The Newsroom, Saison 2: La Confirmation

Publié le 01 octobre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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Il y a un an, on vous parlait avec passion de The Newsroom, le nouveau joujou télévisuel d’Aaron Sorkin sur le monde du journalisme télé. Cet été a vu paraître la tant attendue deuxième saison qui devait confirmer tout le potentiel et tout le bien que l’on pensait de la série d’HBO. Ça n’a pas raté.

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Le rythme de croisière est trouvé
Dix épisodes l’an passé, neuf cette fois-ci, d’une durée d’environ 55 minutes. C’est un peu plus court que le schéma classique des séries drama (en moyenne 12 épisodes), ce qui permet de ne pas trop faire
de place au remplissage et aux longueurs. Un mal pour un bien pour une série qui vit principalement par son rythme soutenu et ses dialogues ping-pong, signature de Sorkin. Tout va encore à cent milles à l’heure et il faut bien un ou deux épisodes pour se réhabituer à ce train d’enfer. Pour nous, spectateurs, comme pour les scénaristes et acteurs.
Mais une fois les pendules remises à l’heure, la série s’envole de nouveau vers des sommets d’intelligence et de maitrise. Peut être encore plus que lors de la première saison. Le principal défaut jusque là était le fouillis autour des histoires secondaires dites « de cœur », chose qui se délie petit à petit ici au fil de la saison. Chacun trouve enfin son rôle dans l’affaire derrière le trio magique Charlie, Will & Mac. Neal (Dev Patel) le geek qui doit sauver la vie de tout le monde, Sloan (la toujours délicieuse Olivia Munn) dans un costume de journaliste gaffeuse pour la touche humoristique, Jim Harper (John Gallagher) en gentil amoureux de sa collègue mais qui le cache encore, Maggie la fameuse collègue qui vit un véritable enfer durant la saison et Don le flambeur au bon fond.
Les cartes sont parfaitement distribuées pour des acteurs rodés et la sauce prend sans aucun problème. Et pour en relever le goût, on a bien évidemment aussi les « méchants », représentés par la famille Lansing (Chris Messina et la légendaire Jane Fonda) à la tête de la chaine, rejoint cette année par le très peu scrupuleux Jerry Dantana (Hamish Linklater, convaincant en connard sûr de lui) et l’avocate du diable Rebecca Halliday (Marcia Gay Harden).
Un casting haut en couleur qui s’avère être l’un des grands points fort sur lequel peut s’appuyer la série pour prendre des risques. 

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Un angle original 
Si on pouvait craindre un essoufflement
rapide du fait du sujet principal de la série (le monde d’une chaine d’information), Sorkin et ses collègues ont réussi un très joli tour de passe-passe pour nous tenir en haleine et éviter la redondance.
Bien évidemment, il y a ce traitement des différents sujets d’actualités qui ont fait les choux gras durant la période 2011-2012: DSK (un peu), les émeutes en Syrie et en Egypte après la diffusion du « film » Innocence of Muslim et bien sûr les élections américaines, véritable toile de fond de la saison puisque l’on suit par exemple les tribulations de Jim en reporter sur le terrain couvrant la campagne du candidat républicain Mitt Romney et que la saison se termine le soir de la réélection de Barack Obama.
Mais le véritable fil rouge est ailleurs. Les scénaristes ont ficelé une très intéressante histoire mettant en péril la crédibilité d’ACN après la diffusion d’un reportage dénonçant l’utilisation de gaz sarin par l’armée américaine (chose qui s’avèrera bidon finalement). On ne vous spoile rien ici puisque c’est le postulat de départ de la saison qui utilise le système des flashbacks pour partir du pré-procès en remontant, morceau par morceau, du début de l’information jusqu’au processus de création du documentaire en passant par les différentes phases de doute face à la véracité de la bombe mise entre les mains de l’équipe rédactionnelle.
Une idée parfaitement mise en place et réalisée de manière originale qui ne peut qu’être considéré comme un nouvel excellent point à mettre au crédit de la série.

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Quelques points faibles subsistent
Tout n’est cependant pas encore parfait. On regrettera par exemple que le départ en Afrique de Maggie et du drame qui s’en est suivi ne soit pas plus approfondi au point de quasi disparaitre au milieu de la saison. Il y a ce côté moralisateur -que l’on dénonçait déjà lors de la première saison- qui subsistent également. Si Will est un formidable enculé de donneur de leçons imbu de sa personne, cette facette du personnage déteint un peu sur le contenu de la série qui prend, parfois, des allures de vérité absolue qui peut irriter.

Il est dommage aussi que les antagonistes du départ deviennent petit à petit des gentils méchants. C’est le cas de la mère et du fil Lansing pourtant parfaits au départ dans leurs rôles de salauds. Pareil pour Don dont le côté égoïste est vite disparu pour une étiquette bien plus sympathique (qu’il porte bien aussi, ceci dit).
Il y a parfois un air de « tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau » trop poli qui ne s’accorde pas vraiment avec l’autre partie poil à gratter et impertinente de la série. Comme cette fin de saison en gros gros happy end sans la moindre ombre d’un twist qui ferait le pont avec la prochaine saison. Peut être parce que les scénaristes n’étaient pas certains qu’une troisième saison serait commandée par la direction d’HBO ?

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Et maintenant ?
Il faut dire que cette seconde année n’a pas permis de rassembler plus de fidèles devant leur poste. Pire, elle en a même perdu (1.8M de moyenne sur la saison quand la première pointait à 1.95M avec un final faible à 1.65 contre 2.3 l’an passé). Pas une catastrophe non plus pour une série qui ne s’adresse pas forcément au grand public et qui a bien été reconduit pour une saison supplémentaire. Mais attention quand même de ne pas perdre trop de monde en route
et Sorkin & co devront sortir un nouvel atout de taille pour tenter d’agrandir la fanbase. Avec pourquoi pas un guest star d’envergure ?
En tout cas, si la série n’accroche pas un succès commercial immense, elle s’attire le respect des critiques et de la profession. Après des nominations aux Golden Globes l’an passé, The Newsroom et Jeff Daniels ont connu la consécration il y a peu avec un Emmy Awards pour ce dernier dans la catégorie « meilleur acteur dans une série dramatique » devant des Walter White ou autre Kevin Spacey et Damian Lewis pour leur interprétation dans House of Cards et Homeland. Pas mal non ?

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Meilleurs épisodes:- Episode 4 (Unintended Consequences)
- Episode 6 (One Step Too Many)
- Episode 7 (Red Team III)

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