Artcurial : Tableaux anciens.

Par Richard Le Menn

Le 4 octobre 2013, Artcurial présente une belle vente de tableaux et dessins anciens, avec notamment les peintures présentées ici.

Photographie du dessus : « École française du XIXe siècle. Dans le goût de François Boucher. La toilette de Vénus. Huile sur toile. Sans cadre. Hauteur : 96 Largeur : 78 cm. Commentaire : La composition est celle de 'La Toilette de Vénus' de François Boucher datée de 1743 et conservée dans une collection particulière à New York ; une seconde version se trouve aujourd'hui au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. » © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.

Photographies du dessous : « École française vers 1780. Entourage de Michel Garnier. Jeune femme à sa toilette. Huile sur toile. Hauteur : 68 Largeur : 51 cm. » © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.

Photographies du dessous : À gauche - « École florentine vers 1600. Suiveur d'Alessandro Allori
Portrait d'Eleonora de Medicis. Huile sur toile. Hauteur : 61 Largeur : 51 cm ». © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.
À droite - « École d'Italie du Nord du XVIIIe siècle. Portrait d'une dame de qualité tenant une rose. Huile sur toile de forme ovale, porte une signature 'JM Nattier' à droite, porte une étiquette avec l'inscription 'Mongeaud' au verso. Dans son cadre d'origine en bois doré et sculpté, travail méridionnal du XVIIIe siècle. Hauteur : 86 Largeur : 71 cm ». © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.

Photographie de gauche : « École française du début du XVIIe siècle. Atelier d'Ambroise Dubois La Charité. Huile sur toile (diminuée) (Restaurations anciennes). Hauteur : 117 Largeur : 77 cm. Commentaire : Notre composition est à mettre en rapport avec une représentation de Flore par Ambroise Dubois aujourd'hui conservée au musée national du château de Fontainebleau. » © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.
Photographie de droite : « Louis de Boullogne le Jeune Paris, 1654 - 1733. Vénus, l'Hymen et les amours jouant avec un cygne. Huile sur toile (Toile agrandie d'une bande de 5,50 cm à gauche et de 3,50 cm à droite). Sans cadre. Hauteur : 36 Largeur : 45,50 cm. Provenance : Collection particulière du Sud de la France. Commentaire : Le Trianon de Marbre ou Grand Trianon fut construit par Jules Hardouin-Mansart dans les jardins de Versailles en 1687. Il tient son nom de son décor extérieur de marbre rose. Inauguré en 1688, il devint la résidence privée de Louis XIV et de Madame de Maintenon. Son décor intérieur, et notamment la commande des peintures destinées à orner les différentes pièces, constitue l'un des derniers chantiers du règne de Louis XIV. Il se déroula en plusieurs étapes. La décoration de l'aile droite fut commandée en 1688 et dès 1689 étaient placées vingt-sept compositions mythologiques dues aux pinceaux de François Verdier, Gabriel Blanchard, Bon et Louis de Boullogne, René-Antoine Houasse, Charles de La Fosse, Jean Jouvenet, Michel Corneille et Noël Coypel. Des commandes complémentaires ainsi que des modifications de l'emplacement des œuvres suivront, principalement entre 1695 et 1714. Des paysages de Jean Cotelle, Jean-Baptiste Marin et Etienne Allegrain ainsi que des compositions florales par Jean-Baptiste Blin de Fontenay et Antoine Monnoyer vinrent compléter cet ensemble.
Le décor de Trianon fut souvent considéré comme annonciateur d'une évolution dans l'histoire de la peinture française : elle marque entre autres le retour à la peinture de chevalet, intégrée dans des boiseries, par opposition aux vastes compositions murales et plafonnantes du Grand Appartement du Roi. Si les peintres sont en grande partie des élèves de Le Brun ayant déjà participé à la décoration de Versailles, les compositions mythologiques qu'ils réalisent pour Trianon présentent une certaine inflexion vers un style gracieux et doux au coloris clair, qui laisse présager les charmantes scènes galantes et mythologiques du XVIIIe siècle.
Cette transition est visible au sein des compositions de Louis II de Boullogne, dont nous présentons ici un modello inédit pour Vénus, L'Hymen et des putti. Le tableau final (fig. 1) et son pendant Vénus et Adonis étaient placés en dessus de porte dans l'antichambre des Jeux de Trianon et appartiennent à la première commande de 1688 (1). Allongée au bord d'un plan d'eau, Vénus se repose entourée de son fils Hymen, qui tient le flambeau nuptial, et d'amours jouant. Notre esquisse, qui date très certainement de 1688, est l'un des rares témoignages des travaux préparatoires à ce décor. Elle présente quelques différences avec la composition finale : l'un des deux putti voletant au-dessus de Vénus sera finalement caché à l'ombre d'un arbre et les trois putti jouant à l'arc au second plan ont disparu. Ils seront remplacés par trois putti se baignant à l'arrière-plan.
Cette charmante composition témoigne du goût affirmé de Louis de Boullogne pour la peinture bolonaise et notamment les délicates pastorales mythologiques de l'Albane, qu'il avait pu admirer tant lors de son séjour en Italie entre 1676 et 1680 que dans les collections royales (2). Le raffinement de cette composition et le modelé délicat des figures constituent une véritable étape entre l'art " masculin " d'un Charles Le Brun et la sensualité des Boucher et Fragonard du XVIIIe siècle.
1. Voir Antoine Schnapper, Tableaux pour le Trianon de marbre, Mouton, 1967 (réed. Paris, 2010)
2. Louis XIV avait notamment acquis quatre tableaux de l'Histoire de Vénus de la collection du duc de Mantoue en 1685 (Paris, Musée du Louvre). © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013. » © Catalogue Artcurial de la vente du 4 octobre 2013.