[Critique] SUSPECT

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Frozen Ground

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Scott Walker
Distribution : Nicolas Cage, John Cusack, Vanessa Hudgens, Dean Norris, Curtis Jackson, Radha Mitchell, Ryan O’Nan, Katherine LaNasa, Kevin Dunn, Jodi Lyn O’Keefe…
Genre : Thriller/Histoire vraie
Date de sortie : 30 septembre 2013 (DTV)

Le Pitch :
Robert Hansen est un homme comme les autres. Aux yeux de ses proches en tout cas, qui le respectent et ne se doutent pas un seul instant que ce parfait citoyen aime kidnapper de jeunes filles pour les violer et ensuite les abattre. Néanmoins, le jour où un inspecteur tenace remonte la trace d’Hansen, à la suite de l’évasion de l’une de ses victimes, ce dernier se voit menacé…

La Critique :
Au début des années 80, en Alaska, un type kidnappait de jeunes femmes, souvent des prostitués, pour les chasser comme du gibier en pleine forêt. Parfois, on retrouvait les corps à moitié dévorés par les animaux sauvages, parfois non. Telle est l’histoire de The Frozen Ground, alias Suspect chez nous, qui déboule directement en vidéo malgré un trio d’acteurs de premier choix.

Intermède :
Vous n’avez pas pu passer à côté : souvent, les titres des films étrangers sont rebaptisés sans la moindre once de bons sens, d’originalité, ou même tout simplement, de bon goût. On imagine aisément les décideurs s’asseoir autour d’une table pour décider du titre de tel ou tel film. Dans leurs mains, The Frozen Ground, le nouveau Nic Cage. « Hey les mecs, pourquoi se faire chier à se décarcasser pour trouver un bon titre ? C’est l’évidence même. Un flic suspecte un mec tout le film, alors que personne ne le suspecte. Vous pigez ? Suspect ! C’est le mot clé de toute cette histoire ! On a qu’à l’appeler Suspect ! Et puis c’est cool parce que ça rappelle un peu les téléfilms d’Hollywood Night diffusés le samedi soir dans les années 90 sur TF1. »

Non pas que Suspect mérite qu’on se prenne la tête trois heures. Autant le dire tout de suite, nous n’avons pas affaire à un summum du thriller, mais plutôt à un petit trip policier plutôt honnête, assez mal fagoté certes, mais pas non plus pourrave au point de le balancer aux chiottes sans autre forme de procès. Alors pourquoi ne pas avoir conservé le titre original, comme c’est parfois le cas ? Fin de l’intermède.

Cela dit, penchons-nous sur cette illustration d’un fait divers. Le genre de film qui, si il n’était pas tiré d’une histoire vraie, apparaîtrait vraiment tiré par les cheveux. Mais bon, apparemment, tout est authentique. On nous le dit au début et à la fin, quand on nous balance les photos des victimes en guise de générique. C’est alors du côté de la réalisation et du scénario de Scott Walker que ça coince. Le traitement est bancal, pas de doute là-dessus. Mou aussi, au point de se demander si quelque chose va venir booster cette enquête trop linéaire. Mais non, rien ne vient. Jusqu’au bout on suit ce flic obstiné, à la poursuite d’un type que lui seul suspecte. Un tueur de sang froid, adepte de chasse, incarné par un John Cusack décidément pas super à l’aise dans la peau de psychopathes aux yeux écarquillés (rappelez-vous Paperboy). Pourquoi Cusack, autrefois si inspiré, se sent désormais obligé d’en faire des caisses à tout bout de champ ? Personne ne se doute que son personnage est un fou furieux mais nous, on se demande vraiment pourquoi. En effet, si le scénario dévoile d’emblée qu’il est bien coupable, il ne fait rien -et Cusack non plus- pour conférer à cet homme dérangé ce côté Monsieur tout le monde qui le met à l’abri des accusations. C’est tout de même dommage car du coup, la machine tourne un peu à vide. Idem pour la victime en chef, incarnée avec une démesure un peu too much par Vanessa Hudgens. La pauvre personnifie de nombreux clichés et jamais on ne croit vraiment à sa volonté de s’en sortir, tant elle tente tout pour retomber dans les griffes du grand méchant loup.
Au milieu de ce petit bordel pas si organisé que ça, Nicolas Cage cachetonne. Toujours investi, il fait de son mieux mais doit composer avec un rôle effacé qui lui interdit ces fameuses explosions psychotiques qui ont contribué à bâtir sa légende. Grâce à lui néanmoins (et là je parle aux fans), Suspect se laisse regarder tranquillement. Grâce à Dean Norris (Hank dans Breaking Bad) et à Kevin Dunn aussi, deux acteurs très fréquentables qui ne font rien de particulier mais qui tendent à rendre l’environnement propice à l’indulgence. Il y a 50 Cents aussi (il est aussi producteur exécutif). Et Radha Mitchell. Bref, du beau monde. Dans le froid de l’Alaska, chacun travaille à rendre ce téléfilm intéressant. Et parfois, ils y parviennent. Parfois…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Seven 7