyants. Les deux groupes américains déballent un punk hardcore qui collent parfaitement avec les attentes des festivaliers purs et durs.

Skip The Use © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Chanceux de l’annulation de Beady Eye, les Lillois (enfin Bruants) de Skip The Use sont promus sur la grande scène. Après leur heure de jeu, on se demande comment il aurait pu en être autrement. Comme à leur habitude, ils livrent un rock efficace mêlé à une énergie punk (leur précédent groupe) et électro. La foule s’amasse en nombre pour participer avec ferveur à ce moment de liesse populaire. Matt profite du cadre pour s’adonner à des reprises de Nirvana et Iron Maiden; son constant dynamisme se répercute sur un public demandeur.

Il faut désormais reprendre des forces; c’est donc devant un public parsemé que JC Satàn officie avec son noise prometteur.

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Enfin le moment tant attendu, celui qui fera explosé les records: les éternels adolescents de The Offspring. Si on a peu entendu parler d’eux en France depuis leur best-of, l’attente n’en demeure pas moins folle. 21 000 personnes se serrent dans le square Bayard pour applaudir et chanter en coeur avec les Californiens. Dexter monte sur scène avec une veste old-school, qu’il quitte rapidement (3è chanson) au profit de la guitare pour amorcer Come out and play, et son fameux riff oriental. S’ensuivent les meilleurs morceaux du groupe et surtout une dernière demi-heure de folie dès Hit that. Le concert se termine sur l’énergique et tubesque Self-esteem qui satisfera tous les coeurs. Loin de se focaliser sur son dernier album (dont il ne jouera qu’un titre), le groupe a misé sur les valeurs sures de leurs tubes pour rendre la fête plus belle et mémorable: pari gagné! Il faut un moment pour redescendre sur Terre et se dire que ce groupe emblématique a foulé le sol ardennais.

Boys Noize © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Passer en quelques minutes à l’électro-synthétique des Crystal Castles est périlleux. Je préfère passer mon tour pour cette fois et me préserver pour le show du berlinois. En effet Boys Noize est le dernier à fouler la scène Zanzibar en ce vendredi. Joncher sur une tête de mort, le DJ allemand balance d’entrée son dernier single (what you want) et l’effet escompté est décuplé. La puissance du set ne va pas faiblir d’un iota et la pelouse se transforme en dancefloor impressionnant.

#samedi. journée orageuse mais joyeuse.

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

La pluie réveille les campeurs, mais il en faut plus pour démoraliser un festivalier. Après une bonne douche (glacée) et une délicieuse pizza (je reviendrais sur la nourriture plus tard), la journée démarre par le rire. Au square Bayard on découvre la compagnie Okidok, un farfelu duo d’acrobates en slip. Le spectacle est décalé, frais et culotté. Les deux gars dépassent et se moquent des codes du spectacle de rue. En quelques acrobaties et inepties, on tombe vite sous leur charme.

Contrarié par la météo, le set de H-burns attire les festivaliers à reculons. Difficile pour le Français de donner à fond devant un public fuyant. Il relativisera suite à une averse “d’ici on aurait cru que vous n’aimiez pas cette chanson et êtes parti en courant”.

Cas similaire pour Grindi Manberg, qui n’a pas l’habitude de jouer en plein jour. Il faut dire que leur musique pop planante requiert une atmosphère particulière pour être délecter.

Bomba Estero © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Bomba Estereo est plus chanceux de son côté. Est-ce la musique ensoleillée colombienne ou l’énergie remuante de sa chanteuse qui pousse les nuages ? Peu importe, la foule se rassemble devant ce groupe qui mêle savamment les rythmes sud-américains et l’électro. Même si un peu répétitif, leur musique redonne de l’entrain à ce samedi maussade jusqu’à présent.

Royal Republic © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Place à mes chouchous du festival, ceux que je n’avais pas vu venir: Royal Republic. Doté d’un chanteur-guitariste charismatique à souhait, les suédois embarquent le public en deux clins d’oeil. Ténébreux et joueur, Adam s’occupe de charmer les filles; pendant que ses trois acolytes balancent un rock vif et viril. Oscillant entre le punk et le pop, le groupe enchaîne mélodies, riffs tranchants et rythmes endiablés. Le public répond volontiers aux demandes des nordiques, comme s’asseoir ou chanter (des paroles qu’ils ne connaissent pas nécessairement, mais le groupe s’adaptera en les simplifiant). Certains les comparent déjà à The Hives, mais une chose est sûre on aimerait voir plus souvent des groupes ainsi en live.

Two Door Cinema Club © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

La machine à tubes irlandaise se produit sur la grande scène. Si on danse volontiers sur les deux albums des Two Door Cinema Club, en live cela sonne trop propre. La spontanéïté prodigieuse qui sort des claviers et guitares s’évaporent malheureusement en concert.

Hanni El Khatib © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

L’autre déception de la soirée s’appelle Hanni El Khatib. Silencieux devant la foule, le rocker joue son set dans une bulle. La qualité est au rendez-vous, les guitares saignent et les pogo se multiplient; au vu du dernier album radieux on osait espérer plus d’entrain sur scène. Même le rappel Family semble jouer à contre-coeur.

On écoute le Wu-Tang de loin en se rassasiant, puis direction le Chapiteau aux Images pour les courts coquins. On est pas les seuls à avoir eu la même idée. Certaines vidéos vous marquent plus que d’autres, tel est le cas de Glazin’.

Bloody Beetroots © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Pour la deuxième fois on retrouve les italiens au Cabaret Vert et c’est un plaisir partagé de tous. C’est une claque à chaque pulsation, un choc à chaque décibel passé, une euphorie en somme. Une chose est sûre, les Bloody Beetroots ne sont pas là pour se tourner les pouces. Ils nous rendent ivre, ivre de danser sur leur folle électro acidulé et addictive. Sur le chemin du retour, le set de Brodinki semble fade; il est temps de dormir.

# dimanche. originalité sous tous les angles.

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

De belles surprises pour ce dernier jour. Tout commence avec une jeune harpiste qui associe son instrument à de l’électro. On n’avait jamais vu ça jusqu’à présent et Mila Marina se défend avec brio. La jeune pousse séduit les oreilles les plus attentives avec sa magie.

Le reggae-ska qu’on attendait depuis 3 jours nous vient d’outre-Manche. The Skints mélangent les instruments pour des résultats surprenants et surtout dansant. Pour continuer sur cette vague, on se dirige vers le Temps des cerises, lieu où la bière coule à flot et où la musique ne s’arrête jamais. Le collectif Back in Time nous réjouit de ses pépites 60’s. Une vraie remontée dans le temps à l’abri des regards.

Heymoonshaker © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Déjà présent depuis la veille sur le festival, Heymoonshaker a déjà sévi avec son beat-box-blues. Les compositions éveillent peu la curiosité, mais l’alliance des deux styles vaut son pesant d’attention. En toute décontraction le duo désire rendre le public plus heureux qu’il ne l’était en arrivant.

Valérie June © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Curiosité toujours avec la prêtresse Valerie June, devenue en l’espace de quelques mois, la reine du Mississippi. Délicieuse et secrète, la jeune femme semble tout droit sortie d’une autre époque lorsqu’elle livre ses ballades folk. On apprécie la retrouver seule sur scène avec son banjo pour seul ami et sa stupéfiante voix. Une fois le voyage fini, on repart la tête pleine de couleurs et d’histoires.

Keny Arkana © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Avant de repartir on entend la rage de Keny Arkana, qui a su rajeunir et renouveler le public. En effet le dimanche – grâce à son prix modique – laisse la possibilité aux familles et personnes modestes de participer à la fête.

Le Cabaret Vert, ce n’est pas seulement de la musique. On a pu parler brièvement des courts-métrages, des spectacles de rue, mais n’oublions pas la nourriture, le village associatif, l’espace BD et les bénévoles.

En espérant ne pas trop vous faire baver, j’ai pu me délecter de délicieuses croûtes ardennaises, tartiflette, fougasse et autres crèpes fait-maison. Les aventuriers ont testé cette année le kebab au sanglier et les fromages locaux. Car ici, place aux plats traditionnels et aux produits cultivés sur le territoire. Il en va de même côté boisson: bières artisanales à foison, jus de pomme et eau gratuite.

Violette (bénévole au stand crèpes) explique le succès de son stand par la bonne humeur de ses camarades “les crèpiers font le show”. Elle apprécie l’esprit de rigolade des festivaliers qu’elle sert. Ses recommandations: crèpes à la gelée d’orties et celles au boudin blanc. Suite à cette excellente expérience, elle souhaite réitérer l’an prochain.

Au gymnase on retrouve comme tous les ans le village associatif. Il s’inscrit dans les engagements du festival en faveur du développement durable, et offre une visibilité à ces associations.

Pour la première année, le Secours Catholique est présent. Ses bénévoles souhaitent “donner une image autre que celle des grenouilles de bénitier”. Les festivaliers, généralement très ouverts, écoutent les actions menées. L’objectif de leur présence est de se faire connaitre et de monter un projet au Kirghizistan avec des 18-30ans. Catherine, notre interlocutrice, apprécie l’ambiance avec les autres associations, qui viennent découvrir les stands de chacun.

Monté par l’envie commune de plusieurs bénévoles, le festival aujourd’hui refuse des candidatures. Avec ces quelques 1 150 bénévoles, le Cabaret Vert est un lieu où l’humain est au centre. Qu’elles soient musicales, amoureuses, fraternelles ou autres, on se souvient des rencontres qui ont lieu ici. La mobilisation de chacun se ressent dans toutes les coins du site.

Lors d’un repas au square alternatif, j’ai croisé la route de Maxime et Alexis, bénévoles pour la seconde fois. Il y a un an, tout deux ne se connaissaient. Ils se sont rencontrés entre deux pressions à servir au bar de la R’quinqure l’an passé. S’ils reviennent cette année, c’est pour “l’ambiance, l’équipe soudée, l’esprit de famille (ils appellent leur chef d’équipe Maman Charlotte) qui règne et la bière gratos”. En plus de pouvoir contribuer à un festival vert, ils découvrent comme beaucoup la région. Pour Alexis, la ville n’entrait en résonnance qu’avec Rimbaud. Maxime de son côté, apprécie les groupes de métal locaux; il trouve que cette année “ça manque de rock”.

Le Cabaret Vert, unique en son genre, ne cesse de surprendre et faire parler de lui. Que nous réserve sa dixième édition en 2014? on est pressé de le savoir.

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

Ambiance © DarkRoom – Cabaret Vert 2013

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