Les portraits baroques de Philippe Ordioni

Par Thierry Gil @daubagnealalune

Rencontre avec un photographe peu ordinaire inspiré par le 7ème art

Captivante. Voilà sans doute le terme le plus approprié pour désigner cette série de « Portraits Baroques » réalisée en noir et blanc par le photographe aubagnais Philippe Ordioni. Captivante, sombre et onirique. Inspirée par des univers fantastiques comme le Voyage sur la Lune de Georges Méliès, Blade Runner de Ridley Scott, THX 1138 de Georges Lucas, Delicatessen de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet et… par le sourire de Buster Keaton, elle met en scène des personnages androgynes qui évoquent l’enfermement psychique ou physique et nous interrogent sur notre rapport à l’étrange et plus généralement sur notre regard face à l’autre et à ses différences. Réalisés avec la complicité de sa fille Claire pour le maquillage et la préparation des modèles, ces compositions qui ont nécessité deux années de travail lui valent aujourd’hui la reconnaissance du public et des professionnels de l’image. Médaille d’or en mars 2013 du salon international de Reidisheim qui avait comme invité d’honneur le photographe Bernard Plossu, Philippe Ordioni a remporté il y a quelques semaines avec cette même série le Grand Prix du salon photographique de Chabreuil. Plus récemment c’est le magazine Photo Reflex qui consacrait un bel article à ces portraits baroques ne manquant pas de souligner à la fois la maîtrise technique et le sens de la narration de l’auteur.

Comment t´est venu l’idée de réaliser ces portraits baroques ?

Avec Claire nous avions en tête de réaliser un court-métrage. Nous avions commencé à écrire un scénario et puis cela ne s’est pas fait. C’est alors que j’ai eu l’idée de travailler sur ces personnages. Ce qui m’intéresse dans ces portraits, c’est le décalage entre l’univers onirique des compositions et ce second degré, cet humour grinçant, qui permet à chacun d’imaginer une histoire.

Comment se déroule une séance de prise de vues ?

Chaque fois qu’un modèle devait venir, nous réfléchissions au personnage qui lui conviendrait le mieux. Nous procédions alors à des essayages pour que le personnage colle parfaitement au modèle. C’est important de connaître le modèle et que celui-ci connaisse notre univers pour être en confiance. On pouvait créer avec lui plusieurs personnages mais nous prenions toujours le temps afin qu’il glisse petit à petit dans chaque personnage. Puis vient le temps du maquillage et la prise de vues qui peut durer de une à deux heures.

Il y a chez toi un véritable sens de la mise en scène…

Avec Claire nous avons passé beaucoup de temps à faire les vide-greniers pour dénicher toutes sortes d’accessoires et des vêtements dans les tons blancs écrus. Nous avons accordé beaucoup d’importance au stylisme pour créer à chaque fois une atmosphère différente. J’avais en tête des scènes, des personnages et des attitudes.

Y aura t-il une suite à ces portraits baroques ?

Oui, elle s’appellera « Barocco ». Les personnages évoluent, ils ont une baroque attitude qui s’affirme avec sensualité. Il se dégageait de la première série une espèce de romantisme sombre accentué par le traitement noir et blanc de l’image. La couleur fait discrètement son apparition dans la nouvelle série.

Propos recueillis par Thierry Gil

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