[Critique] JIMMY P. (PSYCHOTHÉRAPIE D’UN INDIEN DES PLAINES)

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Jimmy P. (Psychotherapy of a Plains Indian)

Note:
Origine : France/États-Unis
Réalisateur : Arnaud Desplechin
Distribution : Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina Mckee, Larry Pine, Joseph Cross, Elya Baskin, Gary Farmer, Michelle Thrush…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 11 septembre 2013

Le Pitch :
Souffrant de violents maux de tête, Jimmy Picard est admis à l’hôpital militaire de Topeka. Il va alors rencontrer le psychanalyste Georges Devereux et entamer un travail psychanalytique qui explorera ses traumas profonds, notamment ceux créés par la Seconde Guerre Mondiale, à laquelle il participa en France…

La Critique :
Mathieu Amalric, l’acteur fétiche d’Arnaud Desplechin qui le dirige pour la cinquième fois, en psychanalyste un peu excentrique et Benicio Del Toro en indien blackfoot calme mais tourmenté, l’affiche donne envie. Et c’est vrai que Jimmy P. a ce qu’on appelle « de la gueule ». Subtil et bien mis en scène, le métrage possède de nombreuses qualités, à commencer par les deux têtes d’affiche de grand talent, qui parviennent à lui donner une profondeur intéressante. Et si Mathieu Amalric a dit avoir été impressionné par Benicio Del Toro, il n’est pas non plus en reste. Habitué des rôles un peu en marge, il s’en donne ici à cœur joie en interprétant un psychanalyste quelque peu « borderline ». Benicio Del Toro est quant à lui, toujours aussi doué et charismatique. Il est d’ailleurs un peu à contre courant des rôles qu’on lui connaît parfois, notamment de celui qu’il a tenu dans un de ces derniers filmd, à savoir Savages par exemple.

Ici, il interprète Jimmy Picard, un personnage renfermé et peu bavard, qui cache de multiples blessures antérieures. Grâce à ce personnage assez particulier, cet acteur prodige parvient à ajouter une corde supplémentaire à son arc, et offre une dimension profonde au long-métrage de manière générale.

Jimmy P. est agréablement mis en scène, ainsi que doté d’une photographie intelligente et volontairement vieillie. Elle s’adapte à l’époque de cette histoire qui se déroule dans les années 50. Les nombreux plans et divers angles de vue viennent peaufiner un film définitivement réussi d’un point de vue esthétique. Les principaux points forts de ce long-métrage sont les discussions parfois vives et les réminiscences intéressantes explorées.

L’esthétisme est donc soigné, la mise en scène plutôt agréable et il n’y a rien à redire côté interprétation. Mais alors qu’est-ce qui cloche réellement dans Jimmy P. ? Et bien tout simplement cet ennui que l’on ressent très fortement au visionnage. Un ennui qui ne se limite pas à quelques instants en particulier, mais qui se ressent énormément. Et cela, en dépit de quelques scènes prenantes. C’est un récit d’introspection qui explore les souvenirs douloureux d’un homme dans le tourment, qui pousse notre réflexion personnelle. Le tout est très lent, il n’y a pas de réels rebondissements, qui nous amèneraient vers une certaine émotion. On observe un aspect assez excluant pour le spectateur qui assiste aux échanges des deux protagonistes, qui s’ils sont intéressants, ne parviennent pas à enrayer cette longueur éprouvée et ce sentiment de platitude.
Sentiment de platitude renforcé par le fait que les lieux sont réduits, et que les scènes se concentrent sur les dialogues entres les deux protagonistes principaux.

Le film d’Arnaud Desplechin est aussi doté d’une poésie bien présente, qui s’harmonise avec les thèmes présents, à savoir l’introspection, les souvenirs, mais aussi le traitement des âmes tourmentées en quête de rédemption. Malgré l’ennui que l’on peut ressentir lié principalement au manque d’action mais surtout d’émotion, on parvient à sourire et à être tout de même interpellé.

Et ceci essentiellement grâce aux deux têtes d’affiche, ainsi qu’à la présence de l’actrice Gina Mckee qui apporte beaucoup de fraîcheur.

Malgré ses qualités indéniables, Jimmy P (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) qui est une adaptation du livre (du même nom) de Georges Devereux publié en 1951, ne restera pas dans les annales.

@ Audrey Cartier

Crédits photos : Le Pacte