Le mûrier – A15

Publié le 12 septembre 2013 par Goure

Continuons notre approche des arbres d'Ampus, toujours calmes , toujours sereins..à la différence de certains humains...

Car les arbres racontent aussi l'histoire d'Ampus. C'est pourquoi nous les aimons et avons décidé, au sein d'Emporium, de les étudier et d'aboutir à une exposition pour les faire mieux connaître.
Lorsque vous allez à Draguignan , regardez avant d'être à la campagne Sainte Anne, vous verrez des mûriers , restes des rangées de mûriers dont la feuille , précieuse, servait à la nourriture des vers à soie.
Quand j'avais une dizaine d'années, avant le collège, avec mes copines dont Rosette Pellegrin, nous allions cueillir des feuilles de mûrier. En effet , nous avions un élevage de vers à soie.Mme Marie Lambert tenait une épicerie coopérative et , pour arrondir son salaire , elle élevait des vers à soie et vendait ensuite les cocons qui allaient donner de la soie.Par gentillesse , elle m'avait donné de la "graine" , point de départ de l'aventure.
Plusieurs femmes du village avaient aussi un élevage de vers à soie. Notre instituteur (trice) nous avait conseillé de faire e même , non pour le gain , mais pour tout ce que cet élevage pourrait nous apprendre. Et en effet c'était passionnant. Je m'en souviens encore avec émotion . Souvent lorsque je passe devant ces mûriers en allant à Dragui ou en revenant , je pense à mon petit élevage installé dans notre grenier , sur des canisses (claies). La feuille de mûrier avait beaucoup d'importance:les vers à soie étaient du genre vorace, mais ils ne les mangeaient que si elles étaient propres. Souillées , ils les refusaient, d'où une cueillette quotidienne. Avant de donner les feuilles propres , il fallait enlever celles de la veille ainsi que les crottes des vers à soie.


Lisez l'article "Une activité disparue" que j'avais écrit sur ce sujet.

Maintenant plus personne ne pratique cet élevage et sans doute bien peu en ont entendu parler.
Les gens connaissent le mûrier platane apprécié pour son ombrage et ses fruits comestibles. Ce n'est pas le mûrier que je préfère: le mien est celui qui nourrissait les vers à soie.

Le genre Morus, appartenant à la famille des Moraceae, est le genre des mûriers, il est composé d'une dizaine d'espèces. Il s'agit d'arbres ou d'arbustes dont certains sont cultivés pour leurs fruits (les mûres) ou leurs feuilles, qui servent de nourriture au ver à soie.

Les mûriers sont cultivés pour :

  • leurs feuilles : mûrier blanc (pour l'élevage du ver à soie ou bombyx du mûrier).
  • leurs fruits : mûrier noir, mûrier blanc et hybrides tels que 'Illinois Everbearing' (mûrier blanc x mûrier rouge, le mûrier noir ne s'hybride pas car il compte 308 chromosomes contre généralement 28 pour le blanc et le rouge). Ce sont des fruits de bouche, consommés frais et séchés notamment les mûres blanches qu'on sèche en Iran, au Pakistan et en Asie Centrale et qui sont alors sucrées et aromatiques.
  • leur caractère ornemental, pour l'ombre qu'il procure, entre autres.
  • leur bois. Chez les Amérindiens, on utilisait le mûrier rouge pour fabriquer les arcs pour la chasse. Le bois du mûrier est également particulièrement mis en valeur dans de nombreux instruments de la musique populaire orientale.
  • fabriquer une sorte de vin avec les fruits du mûrier noir en Cornouailles. On en fait aussi de la liqueur, comme pour le cassis.
  • Qu'est_ce qu'une magnanerie ? Une magnanerie (terme venant de l'occitan magnan qui désigne le bombyx du mûrier) est un lieu d'exploitation de sériciculture (l'élevage du ver à soie).L'exploitant d'une magnanerie est appelé un magnanier ou plus couramment magnan. Dans une exploitation agricole, on peut aussi rencontrer la dénomination magnanière pour le bâtiment destiné à la sériciculture. Les femmes employées dans une magnanerie sont appelées magnanarelles ou magnarelles.
    Des magnanarelles apparaissent dès l’acte I de l’opéra Mireille, opéra de Charles Gounod de 1864, d’après l’œuvre de Frédéric Mistral.
    Il existe un « Lycée des Magnanarelles », un lycée technique situé aux Arcs (Var, PACA).Les femmes d'Ampus qui vendaient les cocons les vendaient aux Arcs qui centralisaient la production des villages alentour.