[anthologie permanente] Stéphane Bouquet

Par Florence Trocmé

Stéphane Bouquet publie Les amours suivants, aux éditions Champ Vallon.  
1. regarde les gens vont vers le métro 
il est matin, à quelqu’un  
personne ne veut donner d’argent 
– quoi – rien, je dis simplement que la pluie 
commence à tomber, les 2 petits frères 
font des plocs-fusillades avec la bouche 
est-ce qu’on peut capter le paysage 
parsemé sous les crânes et déduire 
le ciel de 258 vies 
regarde les jeunes hommes parlent arabe 
dans le train, on amasse en vain 
leurs voix indéchiffrables 
heureusement dans le livre Pasternak réussit à écumer 
les lentilles de l’étang des jours, on tourne les pages 
comme 
comme courir sur une aurore de mousse mouillée 
– quoi – rien,  rien  je dis seulement 
que le ciel ne va pas se lever 
2. la longue mer ouverte calme 
d’ici sous des pergolas de vigne 
les voiliers sont des lignes de silence 
elle promet : quand la brume disparaîtra 
brillera le château de duino 
là-bas ils ont le quasi même spectacle 
d’un capot métallisé de mer 
mais la brume est restée toujours : soi 
on est enveloppé dans l’émotion 
d’un soir = aux 
regarde les rouges fruits décongelés de l’enfance 
bon les anges ont eu la gentillesse 
de venir même si brume, celui dans la rue médiévale 
qui vend metadona heroina cocaina 
simplement acheter juste 1 g 
pour + tard nous vaso-dilater 
dans le genre colossal des orgies de duino, elle dit non 
Stéphane Bouquet, Les amours suivants, Champ Vallon, 2013, pp. 74 et 75 
Stéphane Bouquet dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, ex. 3, ex. 4, Nos Amériques (par Yann Miralles), « Où en est la poésie de Stéphane Bouquet » (par Ariane Dreyfus), à propos d’Objets d’Amérique d’Y. di Manno