Les perturbateurs endocriniens

Publié le 15 septembre 2013 par Recherchedubienetre

Près de 40 % des produits d’hygiène-beauté contiennent au moins un perturbateur endocrinien (PE), substance chimique interférant avec la régulation hormonale, selon une étude rendue publique vendredi 13 septembre à Paris. Selon cette enquête réalisée sur une base de quinze mille produits de beauté-hygiène par Noteo Institut en partenariat avec le Réseau environnement santé (RES), les vernis à ongles arrivent en tête (74 % d’entre eux contiennent au moins un PE) devant les fonds de teint (71 %), les produits de maquillage pour les yeux (51 %), les démaquillants (43 %), les rouges à lèvres (40 %), les soins du visage (38 %), les déodorants (36 %), les dentifrices (30 %) et les shampoings (24 %).

Les perturbateurs endocriniens sont susceptibles de provoquer, même à très faibles doses, une grande variété d’effets, notamment sur le développement physiologique des individus exposés pendant la période intra-utérine.
Ils sont notamment suspectés d’avoir un impact sur la fertilité et d’être liés à l’augmentation du nombre de cancers dits « hormono-dépendants », principalement ceux du sein et de la prostate. On en trouve dans les produits d’hygiène mais également dans les contenants alimentaires.

 LES PARABÈNES, PARMI LES « PE » LES PLUS UTILISÉS

Parmi les PE les plus fréquemment utilisés dans les produits d’hygiène-beauté, figurent les parabènes (23 %) et le cyclopentasiloxane (15 %), le triclosan n’étant présent que dans 1,3 % des produits. « On trouve souvent plusieurs de ces substances dans un même produit » souligne Baptiste Marty, le président-fondateur de Noteo, qui appelle le gouvernement à interdire leur usage dans les produits du quotidien.

Les produits labellisés « bio » semblent largement épargnés par le phénomène selon l’étude, qui n’a retrouvé un PE que dans 1,3 % d’entre eux, essentiellement le cinnamal, que l’on trouve naturellement dans certaines huiles essentielles (cannelle, jacinthe, patchouli). Selon le toxicologue et « lanceur d’alerte » André Cicolella, qui préside le Réseau environnement santé (RES), quelque huit cent soixante-dix PE ont d’ores et déjà été identifiés parmi les cent quarante-trois mille substances présentes sur le marché aujourd’hui, mais leur nombre réel pourrait être « beaucoup plus important ».

La mobilisation contre l’un d’entre eux, le bisphénol A (PBA), une substance présente principalement dans les plastiques, a abouti à l’interdiction de ce perturbateur dans les biberons en Europe en 2011. Cette interdiction a été étendue par la France le 1er janvier 2013 à tous les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans et s’appliquera à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015.

Pour aider les consommateurs à s’y retrouver, Noteo a développé un service de notation qui concerne des dizaines de milliers de produits au quotidien selon quatre critères : santé, environnement, social et budget. Leurs fiches individuelles sont consultables gratuitement sur le site de Noteo ou au moyen d’une application disponible pour iPhone et Android. Il est possible de scanner le code-barres du produit pour découvrir la note obtenue. Moins le produit contient de perturbateurs endocriniens, meilleure est la note. 

Cette base de données, actualisée en permanence, constitue également une incitation pour les industriels à adapter leurs formulations et à trouver des substituts. Le 5 septembre, la multinationale Procter & Gamble a annoncé qu’elle supprimait les phtalates et le triclosan de ses produits, et un réseau de coopératives danoises s’est engagé dans la substitution des perturbateurs endocriniens, a souligné André Cicolella. Signe que les « les lignes bougent », pour Baptiste Marty.