J’y étais et vous : Plein les bottes

Publié le 19 septembre 2013 par Diesemag @diesemag

Le dimanche 15 Septembre avait lieu la dernière des trois représentations de la pièce de théâtre Plein les bottes au Théâtre Clavel.

Le pitch? Dans un pays imaginaire, trois personnages hauts en couleurs se retrouvent devant un médiateur pour décider de l’avenir de leur nation et décider qui va en prendre la direction.

Autant dire qu’on ne sait pas du tout à quoi s’attendre et la présence sur scène d’une batterie, d’une guitare et de percus ne nous avance pas plus, mais la pièce mérite néanmoins déjà son titre d’Objet Théâtral car on se doute dès lors qu’on n’aura pas juste droit à un enchaînement de monologues et dialogues.

Il s’avère que sous couvert d’évoquer une discussion sur une prise de pouvoirs, la pièce évoque avec justesse et simplicité le drame de l’Afrique post-coloniale. Sujet souvent rabâché mais rarement aussi complètement traité car la nouveauté ici c’est qu’on y évoque aussi la situation du médiateur, Mr Blanc, ironiquement ici représentée par une doublette noir/blanc (pour évoquer ses côtés clair et obscur?), arrivant plein de bonne volonté, de préjugés, se réfugiant dans un semblant de discipline, une nécessité de Mettre de l’Ordre dans le chaos ambiant et dans les poches de son pays, avant de sombrer dans une mégalomanie en tous points semblable à celles des pions qu’il manipule et finir en échec et mat tout comme eux.

On pointe d’un doigt pas du tout moralisateur la perte de l’intérêt commun de tous ces hommes que l’on a adroitement privé de leaders et qui ne regardent aujourd’hui l’Étranger comme la solution à tous les problèmes qu’ils ne peuvent plus gérer, ceux qui frustrés de ne pas avoir pu s’échapper subissent ce qu’ils pensent être du mépris de la part des Élus qui ont traversé. Ils en ont Plein les Bottes de ce pays qui ne leur apportent pas de solutions, alors non à l’union qui fait la force et c’est Chacun s’assoit et Dieu le pousse!!!

Chapeau bas à la jeune Saran Koly pour avoir su enlevé à ce sujet son poids de mélodrames accusateurs et de fausses excuses pour en révéler juste la réalité, avec une mise en scène drôle, rythmique et parfaitement rythmée. Saran koly qui nous offre, elle-même le moment plus saisissant de la pièce avec un monologue, suivi d’une danse proche de la transe, pendant lesquels son regard, perçant, déroutant, traduit la tristesse, le désespoir, le conflit intérieur que vit la jeunesse perdue face à leurs aînés désormais désabusés, blasés.

Chapeau bas à tous les acteurs Fernand-Mr Papillon-Prince, Natou-Mme Séraphin-Thiam, Josh Gregory/ Ousmane -Mr Blanc Koné et Basile-Mr Romulus-Siekoua A.K.A. Tabu Ley Rochereau pour leur enthousiasme, leur générosité qui nous entraînent à la fin de la représentation à danser avec eux, nous relevant immédiatement du triste constat sur lequel s’achève la pièce, en guise d’indication subtile à ce qui pourrait arriver à l’Afrique encore et encore?

#Avis : Tout en dansant, on se demande si Plein les bottes, est une pièce juste distrayante ou gentiment et efficacement dérangeante? Tout ce qu’on souhaite à cette troupe pleine de volonté c’est de se montrer plusieurs fois encore pour que plus de gens aient envie de trouver une réponse à cette question.

#Shona