[Critique] INSIDIOUS : CHAPITRE 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Insidious Chapter 2

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : James Wan
Distribution : Rose Byrne, Patrick Wilson, Barbara Hershey, Leigh Whannell, Angus Sampson, Steve Coulter, Ty Simpkins, Lin Shaye, Jocelin Donahue, Lindsay Seim, Danielle Bisutti, Michael Beach, Kimberly Ables Jindra…
Genre : Épouvante/Horreur/Suite/Saga

Le Pitch :
Après les terribles événements qui ont failli coûter la vie à leur fils auné, les Lambert tentent de reprendre le cours de leur existence. Cependant, les esprits ne semblent pas vouloir les laisser en paix. Rapidement, Renai Lambert se méfie de son mari, qui adopte des attitudes étranges, tandis que des phénomènes paranormaux se produisent dans la maison…

La Critique :
À peine plus d’un mois après Conjuring, le réalisateur James Wan squatte à nouveau les écrans avec un nouveau film d’épouvante qui n’est autre que la suite tant attendue de son très remarqué (et très rentable) Insidious. Une suite qui arrive de manière fort logique tant le premier volet laissait la porte ouverte à une continuation directe, placée sous le signe de l’exploration du thème de la projection astrale. Et c’est effectivement le cas. Insidious : Chapitre 2 creuse dans cette direction, sans pour autant laisser de côté les effets de manches propres aux maisons hantés et autres manifestations d’esprits frappeurs mécontents.

Retour chez les Lambert, de suite après les événements relatés dans le premier film. Le calme est revenu, mais des questions persistent. Du moins pour Renai, le personnage incarné par Rose Byrne, qui a du mal à faire confiance à son mari, lui qui s’était auparavant aventuré au royaume des morts pour ramener leur fiston. Quelque chose, ou plutôt quelqu’un, semble avoir fait le voyage avec lui… Le piano joue tout seul, les objets bougent, Dalton, le gamin directement visé dans le premier long-métrage, fait des cauchemars, etc… En bref, c’est le bordel. Avec la maestria qui caractérise son cinéma, James Wan renoue avec les codes du premier Insidious et ne peine pas le moins du monde à poser la même ambiance dès les premières images. Sa réalisation est fluide et immersive. Grâce à son goût sans faille et à son sens du cadre, il prend toujours le spectateur par la main pour l’amener où il veut. Le truc qui cloche, c’est que ce coup-ci, lui-même ne semble pas trop savoir où il va. À l’image de Josh, le père de famille, perdu dans les limbes du monde des ténèbres, James Wan avance à tâtons, au fil d’un scénario nébuleux et bancal.

Disons-le tout net : Insidious 2 n’est pas à la hauteur de son prédécesseur. Là où Insidious parvenait à instaurer une vraie peur prégnante, en jouant habilement sur des codes et des références connus sans trop se disperser, le chapitre 2 s’éparpille. D’un côté les Lambert sont en proie à un esprit démoniaque aux intentions louches et de l’autre, la mère de Josh (incarnée par l’excellente Barbara Hershey) et les deux chasseurs de fantômes du premier volet, mènent une enquête qui à priori, n’a rien à voir avec la choucroute. L’occasion pour le scénario de rameuter d’autres influences, pas toujours très heureuses. On fait donc la connaissance d’un ersatz de Norman Bates, forcé par sa mère de tuer des femmes tout en se travestissant (!!!), tandis que la narration se brouille dans une série d’aller-retour dans le passé, rappelant un peu les interventions de Marty dans les deux premiers Retour vers le Futur. Étrange vous avez dit étrange ? Comme c’est étrange… Insidious 2 emprunte des voies sablonneuses et s’enlise immanquablement quand il s’agit de raccrocher correctement les wagons.
Mais la peur est bien là. Pas aussi souvent qu’avant, car l’effet de surprise n’y est plus, mais quand même, le film offre largement de quoi se faire pipi dessus si on se met dans l’ambiance. On le répète, James Wan est un bon. Actuellement, il règne sur le genre et même en petite forme, comme ici, il gère suffisamment pour coller le frisson. Au point même que son épouvante arrive à survivre à des assauts comiques, parfois involontaires, aussi inexplicables que les événements que le film illustre. Le ton, voulu sombre et angoissant, en prend un petit coup dans l’aile, car parfois, il est difficile de ne pas pouffer. Et immanquablement, ces rires jettent un froid car théoriquement, ils n’ont rien à faire ici.

Mais là où on voit que Wan est balèze, c’est qu’il passe au-dessus de tout ces défauts et autres ratés. Il continue vaille que vaille sans se départir d’une gouaille farouche et fameuse. Constellé de scènes troublantes, son Insidious 2 arrive globalement à s’insérer dans la mythologie créée par le premier volet. En forçant un peu, ça passe. Avec de l’indulgence aussi. Insidious 2 est à l’image de beaucoup de suite de classiques. Il cherche trop à étoffer son propos et au final se gâche dans des explications pseudo-convaincantes, quand elles ne sont pas complètement aux fraises.
Toutes les bonnes idées, nombreuses, ne trouvent pas une illustration convaincante à l’écran et comme signalé plus haut, certaines références sont grossières. Celle à Shining est un bon exemple. Pour l’originalité on repassera et ce malgré la très bonne performance de Patrick Wilson, plus ambigu et celle, toujours toute en nuances et en sensibilité de la formidable Rose Byrne. Des comédiens qui ne baissent pas les armes et qui contribuent à ce que l’on retrouve instantanément nos marques.

Armé d’une bonne volonté louable, James Wan livre une suite en deçà du modèle du genre qu’était le premier épisode. Sans être déshonorante, cette séquelle tire un peu trop sur la corde. Surtout si on prend en compte qu’elle arrive après Conjuring, à savoir le meilleur film d’épouvante de l’année. James Wan a affirmé vouloir changer de registre, après plusieurs films de fantômes. On peut le comprendre et d’une certaine façon, Insidious 2 illustre cet épuisement. À l’heure de la publication de cet article, il met en scène le septième volet de la saga routière Fast & Furious. Plus de fantômes, mais de grosses bagnoles et des types baraqués prêts à se foutre sur la tronche. Peu de chance alors que Wan reviennent chez les Lambert pour un troisième Insidious. Et de toute façon, la fin du film est très claire à ce sujet : Insidious 3 devrait voir le jour. Sans Wan cependant, c’est quasiment sûr. Raison de plus pour considérer son dernier frisson en date avant tout pour ses nombreuses qualités, plutôt que pour ses défauts.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Sony Pictures